La question du choix des termes pour désigner l'objet d'étude de l'économie du développement n'est ni anodine ni simplement technique. La preuve en est que les termes utilisés ont largement évolué au cours du temps. Ainsi, au XVIIIe siècle, au moment où la question du développement économique émerge chez Adam Smith, on oppose les sociétés commerçantes (très grossièrement, les nations de l'Europe occidentale et les territoires qu'elles ont colonisés) avec les nations qualifiées de « barbares » ou de « non-civilisés » peuplées de « sauvages ». Cette même terminologie se retrouve tout au long du XIXe siècle et au début du XXe siècle pour justifier l'influence civilisatrice de la colonisation européenne. Ces mots témoignent du fait que la question du développement des nations a longtemps été placée dans un cadre bien plus large que celui de l'économie et que les préjugés en tous genres, en particulier raciaux, créaient bien des confusions dans les esprits de l'époque. Certes, depuis 1945 la terminologie utilisée est moins tendancieuse, mais elle pose également quelques problèmes.
Il y a deux catégories de difficultés : en premier lieu, chaque terminologie recouvre des enjeux théoriques et idéologiques ; en second lieu, face à la diversité croissante des régions au coeur de la problématique du développement, on peut se demander s'il est encore légitime de les rassembler sous un terme unique. Ce qui d'ailleurs explique peut-être pourquoi on continue à utiliser plusieurs termes pour désigner le sujet d'étude de l'économie du développement. Je vais illustrer ces problèmes par quelques exemples pris parmi les termes les plus couramment employés.
Sous-développement, économies sous-développées (opposés à pays développés). Ces termes véhiculent l'idée d'un retard à combler par rapport aux pays développés. Le développement est ici vu implicitement comme un processus linéaire et relativement standard. Par ailleurs, le terme est relativement péjoratif ce qui explique qu'il se fasse aujourd'hui plus rare sous la plume des économistes et journalistes.
Pays en voie de développement ou pays en développement. C'est la terminologie qui s'est substituée à la précédente pour des raisons de « politiquement correct » (elle n'est pas péjorative). Elle est toutefois à certains égards encore plus biaisée car elle suppose que les pays que l'on qualifie ainsi sont effectivement en train de se développer, c'est-à-dire de rattraper au moins en partie leur retard. Or, on verra qu'en termes de niveau de vie, le retard non seulement ne s'est pas réduit, mais s'est au contraire fortement augmenté, qu'on le mesure sur longue période (deux derniers siècles ou plusieurs dizaines d'années) ou sur la dernière ou les deux ou trois dernières décennies (...)
[...] Problèmes économiques contemporains Année 2010-2011 Licence La question du développement : état des lieux Partie I : La problématique du développement. Introduction. L'enjeu du choix des termes. La question du choix des termes pour désigner l'objet d'étude de l'économie du développement n'est ni anodine ni simplement technique. La preuve en est que les termes utilisés ont largement évolué au cours du temps. Ainsi, au XVIIIe siècle, au moment où la question du développement économique émerge chez Adam Smith, on oppose les sociétés commerçantes (très grossièrement, les nations de l'Europe occidentale et les territoires qu'elles ont colonisés) avec les nations qualifiées de barbares ou de non-civilisés peuplées de sauvages Cette même terminologie se retrouve tout au long du XIXe siècle et au début du XXe siècle pour justifier l'influence civilisatrice de la colonisation européenne. [...]
[...] La construction de cet indicateur a été influencée par le travail de l'économiste indien, Amartya Sen. Cet indicateur est composé de trois éléments : la durée de vie, le niveau d'instruction et le niveau de vie. La durée de vie est mesurée par l'espérance de vie à la naissance. Le niveau d'instruction est mesuré par un indicateur composé pour les deux tiers du taux d'alphabétisation des adultes et pour un tiers du taux brut de scolarisation. Le niveau de vie est mesuré par le PIB par habitant. [...]
[...] L'expression a été inventée par le démographe français Alfred Sauvy en 1952 pour désigner les pays exclus du partage du monde entre pays occidentaux et pays socialistes, de la même manière que le tiers-état était exclu par statut du partage du pouvoir politique et économique dans la France d'Ancien Régime. Il a un peu vieilli aujourd'hui, mais il garde une certaine actualité (pas plus qu'en 1952 les pays du tiers-monde ne sont 1 pleinement associés aux grandes décisions politiques et économiques), même si aujourd'hui il vaudrait mieux parler de quart-monde face à la triade des pays développés. Pays du Nord-Pays du Sud. Cette distinction est apparue dans les années 1970 a l'inconvénient de renvoyer à une conception géographique voire naturaliste du développement. [...]
[...] Je vais illustrer ces problèmes par quelques exemples pris parmi les termes les plus couramment employés. Sous-développement, économies sous-développées (opposés à pays développés). Ces termes véhiculent l'idée d'un retard à combler par rapport aux pays développés. Le développement est ici vu implicitement comme un processus linéaire et relativement standard. Par ailleurs, le terme est relativement péjoratif ce qui explique qu'il se fasse aujourd'hui plus rare sous la plume des économistes et journalistes. Pays en voie de développement ou pays en développement. [...]
[...] L'existence de ces trois catégories vient sanctionner la grande diversité des situations des différents PED. Dans la première catégorie, on trouve la Corée du Sud, l'Argentine, le Brésil ou le Mexique qui sont tous des pays qui possèdent un certain poids économique, parfois même politique (Brésil) et dans lesquels on trouve une importante minorité d'individus qui connaissent des niveaux de vie comparables à ceux des pays riches. Dans la seconde catégorie, on trouve des pays qui ont généralement pris un essor plus tardif comme la Chine, le Maroc ou la Thaïlande mais également des pays qui pour des raisons diverses, souvent liées à la politique n'ont pas progressé suffisamment rapidement (Colombie, Égypte, Dans la 2 dernière catégorie on trouve l'ensemble des pays les moins avancés, mais également des pays considérées comme prometteur (Inde). [...]
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