II) La constitution de la classe ouvrière
On a une logique d'évolution, de transformations, et la constitution progressive de la classe ouvrière.
1. Une stabilisation progressive du groupe ouvrier
* Il est difficile de pouvoir définir clairement les frontières du groupe ouvrier au début du XIXe. Déterminer qui sont les ouvriers jusque dans les années 1880 s'avère complexe, surtout en France. On est rarement ouvrier toute sa vie, on l'est rarement à plein temps, et on l'est rarement toute l'année. On peut être ouvrier seulement pendant de courtes périodes. Voici les raisons qui rendent la distinction difficile :
- Présence forte de l'activité industrielle dans les campagnes : on peut très rapidement basculer d'une activité à l'autre, en fonction de la conjoncture, mais aussi en fonction de la période.
- Existence de contrats de travail de courte durée : le CDI n'existe pas, les embauches se font "au jour la journée". Dans les ports, le contrat de travail type, c'est une demi-journée.
- Instabilité significative de la main-d'oeuvre : les ouvriers sont embauchés, quittent leur emploi, en trouvent un autre, ... Cette instabilité est en partie subie, car les flux de main-d'oeuvre sont partiellement impulsés par les employeurs, les producteurs, mais elle est aussi dans une large mesure choisie, c'est-à-dire que les salariés choisissent de partir, car ils ont une opportunité ailleurs (le héros de Germinal est le symbole de cette instabilité de la main d'oeuvre).
- Hétérogénéité importante du groupe ouvrier : on a à l'intérieur du groupe ouvrier différentes catégories, à savoir les non-qualifiés, qui représentent l'essentiel de l'instabilité (les manoeuvres), puis progressivement un nombre d'ouvriers croissant d'ouvriers qualifiés, qui auront des privilèges, une positon de force relative (Ex : les ouvriers sachant lire sont peu nombreux, ils sont donc très importants, surtout dans l'imprimerie). À Paris, les ouvriers qualifiés se font appelés les « sublimes » : ils auront, vis-à-vis de l'employeur, un certain pouvoir, car ils sont difficilement remplaçables, voire pratiquement irremplaçables, compte tenu de leurs compétences, de leur qualification. Les ouvriers qualifiés peuvent aussi être des ouvriers fourreurs (ceux qui fabriquaient les manteaux de fourrures), ou encore des ouvriers de la menuiserie.
* On constate une montée significative du nombre d'ouvriers dans l'industrie (tous les actifs ne sont pas ouvriers, mais ceux-ci représentent une part importante de la population active industrielle). En 1807 on est à 2,7 millions, ce nombre étant multiplié par 2 en 1880.
(...)
* G. Duveau propose de synthétiser le cas de la France, en distinguant plusieurs catégories d'ouvriers :
- Ouvriers des grandes villes, proches de l'artisanat qualifié (attention : tous les ouvriers de Paris ne sont pas qualifiés).
- Ouvriers des campagnes : il partage son activité. Il est à la fois bûcheron, paysan... et ouvrier.
- Ouvriers des villes à mono-industrie (Ex. : Le Creusot) : assimilation entre monde ouvrier et ville. Toute la ville ne vit que pour l'industrie locale.
- Ouvriers des villes moyennes.
* Il est nécessaire de prendre en compte la situation particulière des femmes et des enfants : l'enfant est celui qui pourra se faufiler dans plusieurs endroits (Ex. : dans le boyau d'une mine, dans les machines à tisser).
Organisation familiale du travail : homme femme et enfants vont parfois ensemble au travail (Ex : mines, sidérurgie : l'entrepreneur embauche quelqu'un et le paie à sa production, en mettant à sa disposition un haut-fourneau ou un boyau de mine. Cette personne se débrouille pour produire le plus possible. Pour cela, il embauche lui-même quelqu'un : les hommes utiliseront leur femme et enfants comme main-d'oeuvre.
* Le groupe des ouvriers d'usine ne se stabilisera véritablement que dans les années 1880, c'est-à-dire que les ouvriers n'auront un travail stable qu'à partir de cette date, avec comme symbole la prise en compte des chômeurs dans le recensement de 1896 (...)
[...] Toute grande ville a un ou plusieurs mauvais quartiers - où se concentre la classe ouvrière. Certes, il est fréquent que la pauvreté réside dans des venelles cachées tout près des palais des riches, mais en général, on lui a assigné un terrain à part, où, dérobée au regard des classes plus heureuses, elle n'a qu'à se débrouiller seule, tant bien que mal. Ces mauvais quartiers sont organisés en Angleterre partout à peu près de la même manière, les plus mauvaises maisons dans la partie la plus laide de la ville; le plus souvent ce sont des bâtiments à deux étages ou à un seul, en briques, alignés en longues files, si possible avec des caves habitées et presque toujours bâtis irrégulièrement. [...]
[...] - La moyenne bourgeoisie : entrepreneurs et négociants, membres des professions libérales, universitaires, journalistes et hommes de lettres. - La petite bourgeoisie : la boutique les petits patrons, certains employés, instituteurs et petits fonctionnaires. La dynamique de la bourgeoisie durant la 2ème Révolution industrielle s'infléchit pour deux raisons : - Mouvement d'ouverture lié au développement de nouvelles activités (Ex : automobile alliance aristo-technicien (Ex : Rolls-Royce), qui accèdent alors à la bourgeoisie) et à l'apparition de nouvelles fonctions dans les entreprises (Ex. [...]
[...] Le domaine essentiel est celui du bâtiment (charpente, taille de pierre). Le titre de compagnon de tour de France est un titre extrêmement prestigieux dans le monde ouvrier. Mais on constate qu'on a aussi dans le compagnonnage une logique de solidarité et relativement secrète : des liens étroits s'établissent et permettent de construire des logiques de solidarité. - Knights of Labor aux États-Unis (1869), qui regroupe sur une base relativement secrète des ouvriers très qualifiées (menuiserie, imprimeurs), et cette société sera destinée surtout à établir des liens entre les ouvriers, à créer une solidarité. [...]
[...] En France, les deux grandes dates sont 1864 avec le droit de grève (Napoléon III cherche des soutiens dans la population), et 1884 avec le droit d'association (qui revient sur la loi Le Chapelier, qui interdit les coalitions en mars 1791, et sur le Décret d'Allarde, qui interdit les corporations en avril 1791). Rôle de militants (ouvriers ou non, surtout des hommes) qui structurent et impulsent les premiers syndicats. Par exemple Martin Nadaud, jeune originaire de la Creuse, qui va en 1840 à Paris comme maçon, et qui s'y implantera, sera élu député en 1848. Il sera un acteur des révolutions de cette année. De même, Marx aida à créer l'association internationale des travailleurs. [...]
[...] Toute la ville ne vit que pour l'industrie locale. - Ouvriers des villes moyennes. Il est nécessaire de prendre en compte la situation particulière des femmes et des enfants : l'enfant est celui qui pourra se faufiler dans plusieurs endroits (Ex. : dans le boyau d'une mine, dans les machines à tisser). Organisation familiale du travail : homme femme et enfants vont parfois ensemble au travail (Ex : mines, sidérurgie : l'entrepreneur embauche quelqu'un et le paie à sa production, en mettant à sa disposition un haut-fourneau ou un boyau de mine. [...]
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