IV) Pourquoi l'avance européenne ?
Comment expliquer le dynamisme européen qui se construit à partir du milieu du XVIIIe et qui entraîne une coupure nette entre le niveau de développement européen et celui du monde asiatique ?
1. Institutions et mentalités
- L'Europe occidentale est caractérisée par une logique institutionnelle qui favorise le développement.
=> Réflexions autour de la culture, de la religion (cf. Weber), des mentalités (cf. Landes), des institutions de marché, des rapports entre l'État et la société civile.
- Les mutations institutionnelles favorisent le développement de marchés qui sont au coeur de la dynamique de croissance (Patrick Verley) :
1 - Naissance des marchés autour de trois aspects principaux :
* Unification réglementaire et technique du marché, ce qui rend techniquement possible le développement des marchés : les marchés étaient autrefois locaux, car le transport des marchandises n'était pas aisé. Donc la taille des marchés était réduite, et par la même les économies d'échelle.
Il y a donc une nécessité de contourner ces obstacles. Cela passe par l'amélioration des transports (chemin de fer, canaux, routes (« dumping roots »)), par la suppression des douanes intérieures, et par l'unification des systèmes de mesure et de paiement.
* Évolution des structures commerciales : le marché était ponctuel, les échanges se faisaient dans un temps et un espace dicté (foires, colporteurs pour les plus reculés).
Avec la Révolution industrielle, on a le développement des boutiques dont la caractéristique est la permanente disponibilité des produits (d'abord artisanaux, l'artisan produit et vend ; puis, à partir du milieu du XIXe en Angleterre apparaissent des boutiques où on revend ce qu'on a acheté), ce qui rend l'accès à la consommation plus facile, et la mise en place de réseaux commerciaux (relations entre producteurs, grossistes et détaillants), ce qui crée de nouveaux débouchés pour les producteurs.
* Apparition de nouveaux produits favorisant la consommation (Ex. : le coton dès lors utilisé pour les vêtements, s'use plus rapidement que le chanvre, et peut être teint et coloré (=> mode) ; la vaisselle ; le mobilier).
2 - Les transformations sociales suscitent une dynamique de la demande (cas de l'Angleterre) :
* Formation d'une classe moyenne agricole relativement riche (conséquence de la Révolution agricole).
* Faible coupure dans les modes de vie entre les nobles et le reste de la population : on peut se rapprocher des nobles en imitant leur consommation, ce n'est pas trop inaccessible.
* Développement d'une classe moyenne urbaine autour de quelques activités en croissance
=> Apparition de débouchés significatifs pour des produits industrialisés de "demi luxe". L'articulation production - consommation ne peut plus se faire dans le strict cadre local (...)
[...] Mais créer une société anonyme était compliqué, il fallait une autorisation ministérielle. Ainsi, seules 650 société anonyme seront créées entre 1807 et 1867, soit 10 par an, car cette forme d'entreprise était crainte et même critiquée à cause de l'absence de responsabilité (vis-à-vis des fournisseurs et des clients), au début du XIXe. Page 37 sur 71 Prépa Commerce, première année AEH Chapitre 3 ©Julien A. & Guillaume B. Toute copie est interdite sans autorisation. * Sociétés en commandite (forme dominante) : dissociation entre la propriété du capital et la gestion. [...]
[...] Il s'agit essentiellement de familles protestantes. Cette Haute Banque se renouvelle au début du XIXe : à partir de 1830, de nouvelles familles rejoignent les rangs, comme Laffitte et Perrier (ce sont des self made mens, qui petit à petit ont construit leur banque). La banque reste relativement marginale, et l'implication de la banque dans le financement de l'économie est relativement réduite. À partir du XIXe, on voit apparaitre de nouvelles fonctions bancaires : - Gestion des comptes courants : la banque ne sert plus seulement à gérer la fortune et le patrimoine, mais également à gérer des opérations strictement monétaires. [...]
[...] il peut apparaitre comme une solution efficace dans le sens où le protectionnisme permet un redémarrage de la croissance. Pour Bairoch, le moindre dynamisme de l'économie anglaise est dû à la persistance du libreéchangisme. Toutefois, si l'Angleterre perd de son dynamisme à la fin du XIXe, ce n'est pas uniquement à cause de la politique douanière : c'est aussi du fait de l'importance des investissements à l'étranger, du poids des syndicats qui freinent les mutations, et des patrons britanniques qui ne s'ouvrent pas assez aux managers : les actionnaires restent les gestionnaires). [...]
[...] Dans un 2e temps, l'État donne des droits de concessions : 7 compagnies régionales mettent alors le réseau en place. En 1859, on constate, en France, que les acteurs privés ne sont pas capables de financer seuls le réseau de chemins de fer, d'où un accord pour l'intervention de l'État qui financera une grande partie du réseau, alors que les compagnies financeront les rails, le réseau électrique En 1901, l'État, constatant qu'au moins une des entreprises n'est pas rentable, effectuera la première nationalisation. [...]
[...] " Il faut contrôler l'émission de monnaie fiduciaire, à travers des organismes monétaires. Il y a une nécessité d'une stricte proportionnalité entre billets émis et stock d'or détenu par la banque centrale afin d'éviter les risques d'inflation (le papier monnaie n'est que de la monnaie métallique sous forme de papier) Position du courant du "banking principle" (Tooke) : Il ne faut pas instaurer des règles trop strictes en ce qui concerne la monnaie : la banque centrale doit avoir la possibilité d'agir et de faire varier la quantité de monnaie dans l'économie en cas de besoin Le Bank Charter Act (ou Peel Act, du nom du Premier Ministre) de 1844 clôt le débat, avec la victoire du currency principle : La Banque d'Angleterre se voit accorder le monopole d'émission des billets avec une stricte limitation : les billets émis au delà d'un certain montant doivent être strictement couverts par le stock d'or détenu. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture