Tout d'abord, il importe de faire un effort de définition sur la notion de culture, problématique. La façon dont les relations entre l'économie et la culture seront différentes selon la définition que l'on donnera au mot « culture ». Doit-on parler de la culture par opposition à la nature (tout ce qui est du ressort de la technique, de l'artifice, qui s'accomplit par la médiation de l'homme), des cultures au sens de civilisations (comme ayant chacune des activités, des mœurs, des institutions, des représentations collectives, des valeurs propres), ou encore de la culture de façon plus étroite comme un système fondamental de valeurs modifiant les comportements des personnes d'une société ?
C'est en jouant sur les différentes acceptions de cette notion que nous espérons éclairer son rôle dans la croissance économique, dans l'organisation du marché.
Si la tentative pour souligner une corrélation entre culture et économie est ancienne (on peut la faire remonter à "L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme" de Max Weber en 1905), la notion de culture comme variable explicative des différences de croissance du PIB a connu un certain succès depuis les années 1990, avec des auteurs comme Lawrence Harrison, Robert Kaplan, Thomas Sowell ou Seymour Martin Lipset.
[...] Enfin, il est juste de ne pas oublier que toutes les sociétés de la planète ne vivent pas sous le régime de l'économie, et que l'échange n'est pas une condition nécessaire de la vie sur cette planète. Karl Polanyi a étudié plusieurs sociétés primitives qui reposent toutes sur la notion de don : il assure un prestige à celui qui en est la source, et que le receveur doit contrer par un contre-don Ici le marché, sans aucune connotation, n'a pas fait son apparition, puisque la condition nécessaire à la présence d'un marché est l'échange. [...]
[...] Les normes culturelles expliquent aussi certains comportements surprenants d'un point de vue strictement économique: ainsi certains pays de l'Union Economique et Monétaire suivent ses recommandations même si c'est nuisible pour le fonctionnement de leur économie, car ils craignent d'être exclus s'ils ne le font pas. C'est un cas d'équilibre auto- réalisateur. Enfin, s'il faut parfois distinguer différentes acceptions du terme culture, c'est parce que dans l'acception large, prenant en compte les institutions politiques, on ne trouve pas de facteur explicatif suffisant. [...]
[...] La décision est toujours circonstancielle, il ne saurait donc y avoir de modèle institutionnel ou culturel prenant le pas sur les autres, car tout modèle doit se plier aux conditions de la réalité. D'autre part, la relation entre économie et culture peut devenir une relation triangulaire dangereuse si l'on déplie convenablement le champ sémantique de la notion de culture : autrement dit, si par culture on entend cette aspiration de l'homme à s'extraire de son milieu naturel, à ne plus être humain, dans le sens où son sillage n'égratigne plus la terre, mais l'arrache. [...]
[...] Quant aux années 2000, on invoque la rigueur du Pacte de Stabilité et de Croissance. Toutefois, comment comprendre que les politiques économiques soient systématiquement erronées en Europe, et généralement appropriées aux Etats-Unis ? C'est ici que Jean-Paul Fitoussi fait intervenir sa théorie des normes sociales : selon lui, les nouvelles élites qui émergèrent après la Seconde Guerre mondiale furent bouleversées par la récession de 1973, car cela remettait en cause leur credo d'exigence d'égalité entre les citoyens, incarné par des politiques macroéconomiques de redistribution notamment. [...]
[...] Économie et culture De quoi parle-t-on ? Tout d'abord, il importe de faire un effort de définition sur la notion de culture, problématique. La façon dont les relations entre l'économie et la culture seront différentes selon la définition que l'on donnera au mot culture Doit-on parler de la culture par opposition à la nature (tout ce qui est du ressort de la technique, de l'artifice, qui s'accomplit par la médiation de l'homme), des cultures au sens de civilisations (comme ayant chacune des activités, des mœurs, des institutions, des représentations collectives, des valeurs propres), ou encore de la culture de façon plus étroite comme un système fondamental de valeurs modifiant les comportements des personnes d'une société ? [...]
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