Le ministère de l'économie et des finances prévoit pour 2011 un déficit commercial français record de 75 mds ?, pulvérisant celui enregistré en 2008 qui s'élevait déjà à 56 mds ?. Dans le reste des PDEM, la situation est plus ou moins analogue, avec un déficit américain qui devrait dépasser les 500 mds $ (350 mds ?) en 2011, ou un déficit britannique de 10 mds ? en juillet. L'Allemagne est l'exception notable puisqu'elle a enregistré en 2010 un excédent de plus de 150 mds ? qui, s'il est attendu pour baisser légèrement cette année, devrait rester important.
Ce constat illustre une tendance générale des grands PDEM, qui à la faveur de la crise ont vu s'empirer un déficit commercial pourtant déjà important depuis les années 2000. Derrière ces déficits abyssaux, se pose la question sous-jacente de la contrainte extérieure, autrement dit la dépendance de ces pays à l'égard des autres économies, quand sa croissance creuse son déficit extérieur, et, à terme, de la capacité pour un pays de disposer d'une marge de manoeuvre suffisante en matière de politique économique et sociale, ou même, en dehors du champ économique, dans des domaines géopolitiques.
[...] 1. Diverses mesures sont envisageables pour réduire la contrainte extérieure...
- La dépréciation de la monnaie / dévaluation compétitive va restaurer la compétitivité-prix et stimuler le commerce extérieur. Quand les agents intègrent la baisse des prix des produits nationaux, ils achètent davantage de ces produits, et freinent leur consommation en produits étrangers. Ces mesures sont impossibles dans le cadre de l'euro où la monnaie unique rend caduque toute idée d'amélioration de la compétitivité-prix par le taux de change depuis 1993 (...)
[...] Derrière ces déficits abyssaux, se pose la question sous-jacente de la contrainte extérieure, autrement dit la dépendance de ces pays à l'égard des autres économies, quand sa croissance creuse son déficit extérieur, et, à terme, de la capacité pour un pays de disposer d'une marge de manœuvre suffisante en matière de politique économique et sociale, ou même, en dehors du champ économique, dans des domaines géopolitiques. La contrainte extérieure pose donc problème, et on le voit pertinemment avec les relations sino-américaines qui se sont récemment dégradées, le Congrès américain ayant voté un arsenal de mesures à l'encontre de la Chine, accusée de maintenir un taux de change artificiellement bas. Comment la contrainte extérieure nuit-elle à une économie, et si tel est le cas, comment agir efficacement pour la réduire ? La nécessité de la réduction de la contrainte extérieure 1. [...]
[...] Le problème de la monnaie. La monnaie peut parfois être surévaluée par rapport à la compétitivité d'un pays, ce qui rend ses exportations plus difficiles. Dans la zone euro, la situation est encore plus compliquée, puisque des pays dont les compétitivités sont très différentes possèdent la même monnaie : l'euro est ainsi adapté à la compétitivité de l'Allemagne, mais surévalué pour des pays comme l'Espagne, la Grèce ou même la France qui contrarie l'indépendance d'un pays Le besoin de financement de l'économie (appel à l'épargne étrangère pour financer ses importations) la rend dépendante du RDM. [...]
[...] Les crises économiques, instrument involontaire de la réduction de la contrainte extérieure. En réduisant les importations, du fait de la baisse de la production nationale, elles diminuent le déficit, comme on l'a vu en 1993 et en 2009 en France. On voit donc que les crises, malgré leur effet négatif, ont bel et bien une fonction de régulation sur l'économie mais sont politiquement et socialement dangereuses Les risques d'une dépréciation-dévaluation. Il risque de se mettre en place un cercle vicieux de la monnaie faible : la hausse du coût des importations va provoquer une inflation par les coûts (inflation importée), risque de créer une inflation par le gonflement de la masse monétaire, puisque les marchés l'ayant anticipée vont retirer leurs capitaux qu'ils rapatrieront une fois la monnaie dépréciée en même temps que la hausse des exportations fait croître l'entrée de devises et risque de créer une spirale prix-salaires-profits. [...]
[...] Le chômage de masse (cf. années 90) est un corollaire des politiques de rigueur, comme le montre P. SAMUELSON qui parlait d'un cruel marchandage inflation/chômage Depuis les années 1990 en Europe, les politiques menées de lutte contre l'inflation (objectif fixé par la BCE) ont installé un chômage important et structurel dans la plupart des pays de la zone euro. La contrainte extérieure pose donc des problèmes non-négligeables aux économies occidentales, et sa réduction est un enjeu capital tant pour sortir du marasme économique dans lequel elles sont plongées depuis une trentaine d'années (exception faite des quelques périodes d'euphorie), que pour pallier leur lent déclin sur la scène internationale au profit des pays émergents, Chine en tête, et conserver une autonomie politique. [...]
[...] La Chine peut par exemple décider d'échanger ses montagnes de dollars contre des euros, ce qui ruinerait l'économie américaine dont la monnaie ne vaudrait plus rien (bien que la Chine n'y ait pas intérêt au vu de sa dépendance aux exportations). Mais cette menace est suffisante pour permettre à la Chine de mener la politique monétaire qu'elle entend, et refuser la réévaluation du yuan vers un niveau plus juste tout comme elle peut s'asseoir sur les principes des droits de l'homme que les représentants occidentaux abordent à peine avec elle. II- Réduire la contrainte extérieure : un objectif possible mais compliqué 1. [...]
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