Le 28 avril 2010, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, déclarait à propos des agences de notation : « Il ne faut pas trop croire ce qu'elles disent, même si elles ont leur utilité ».
Le rôle de l'information sur les marchés financiers est prépondérant, la détermination de la solvabilité d'un emprunteur est un élément capital de l'activité de tout prêteur. La circulation de l'information n'étant pas parfaite, il y a des situations d'asymétrie d'information entre émetteurs et créanciers sur les marchés financiers, notamment sur le marché obligataire. Aussi, le renseignement financier, ancêtre de la notation financière, s'est développé en parallèle de ces marchés. Dans une économie ayant connu une globalisation financière, où la masse de capitaux circulant librement a cru de manière extrêmement importante, l'information financière a donc une fonction cruciale. La dette joue un rôle essentiel dans le financement de l'économie, les marchés obligataires se sont ainsi fortement développés dans la seconde partie du 20ème siècle, accentuant le besoin d'informations. Parmi les métiers de l'information financière, les agences de notation jouent un rôle important et ont une fonction de collecte, production et diffusion de l'information, censée fluidifier les marchés financiers et assurer la discipline de marché. Pourtant, depuis la crise financière de 1997 et le scandale Enron de 2001, les agences de notation essuient de nombreux reproches, et sont sous le feu des critiques depuis quelques années avec leur rôle dans la crise des subprimes ainsi que leur comportement concernant les dettes souveraines.
Ainsi, à partir de leur rôle dans la discipline de marché, nous pouvons nous demander si les agences de notation assurent efficacement leur tâche dans l'information financière, notamment si elles sont capables de prévenir les investisseurs à l'approche des crises.
Pour cela dans une première partie nous allons nous concentrer sur la description du fonctionnement des agences de notation afin de saisir les enjeux de leur rôle, ensuite nous analyserons les problèmes liés au marché de la notation, et dans un dernier temps nous étudierons les solutions qui sont envisagées afin d'améliorer le marché de la notation (...)
[...] Ainsi, dès 1995, Cantor et Packer13 soulignaient que Duff & Phelps et Fitch (les deux principales agences tentant de concurrencer le duopole à la fin des années 90) attribuaient en moyenne des ratings supérieurs à ceux de Moody's et Standard & Poor's. Etant donné que les petites agences n'avaient pas la crédibilité des 2 agences globales de l'époque, elles avaient une tendance à la surnotation afin de pouvoir gagner des parts de marché. La décennie 2000 ayant permis une véritable prise de conscience de ce problème, plusieurs études ont été consacrées à cette pratique du credit rating shopping Cantor R. et Packer F. [...]
[...] C'est assez paradoxal dans la mesure où nous avons constaté que ce sont les régulateurs qui avaient renforcé l'hégémonie des agences et la tendance naturelle à la concentration sur ce marché. Toutefois, avec la prise de conscience du pouvoir des agences de notation et les pratiques abusives sur lesquelles cela débouche, il y a depuis une volonté de modifier la structure du marché de la notation même si, bien entendu, la concurrence ne se décrète pas. Ainsi, selon Hörner29 (2002), une plus forte compétition sur le marché de la notation améliorerait le mécanisme de réputation puisque les agences auraient alors intérêt à être le plus fiable possible pour maintenir leurs parts de marché, conduisant alors à une meilleure qualité des ratings. [...]
[...] Donc les agences de notation ont une influence directe sur le financement de l'entreprise, en ayant une influence sur ses spreads au niveau du marché obligataire mais également en ayant une influence forte à court et moyen terme sur sa capitalisation. Cela ne fait que renforcer les effets procycliques des agences de notation. Enfin, il existe plusieurs études sur les impacts de la notation sur les produits structurés, par exemple Ammer et Clinton27 (2004) ont démontré que les effets des downgrades sur les primes de risques sont plus conséquents que les effets des upgrades. Cette procyclicité a été illustrée récemment avec la crise des subprimes, lorsque les agences se sont aperçues du manque de 25 Iankova E., Pochon F. [...]
[...] (2001), The paradox of credit ratings University of Sand Diego School, law and economics research working paper. Raimbourg P. (1990), Les agences de rating Economica. Skreta V. et Veldkamp L. (2009), Ratings shopping and asset complexity : a theory of ratings inflation NBER working paper. Stolper A. [...]
[...] et Teïletche J. (2006), L'impact des décisions d'agence : une comparaison du cas des actions françaises avec l'expérience internationale IXIS CIB Service de recherche et AMF, L'impact de la notation Goh J.C. et Ederington L.H. (1993), Is a bond rating downgrade bas news, good news, or no news for stockholders ? Journal of Finance, vol Ammer J. et Clinton N. (2004), Good news is no news ? [...]
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