« La sociogenèse du monopole fiscal », La dynamique de l’occident, Norbert Elias

Résumé du document

Norbert Elias (1897-1990), écrivain et sociologue allemand issu d'une famille juive a étudié la médecine, la philosophie et la sociologie allemande (Simmel, Weber, Marx). Pour échapper au nazisme, il se réfugie en Angleterre où il résidera une grande partie de sa vie. Il est l'auteur d'un ouvrage majeur de sociologie politique : Sur le Processus de Civilisation paru en 1939 puis en 1974 et 1975 en deux volumes en France : La Civilisation des Mœurs puis La Dynamique de l'Occident. Dans cet ouvrage, Elias se propose d'analyser la construction progressive des structures étatiques occidentales en s'appuyant plus particulièrement sur l'exemple de l'État français dans un souci d'efficacité afin d'aboutir à une théorie de la civilisation. Pour cela, il développe deux concepts qui sont successivement analysés dans cette étude : le mécanisme de monopolisation et la notion de division croissante des tâches sociales. Elias analyse l'évolution de la civilisation occidentale en mettant en parallèle la logique des pulsions individuelles de chacun, et celle de la formation d'un pouvoir étatique et centralisé.

Extraits

[...] Le sociogramme du monopole fiscal, résume Elias, s'observe donc dans les luttes d'intérêt, les obstacles au sein de la société que le pouvoir central doit dépasser pour mettre en place un pouvoir fiscal. Il faut bien noter comme le signale Elias que la naissance du monopole fiscal comme celle de l'État est un processus fortuit, la finalité de tous les phénomènes entrant en jeu dans cette formation n'est pas la naissance du monopole fiscal ou de l'État, mais uniquement des intérêts privés et de court terme liés à l'enrichissement et à tirer un meilleur parti des ressources du territoire dominé. [...]

[...] Elias insiste sur l'importance de la monétarisation de la société, fondamentale pour instituer un lien de dépendance des fonctionnaires envers le pouvoir central, l'État et donc pour diminuer les oppositions. Après la Révolution Française, l'organisation du monopole fiscal se modifie du fait de l'abolition des privilèges, la redistribution des recettes fiscales se fait autrement. Un nouvel ordre se met en place pour maintenir toujours la domination de l'autorité centrale. Elias montre donc dans cet essai que la construction d'un centre étatique ne se résume pas à de simples modalités institutionnelles mais requiert l'assentiment progressif des dominés et implique comme le dit Weber un appareil cohérent de justification. [...]

[...] Le pouvoir du seigneur s'accroit donc avec chaque épreuve et ainsi sa puissance fiscale s'étend-elle. Il n'est plus désormais tenu à la consultation des sujets pour fixer une nouvelle taxe. D'autre part le monopole est double, du fait de la concentration dans les mains du seigneur des forces armées donc du monopole de la violence légitime comme dit Weber ou de la contrainte physique (Elias), le seigneur s'assure de la collecte des contributions. Ces deux monopoles se renforcent donc réciproquement pour citer Elias. [...]

[...] Petit à petit un contrôle du monopole fiscal se met en place avec l'établissement d'un budget. Budget qui comprend initialement aussi bien les dépenses de la société que celles du seigneur. Elias dit les monopoles clefs de la domination ont l'allure de monopoles privés Les recettes fiscales perçues par le roi lui permettent une redistribution vers certaines couches de la société afin de fortifier sa domination car une vraie lutte d'intérêts se développe. Le roi doit maintenir des tensions, des différends entre les différents groupes de la société. [...]

[...] La sociogenèse du monopole fiscal La dynamique de l'occident, Norbert Elias Norbert Elias (1897-1990), écrivain et sociologue allemand issu d'une famille juive a étudié la médecine, la philosophie et la sociologie allemande (Simmel, Weber, Marx). Il se réfugie en Angleterre où il résidera une grande partie de sa vie pour échapper au nazisme. Il est l'auteur d'un ouvrage majeur de sociologie politique : Sur le Processus de Civilisation paru en 1939 puis en 1974 et 1975 en deux volumes en France : La Civilisation des Mœurs puis La Dynamique de l'Occident. [...]