« Pour la quatrième année, le Japon en tête des pays donateurs ». C'est en ces termes élogieux que la presse japonaise a accueilli la publication des chiffres de l'aide publique au développement (aide publique au développement) en 1994. ( Les données exactes concernant l'aide publique au développement sont connues avec retard : ainsi, l'Etat du monde 1997 ne donne que les chiffres de 1994. Cela explique la datation des données de cette fiche. ) Le Japon est en effet depuis le début des années 90 le premier contributeur mondial à l'aide publique au développement en volume. En 1994, le total de l'aide publique au développement fut de 13,24 milliards de $, loin devant les Etats-Unis, au deuxième rang mondial avec 9,93 milliards de $, et de la France, troisième avec 8,47 milliards de $ (voir tableau en annexe pour l'ensemble des pays). Il faut cependant nuancer ces chiffres apparemment dignes de la plus haute considération. En effet, le Japon, en pourcentage du PIB, est loin d'être au premier rang mondial, avec un ratio de 0,29% : il est alors loin derrière les pays scandinaves (qui dépassent parfois la barre des 1%) ou encore de la France (0,64%).
On conçoit dès lors que l'aide publique au développement japonais doit faire l'objet d'une évaluation critique, sans tomber dans des excès parfois regrettables : d'une part, l'aide du Japon répond à des impératifs stratégiques évidents ; d'autre part, il ne faut pas non plus faire preuve d'un cynisme trop fort. L'étude de l'aide publique au développement japonaise peut être l'occasion de cerner une évolution remarquable quant à ses modalités. Si, d'une part, l'aide publique au développement japonaise est partie essentielle de la stratégie internationale du Japon, faisant de ce dernier le premier contributeur mondial en volume et, d'autre part, les incidences économiques et diplomatiques sont considérables, il faut aussi noter l'évolution sensible des modalités de celle-ci, tant à cause de l'évolution des relations internationales que de l'opinion publique nippone.
[...] mais qui doit désormais s'adapter et se rénover Il s'agit d'une part pour l'aide publique au développement de se rénover et, d'autre part, de s'internationaliser. A. Se rénover face aux attentes de l'opinion publique japonaise Les critiques se sont, au cours des années 90, multipliées pour dénoncer certains travers de la politique de coopération japonaise. Plusieurs affaires ont ainsi mis en lumière les ententes illicites entre entreprises portant sur la fourniture de matériel à la JICA (Japan International Cooperation Agency), qui gère une grande partie des fonds. [...]
[...] En effet, le Japon, en pourcentage du PIB, est loin d'être au premier rang mondial, avec un ratio de 0,29% : il est alors loin derrière les pays scandinaves (qui dépassent parfois la barre des ou encore de la France On conçoit dès lors que l'aide publique au développement japonaise doit faire l'objet d'une évaluation critique, sans tomber dans des excès parfois regrettables : d'une part, l'aide du Japon répond à des impératifs stratégiques évidents ; d'autre part, il ne faut pas non plus faire preuve d'un cynisme trop fort. L'étude de l'aide publique au développement japonaise peut être l'occasion de cerner une évolution remarquable quant à ses modalités. Si, d'une part, l'aide publique au développement japonaise est partie essentielle de la stratégie internationale du Japon, faisant de ce dernier le premier contributeur mondial en volume et, d'autre part, les incidences économiques et diplomatiques sont considérables, il faut aussi noter l'évolution sensible des modalités de celle-ci, tant à cause de l'évolution des relations internationales que de l'opinion publique nippone. [...]
[...] Les Japonais ont pu cependant obtenir une égalité de vote avec les Etats-Unis au sein de la Banque asiatique du développement, organisme qui n'a connu que des directeurs japonais. On le constate, l'émergence d'un pouvoir japonais au sein des organisations internationales n'est effectif que dans celles à vocation asiatique. Reste donc au pouvoir japonais la possibilité de s'investir dans des projets de développement extra-asiatiques. On ne peut ne pas citer le projet fou de la ceinture verte au Sahel, dont le coût est estimé aujourd'hui à 10 milliards de $ ! [...]
[...] Les structures sont également en cours de rénovation. On a ainsi annoncé la fusion du Fonds de coopération économique d'outre-mer (OECF) et de la Banque d'export-import du Japon (Exim Bank) : une meilleure coordination devrait en résulter, tout en donnant naissance à l'une des plus importantes institutions financières du monde. B. S'adapter aux conditions internationales : le défi de l'internationalisation On l'a montré, l'essentiel de l'aide japonaise se concentre sur l'Asie. Si le Japon a intérêt au développement d'une nouvelle sphère de coprospérité, l'élargissement des destinataires de son aide paraît être une solution à la volonté d'avoir un rôle au sein de la communauté internationale, sans toutefois être taxé de néo-impérialisme. [...]
[...] Les Chinois y verraient une véritable provocation, d'autant plus qu'ils ne manquent pas une occasion de rappeler au Japon que son aide n'est que la juste compensation des dommages de guerre. L'échec japonais face aux Russes dans l'affaire des Iles Kouriles a appris aux diplomates nippons que la puissance économique ne se transpose pas directement au plan politique. Il ne s'agit pas non plus ici de nier l'effet potentiel en matière diplomatique, mais d'en montrer les limites. En ce sens on peut bien parler d'effet relatif : l'aide publique au développement influe sur les rapports de force mais ne les détermine pas. [...]
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