L'investissement est, dans les modèles macroéconomiques les plus simples, la seconde grande composante de la demande globale à côté de la consommation. Nous l'avons considéré jusqu'ici comme une grandeur autonome, indépendante du niveau du revenu global, Y. Il convient maintenant de rechercher les facteurs qui le déterminent.
D'une manière générale, la notion d'investissement recouvre deux significations différentes
- Elle concerne d'une part les achats d'actifs financiers: actions, obligations et titres de tous genres, autrement dit les placements. Les titres en question peuvent provenir de nouvelles émissions ou être achetés de seconde main, par exemple en bourse.
- Elle vise d'autre part les achats d'actifs réels ou de biens capitaux, notamment de machines et d'outillages, qui sont des produits pouvant servir à la production d'autres produits (capital technique). Ces biens capitaux peuvent, eux aussi, être achetés neufs ou d'occasion.
L'achat d'actifs financiers ou placement est considéré comme un investissement par l'acheteur individuel puisqu'il espère que son flux de revenu futur sera accru grâce à son achat (une action rapporte des dividendes, une obligation des intérêts...).
Cependant, il n'y a pas d'investissement nouveau pour l'économie considérée dans son ensemble, puisque la vente d'un titre représente pour le vendeur un désinvestissement égal à l'investissement de l'acheteur. Autrement dit, au plan macroéconomique, les investissements et les désinvestissements en actifs financiers se compensent. Il en va de même en ce qui concerne les achats et les ventes de biens capitaux réels d'occasion. C'est donc seulement lorsqu'il y a création de biens capitaux nouveaux qu'il n'y a pas de compensation. Cette création de biens capitaux neufs représente l'investissement brut ou la formation brute de capital pour l'ensemble de l'économie.
L'analyse macroéconomique moderne issue de la théorie de Keynes réserve ainsi le terme d'investissement à la seule création de biens capitaux nouveaux. Seule en effet la fabrication de biens réels nouveaux (machines, outillages, immeubles) crée des emplois nouveaux et correspond à une production supplémentaire, alors que les placements financiers et les achats de biens d'occasion n'exercent aucune influence directe sur ces variables stratégiques globales.
Comme on vient de le voir, la valeur totale des biens capitaux nouvellement produits dans l'économie au cours d'une période, disons une année, constitue l'investissement brut global. Mais puisque les biens capitaux existants sont utilisés et partiellement usés durant l'année pour donner lieu à la production annuelle courante, une partie des biens capitaux nouvellement créés ne représente qu'un investissement de remplacement. Le reste constitue une addition au stock de capital réel de l'économie et est appelé investissement net.
L'investissement net peut être négatif si le volume total des biens capitaux nouvellement produits est inférieur à ce qui est requis pour assurer le remplacement des biens capitaux anciens détruits par l'usage ; il y a alors désinvestissement au plan global.
Par contre, l'investissement brut réel ne peut jamais être inférieur à zéro, puisque la production des industries qui fabriquent les biens d'équipement ne peut pas être négative.
Pour que l'économie considérée dans son ensemble investisse au cours d'une période donnée, il faut que les entrepreneurs espèrent obtenir un taux de rémunération plus élevé des biens capitaux nouveaux qu'ils envisagent d'acheter que de toute autre forme d'actif disponible. Si, par exemple, un entrepreneur estime qu'une nouvelle machine lui rapportera 5 % du capital investi et s'il peut obtenir 6 % en achetant des titres, il est bien clair qu'il renoncera à son investissement en outillages. Le raisonnement est vrai que l'investisseur utilise ses fonds propres ou qu'il emprunte les fonds nécessaires à son achat : il s'applique à tous les entrepreneurs comme à un seul.
Il apparaît dès lors, en première approximation, que la décision d'investissement dépend d'une comparaison entre les taux de rendement des différents actifs, réels et financiers, disponibles.
Cette comparaison n'est pourtant pas nécessairement décisive. L'analyse de l'investissement révèle que, au plan macroéconomique, le volume de l'investissement est souvent une fonction complexe de plusieurs variables dont l'influence doit être prise en considération.
Nous envisagerons donc tour à tour
- La comparaison entre les taux de rendement des différents
actifs.
- Les facteurs qui déterminent le volume de l'investissement.
[...] La courbe obtenue a une pente négative puisque les investissements ayant été classés par ordre de rentabilité décroissante, plus le volume de l'investissement est élevé, plus l'efficacité marginale de l'investissement est faible ; elle est appelée courbe d'efficacité marginale de l'investissement. Si le taux d'intérêt du marché est égal à i0, le volume de l'investissement sera l. ; aucun investissement supplémentaire ne sera entrepris, car le taux de rendement de cet investissement serait inférieur au coût d'un emprunt (si les entreprises sont obligées d'emprunter) ou au rendement obtenu du prêt des fonds disponibles sur le marché des capitaux (si les entreprises ont des réserves financières). [...]
[...] Mais on en fait en même temps une fonction linéaire croissante du taux de profit soit v et z étant des constantes positives. D'où l'on tire Et comme l'investissement net n'est autre que l'accroissement du stock de capital il s'ensuit que Ecrite sous cette forme, la fonction d'investissement indique que l'investissement net dépend non seulement des variations du revenu (principe d'accélération), mais également des modifications du taux de profit. Si ce taux ne change pas, la fonction d'investissement se réduit à Le terme ( . ) représente alors le coefficient d'accélération redéfini pour tenir compte de l'influence d'un taux de profit constant. [...]
[...] Sans doute la distinction entre l'investissement autonome et l'investissement induit comporte-t-elle une certaine part d'arbitraire. Elle est néanmoins commode pour l'analyse. Comme on l'a déjà souligné, l'existence d'une relation de même sens entre le revenu global et l'investissement induit signifie qu'il existe une propension marginale à investir positive semblable à la propension marginale à consommer En d'autres termes, de même qu'on définit une fonction de consommation de la forme C=a+cY, on peut représenter la fonction d'investissement par la relation I=Ia+jY, dans laquelle j Y = Ii. [...]
[...] Si, au contraire, l'entreprise dispose de réserves financières suffisantes, le coût de l'opération est représenté par le revenu qui aurait pu être obtenu en faisant un autre usage des sommes disponibles, par exemple en achetant des titres sur le marché financier en vue de toucher des intérêts ; dans ce cas, l'entrepreneur doit choisir entre l'emploi de ses fonds dans son entreprise pour obtenir un taux de rendement interne et le prêt de ces mêmes fonds pour obtenir un taux de rendement externe Si l'efficacité marginale de l'investissement, est plus grande que le taux d'intérêt du marché, la valeur actuelle des revenus futurs attendus de la machine supplémentaire est plus élevée que la valeur actuelle d'un titre financier ; il est donc plus rentable d'acheter la machine que de placer les fonds en dehors de l'entreprise. De même, si l'entrepreneur n'a pas de disponibilités monétaires et si r > il a avantage à emprunter les sommes nécessaires à l'achat d'un outillage nouveau. Dans ces conditions, toute entreprise cherchant à maximiser son profit en régime de concurrence parfaite effectuera tous les investissements pour lesquels l'efficacité marginale du capital est supérieure au taux d'intérêt du marché. Inversement, tous les investissements pour lesquels r [...]
[...] On admet que les entrepreneurs effectuent leurs prévisions relatives au volume du Produit de la période t de la manière suivante : ils supposent que l'écart qui sera enregistré entre ce Produit et celui de la période précédente sera égal à l'écart constaté entre le Produit de cette même période - et le Produit de la période antérieure - soit Y*t Yt-1 = Yt-1 Yt-2. De cette équation et de la précédente, on tire It = v (Yt-1 Yt-2). La fonction d'investissement induit se présente ainsi comme une fonction avec décalage de périodes. Portée et limites du principe d'accélération. [...]
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