[...] Aujourd'hui, alors que les entreprises industrielles ont tendance à suivre la double tendance de la diminution de la taille optimale des unités de production et du développement de la modularité des productions avec une gouvernance désormais guidée par les marchés financiers (Lazonick, 2009), il convient de s'interroger sur la pertinence de la politique industrielle pour accompagner ces mutations. S'il est économiquement légitime de soutenir l'industrie au moyen d'une politique industrielle, car ce secteur génère davantage de croissance que le secteur tertiaire et tire la croissance des autres secteurs grâce à des effets redistributifs, la politique industrielle doit cependant intervenir dans un cadre contraint, afin de ne pas contrevenir à la soutenabilité des finances publiques ni détériorer la compétitivité des entreprises industrielles. La politique industrielle semble donc appropriée pour accompagner la réorganisation de l'industrie en France en soutenant les effets positifs d'une économie de concurrence imparfaite sur l'innovation tout en limitant ses effets négatifs par la limitation raisonnée des tendances monopolistiques.
[...] L'industrie française doit aujourd'hui faire face à deux types d'enjeux, externes et internes. Dans un contexte fortement concurrentiel au niveau mondial, l'industrie française cède depuis plus de dix ans des parts de marché au profit des pays émergents. La France a ainsi perdu 35% de ses parts de marché ente 1995 et 2010 dans tous les secteurs et dans toutes les régions du monde. Le dynamisme de la croissance de certains pays, tels que la Chine ou l'Inde, concurrence directement les productions françaises situées en milieu de gamme grâce à un avantage comparatif au niveau des coûts de production, surtout de la main d'oeuvre. Cette concurrence s'exerce également à l'échelle européenne d'autant plus que les effectifs industriels sont surtout concentrés dans cinq pays (Allemagne, Italie, France, Royaume-Uni et Espagne) et que la Commission européenne surveille particulièrement ce secteur (répression des pratiques anticoncurrentielles, contrôle des concentrations et des aides d'État). Ce mouvement a entraîné la délocalisation de nombreuses entreprises françaises et le déclin de secteurs industriels entiers (mines, sidérurgie, textiles). (...)
[...] II La politique industrielle doit désormais se concentrer en France sur les points faibles du secteur industriel afin de restaurer sa compétitivité et de retrouver un niveau de croissance durable dans la limite de la soutenabilité des finances publiques. A - La politique industrielle doit se concentrer sur les points faibles du secteur industriel français pour faire face aux enjeux contemporains et améliorer l'efficacité des politiques menées par le passé. L'industrie française doit aujourd'hui faire face à deux types d'enjeux, externes et internes. Dans un contexte fortement concurrentiel au niveau mondial, l'industrie française cède depuis plus de dix ans des parts de marché au profit des pays émergents. [...]
[...] Trois exemples en attestent. L'État a ainsi labellisé 71 pôles de compétitivité travaillant sur plus de 1000 projets sur l'ensemble du territoire et leur a consacré une partie des fonds du programme d'investissements d'avenir (environ 500 millions d'euros). Ceux-ci semblent toutefois trop nombreux et parfois trop artificiels pour être véritablement efficaces d'après certains économistes. Ils conduisent également à accentuer la spécialisation des régions dans certains secteurs, les rendant ainsi davantage dépendantes des aléas conjoncturels. D'autre part, les aides aux entreprises en difficulté demeurent très encadrées par le droit de l'Union européenne. [...]
[...] La politique industrielle est un outil nécessaire pour accompagner les évolutions d'un secteur stratégique pour la croissance de l'économie tout entière. Ses modalités doivent cependant évoluer pour gagner en efficience dans un environnement de concurrence mondiale et de dégradation des finances publiques en agissant à la fois sur la structure et en accompagnant les entreprises dans les bas du cycle économique à l'échelle des trois niveaux régional, national et européen. Bibliographie : Politiques industrielles pour l'Europe, Élie Cohen, Jean-Hervé Lorenzi, Conseil d'analyse économique septembre 2000 La France, puissance industrielle : une nouvelle politique industrielle par les territoires : réseaux d'entreprises, vallées technologiques, pôles de compétitivité, DATAR Pour une nouvelle politique industrielle : rapport au président de la République, Jean-Louis Beffa Désindustrialisation, délocalisations, Lionel Fontagné, Jean-Hervé Lorenzi, Conseil d'analyse économique février 2005 La France industrielle en question, analyses sectorielles, Gabriel Colletis et Yannick Lung (dir.), La documentation française Rapport d'information sur la politique industrielle européenne, Délégation de l'Assemblée nationale pour l'Union européenne février 2007 L'industrie dans l'économie (1981-2006) : une réalité pour notre avenir ? [...]
[...] Après un effondrement en 2009 la production industrielle s'est redressée en 2010 et en 2011 mais semble vaciller depuis le début de 2012. L'investissement, lié à la contraction du crédit bancaire, a également diminué emplois industriels ont ainsi été détruits entre début 2008 et fin 2009, dont dans l'automobile de production en 2009) Dans ce contexte, l'État a mobilisé plusieurs outils pour limiter les effets négatifs de la crise. Outre un plan de relance initié dès 2008 pour un montant de 34 milliards d'euros (dont 11 consacrés à la trésorerie des entreprises et 11 consacrés à 1000 projets sélectionnés) et une réforme de la fiscalité locale des entreprises en 2009 (réforme de la taxe professionnelle), l'État a crée le Fonds stratégique d'investissement doté de 20 milliards d'euros pour intervenir auprès des entreprises en difficulté (Valeo et Heuliez dans l'automobile, Gemalto et Nexans dans l'électronique). [...]
[...] Il peut s'agir, par exemple, de faire chuter le coût unitaire des informations scientifiques (Arrow, 1962) grâce aux économies d'échelle que la politique industrielle permet de réaliser (Zysman, Tyson et Dosi, 1990). Cependant, la partialité des interventions de l'État, favorisant souvent des champions nationaux, demeure mise en cause (Guillon et Longhi, 2010) et appelle à une objectivisation de son rôle et de la temporalité de ses actions. Dans ce contexte de relatif consensus sur la nécessité de l'intervention publique en matière industrielle, la théorie économique a identifié différents moyens d'intervention. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture