Elle en dénombrait en 2005 plus de 170 en vigueur. Tous ne sont pas de la même importance, citons donc les plus célèbres: l'Union Européenne, renforcée en 1993 avec le Marché Unique, l'AELE en Europe, l'ALENA depuis 1994 et le MERCOSUR en 1991 respectivement en Amérique du Nord et du Sud, l'ANASE (ou ASEAN) en Asie du Sud-est, qui cherche à s'ouvrir à la Chine ou encore le COMESA en Afrique de l'Est et australe. Ces ACR entrent dans le cadre de l'émergence du régionalisme, dont nous pouvons alors reprendre la définition choisie par l'OMC, issue du Dictionary of Trade Policy Terms: le régionalisme correspond à « l'ensemble de mesures prises par les gouvernements pour libéraliser ou faciliter le commerce à l'échelle régionale, parfois au moyen de zones de libre-échange ou d'unions douanières ». Pour l'OMC, un accord commercial régional revêt une signification un peu plus large, puisqu'il ne concerne pas nécessairement des pays appartenant à une même zone géographique (ex: accord UE/Afrique du Sud); il entre dans le cadre de la réglementation de l'OMC concernant la « libéralisation préférentielle du commerce ».
[...] Le choix d'un tel type d'accord permet au pays de conserver la maîtrise de sa politique extérieure commerciale. On peut alors citer l'ALENA, l'AELE même si elle a perdu l'essentiel de ses membres avec l'avancée de l'UE, l'ASEAN ; entrent dans cette catégorie de nombreux accords bilatéraux, entre pays (comme Etats-Unis/Jordanie [2001] ou Chili/Chine ou entre un ‘bloc' et un pays (comme les nombreux accords passés par l'UE avec d'autres pays). Des abus auraient pu survenir mais ce que l'on appelle des ‘règles d'origine' ont été définies, afin d'imposer le lieu de production des biens bénéficiant de ces tarifs préférentiels. [...]
[...] Mais il ne faut pas non plus exagérer le phénomène ; si elle reste croissante entre les pays de l'APEC ou ceux de l'ALENA, la part du commerce intrazone s'est stabilisée dans l'Union Européenne, et en ce qui s'agit du Mercosur, les difficultés rencontrées par le Brésil ou l'Argentine ont fait chuter le dynamisme de la zone. Parallèlement à cette densification des échanges au sein des régions, s'est également développé un commerce inter-zones. Comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessous représentant la part du commerce mondial représenté par les exportations, en considérant les trois zones les plus importantes régies par un ACR, et le Reste du monde, seuls 16,4% de ce commerce mondial s'effectuent entre les pays du Reste du monde. [...]
[...] On établit alors une discrimination entre pays signataires de l'accord et le Reste du monde. Néanmoins, dans le cadre d'un accord commercial régional, il faut que ces tarifs préférentiels aient pour objectif d'encourager une libéralisation du commerce entre les pays signataires Les accords commerciaux sont également admis depuis 1979 avec les pays en voie de développement, à qui l'on offre des tarifs préférentiels, sans contrepartie. Une réponse alternative mais pas nécessairement contradictoire Comme nous l'avons vu, les ACR sont signés entre pays qui décident de s'entraider afin de partager leurs différents avantages. [...]
[...] Elle entre en ligne de compte dans la formation de tels accords, mais aussi dans l'organisation de la production au sein de la nouvelle zone de libre- échange. Krugman introduit le concept de ‘zone naturelle' [1991], que Jean-Marc Siroën définit comme une zone à l'intérieur de laquelle, en l'absence de barrières aux échanges et d'accords de préférence, les échanges seraient plus intenses qu'avec le Reste du monde Les effets de détournement sont donc limités lorsqu'un accord commercial régional est instauré entre des pays appartenant à la même zone naturelle. [...]
[...] Il semble donc que les accords commerciaux régionaux, qui provoquent un véritable engouement parmi les pays membres de l'OMC, et qui se construisent par intégration progressive, participent au développement des échanges. S'ils entrent en opposition avec les principes du multilatéralisme, il ne faut cependant pas les considérer comme opposés à la mondialisation des échanges, tout d'abord parce qu'ils y participent en encourageant le commerce, mais également parce qu'il s'agit d'un premier pas dans la libéralisation commerciale. L'analyse économique est assez partagée sur les bienfaits et l'efficacité supposée par les politiques de ces accords commerciaux régionaux. [...]
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