L'environnement économique et commercial s'est transformé, les échanges se multiplient et les règles qui les encadrent ont évolué. Dans ces conditions, le rôle de l'agriculture dans le processus de développement des pays du Sud est contesté. La transition agricole est une raison nécessaire mais non suffisante au développement économique et à la croissance soutenue des pays du Sud. Cela vient relativiser les travaux d'Arthur Lewis à l'origine de la théorie du surplus pour laquelle la transition économique s'explique par un flux continu de ressources de l'agriculture vers l'industrie. Le processus de transition doit être accompagné d'un développement des autres secteurs grâce à l'accumulation du capital, l'investissement en capital humain et les politiques agricoles publiques.
Aujourd'hui, l'agriculture ne représente plus que 23% du PIB dans les pays à bas revenus, 10% dans les pays intermédiaires et 2% dans les pays à hauts revenus. La part des agriculteurs dans la population active ne dépasse 30% que dans les pays à bas revenus.
[...] La théorie du surplus : le réservoir de main-d'œuvre agricole comme carburant de la croissance économique 1. Les fondements de la théorie Cette théorie se fonde sur les travaux d'Arthur Lewis (1954) inspirés par l'économie politique classique. A long terme, l'accumulation de capital dépend de la part de profit par rapport au salaire et à la rente foncière. Quand cette part augmente, l'accumulation s'accélère et le pays se développe. Le secteur agricole traditionnel de subsistance dispose d'un excédant structurel de main-d'œuvre et coexiste avec un secteur moderne capitaliste en gestation. [...]
[...] - pour certains pays asiatiques (Taiwan, Corée du Sud, Thaïlande) et d'autres pays à croissance rapide (Irlande, Portugal, Tunisie), la croissance économique fait intervenir d'autres ressorts, car elle est sensiblement plus élevée que celle qui correspond au processus de transition agricole : ces pays ont mis en place des réformes agraires (Taiwan et Corée du Sud) et la prédominance est à l'agriculture familiale ; - pour le groupe central qui comprend la Chine et l'Inde, la transition agricole rend assez fidèlement compte du processus de croissance, et on ne décèle pas l'impact d'autres ressorts ; - pour un dernier groupe de pays, la transition agricole a été réalisée, mais le processus de croissance a été freiné par d'autres facteurs. C'est le cas de certains pays émergents (Turquie, Indonésie, Maroc) qui ont connu des décennies de croissance instable et des crises, et de la plupart des pays d'Afrique subsaharienne (Ouganda, Nigeria, Ghana, Côte d'Ivoire) où le processus de croissance industrielle a été bloqué (prolifération du secteur informel, détournement des surplus du secteur agricole vers l'étranger ou vers des secteurs non productifs). [...]
[...] Dans ces conditions, le rôle de l'agriculture dans le processus de développement des pays du Sud est contesté. La transition agricole est une raison nécessaire mais non suffisante au développement économique et à la croissance soutenue des pays du Sud. Cela vient relativiser les travaux d'Arthur Lewis à l'origine de la théorie du surplus pour laquelle la transition économique s'explique par un flux continu de ressources de l'agriculture vers l'industrie. Le processus de transition doit être accompagné d'un développement des autres secteurs grâce à l'accumulation du capital, l'investissement en capital humain et les politiques agricoles publiques. [...]
[...] Ces politiques ont bâti leurs appareils industriels, mais ont plongé leurs agricultures dans des crises économiques et sociales profondes. Une transition réussie suppose donc un flux continu, mais non excessif, de ressources de l'agriculture vers l'industrie. Pour pérenniser ce flux, les économistes classiques proposent l'abolition des protections aux frontières des produits agricoles, permettant grâce à la baisse des prix agricoles, la réduction du salaire de subsistance et de la rente foncière, et accélérant le transfert de revenu vers les secteurs industriels. [...]
[...] III) Le rôle des politiques publiques dans le déclin relatif du secteur agricole La croissance économique est assez fortement liée au rythme de la transition agricole, et donc aux politiques agricoles. Entre 1970 et 2000, la plupart des pays du Nord comme du Sud ont accompli une transition agricole considérable, et on constate que cette transition agricole est assez bien corrélée avec les processus de croissance d'ensemble, même dans les pays où le poids de l'agriculture est modeste. Ceci conforte le schéma de Rybczynski (où les transitions sont liées aux processus d'accumulation de capital) plutôt que celui de Lewis (où les transitions sont liées au transfert de main-d'œuvre agricole) : les transitions agricoles semblent un bon révélateur du processus de croissance d'ensemble, indépendamment de la taille même du secteur agricole. [...]
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