En 2003, l'Allemagne, longtemps leader de l'économie européenne, apparaissait comme la lanterne rouge de la zone euro. Au point que certains l'on qualifiait « d'homme malade de l'Europe » (The Economist 1999). De 1995 à 2003, elle a, en effet, enregistré le taux de croissance le plus faible de l'UE (avec seulement 1.3% en moyenne annuelle, un chômage record (4.4 millions de chômeurs en juin 2003), un déficit public transgressant toutes les règles du PSC (de -3.4%), et une dette publique dépassant les 60%. Entre 2000 et 2003, et pour la première fois depuis la guerre, l'Allemagne a même connu 3 années consécutives de stagnation de la production.
Face à ces chiffres qui donnent la mesure des contre performances allemandes depuis 10 ans, il est intéressant de porter un regard comparatif et explicatif sur les écarts de croissance entre l'Allemagne et la France, d'autant que ces deux pays ont beaucoup en commun sur le plan économique, chacun étant pour l'autre le principal partenaire commercial.
En revanche, et depuis plusieurs années, la performance de l'Allemagne à l'exportation a été bien meilleure que celle de la France (et celle de l'ensemble de l'OCDE). Cette performance s'explique, nous le verrons, par l'amélioration accrue de la compétitivité prix de l'Allemagne. Peut-on pour autant parler d'un retour de bonnes performances économiques alors que la demande intérieure est très faible et que la croissance du PIB tourne cette année encore autour de 2%?
A ce propos, il est d'ailleurs important de rectifier un peu le sujet ou plutôt de l'actualiser. En effet, depuis 2006 l'augmentation du PIB allemand est un peu supérieure à celui de la France (comme on peut le voir sur le graphe). Pour rappel : la croissance française revue à la baisse par l'INSEE est estimée à 1.8% pour l'ensemble de l'année 2007. La croissance allemande, révisée également à la baisse il y a quelques semaines, sera de 2% pour la même année.
Comment expliquer ces contres performances enregistrées par l'Allemagne à partir du milieu des 90's (et, comme en miroir, quelles sont les raisons des meilleurs résultats de la croissance française à la même époque ?).
[...] Or c'est une voie de sortie par le bas, d'autres modalités de conquêtes de marché sont possibles (hausse de la productivité par exemple). Cette sortie par le haut (conforme à la Stratégie de Lisbonne) suppose le financement par l'Etat de la R et D Les enseignements qu'on peut tirer des réformes menées par l'Allemagne sont donc relativement ambigus. Les résultats sont certes excellents en terme de commerce extérieur mais extrêmement décevants du point de vue de la croissance. On peut donc se demander si l'Allemagne ne serait pas victime de la dangereuse illusion de la compétitivité (KRUGMAN). [...]
[...] Cet écart est certes pour partie imputable à une croissance potentielle allemande plus faible, mais elle renvoie surtout à une moindre croissance de la demande. Alors que la croissance de la demande en France à la même époque était forte, en raison d'un La thèse du comblement d'un outgap privilégiée. L'output gap mesure l'écart de l'activité à constitue, au début d'une phase de reprise une me son niveau potentiel. Un output gap nul est en principe associé à une inflation stable. [...]
[...] Cela montre que l'Allemagne a privilégié la compétitivité prix au détriment de sa croissance et de la demande intérieure. La courbe de la croissance allemande suit ainsi celle de la demande intérieure (or la demande a contribué négativement à la croissance en 2003, par exemple - 0.1 Or cette stratégie allemande s'apparente à celle un cavalier seul qui peut rappeler la désinflation compétitive : le social remplaçant aujourd'hui le taux de change comme arme concurrentielle. L'Allemagne est entrée dans un processus non coopératif vis-à-vis des autres pays de la zone euro. [...]
[...] Pour conclure cette sous partie, on peut dire que la bonne performance de la France vis-à-vis de l'Allemagne, et donc leur différentiel de croissance, peut s'expliquer par une demande plus soutenue côté français, on peut s'interroger (puisque c'est le thème de cette séance) si elle ne trouve pas aussi son explication en vertu d'une croissance potentielle plus élevée (pour faire écho au premier exposé) : c'est l'objet de notre deuxième point. Une meilleure croissance potentielle française ? Une croissance potentielle peu différente. La croissance potentielle de l'économie française définie comme le rythme de croissance compatible avec une inflation stable- a été rehaussée au cours de la seconde moitié des années 1990 passant de 2 à par an. A la différence de celle de l'Allemagne. [...]
[...] En 2000, après trois années de croissance forte, l'économie a vraisemblablement comblé son retard de demande qu'elle avait accumulé au cours des années 1990. La capacité de l'économie française à croître de manière soutenue au cours des prochaines années dépendra donc, pour l'essentiel, de son potentiel d'offre. Transition : l'une des raisons du différentiel de croissance France/Allemagne est donc à chercher du côté français, c'est-à-dire liée aux bonnes performances conjoncturelles de l'économie française. Est-ce pour autant l'unique raison ? La reprise française n'a commencé qu'en 1997-1998 or, on le voit sur le graphique, la croissance française est plus forte que celle de l'Allemagne depuis 1995, on peut donc se demander si le pourquoi de cet écart de croissance n'est pas aussi à chercher du côté de l'Allemagne, c'est-à-dire lié aux faibles performances de l'économie allemande jusqu'en 2006. [...]
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