Dans son article « L'individualisme méthodologique est-il applicable à la science économique ?»1, Hubert Brochier discute de la pertinence de l'individualisme méthodologique dans la recherche économique. Dès lors que l'on touche à la méthodologie en économie, on a traditionnellement tendance à opposer holisme méthodologique et individualisme méthodologique. Le premier privilégie le jeu des structures pour expliquer le comportement des agents dans la société tandis que le second analyse les phénomènes économiques et sociaux à partir des comportements individuels. Il s'agira ici d'exposer et de mettre en doute le point de vue adopté par Brochier qui cherche à trouver la meilleure méthodologie possible pour la science économique. Pour cela, il examine point par point les caractéristiques de la méthode individualiste, et en discute la validité. Nous procéderons de la même manière ici, en utilisant les trois concepts fondamentaux de l'individualisme méthodologique, définis par Dan Sperber2 comme étant les notions « d'émergence […], de modèle […] et de rationalité. » Partant du principe que l'idée de rationalité est le concept primordial de l'individualisme méthodologique, je vais commencer par m'intéresser à cette notion pour vérifier sa pertinence économique dans le processus de décision individuelle. Puis, je m'attacherai aux notions d'agrégation et de modèle (ce que Brochier appelle « les concepts collectifs ») pour déterminer si oui ou non les choix de l'individu « rationnel » ont une portée et une signification au niveau collectif. En d'autres termes, il sera question ici de se demander tout d'abord si l'individualisme méthodologique est pertinent dans l'étude des phénomènes microéconomiques, puis s'il s'avère applicable à la macroéconomie.
[...] Ce principe semble tout à fait logique ; cependant la plus grosse interrogation concernant la rationalité, est de savoir si l'individu est en mesure de faire de tels choix. On l'oublie souvent, la rationalité présuppose quelques hypothèses: l'individu doit être capable d'identifier ses désirs et ses besoins, il veut maximiser sa satisfaction, et il est capable de comparer deux niveaux de satisfaction, deux paniers de biens pour lesquels il dispose d'informations nécessaires. Voilà la principale limite au principe de rationalité: l'information. [...]
[...] Il en résulte, dit Brochier, qu'on ne peut construire des lois des comportements collectifs à partir des comportements individuels L'argument avancé par l'auteur de la perversion de la rationalité dès lors qu'on touche aux interactions entre les individus peut être réfuté par la démonstration de Smith qui affirme que, même en ayant un comportement parfaitement individualiste et égoïste (privilégier l'industrie nationale pour sauver son emploi et la valeur de ses produits), l'individu contribue au bien être de la société (il renforce l'économie nationale), et en cela comme dans beaucoup d'autres cas , il est conduit pas une main invisible. La main invisible serait le pendant macroéconomique de la rationalité au niveau microéconomique ; elle expliquerait en quoi les attitudes individuelles ont une convergence collective La notion de modèle, ou comment expliquer l'existence d'institutions ? [...]
[...] La rationalité de l'individu peut parfois le conduire à agir à l'encontre du bien être et de la logique de la collectivité. Ainsi comme le rappellent Michel Crozier et Erhard Friedberg : Il peut y avoir des objectifs partagés. Il n'y a pas _et ne peut y avoir_ d'unicité des objectifs au sein d'une organisation Si l'on prend le simple exemple de l'Etat, cela revient à dire que la plupart des individus rationnels n'accepteraient jamais, sur une base volontariste de payer des impôts, c'est pourquoi les impôts ont un caractère obligatoire. [...]
[...] L'individualisme méthodologique est-il applicable à la science économique ? (Hubert Brochier) in Problèmes Economiques juin 1994) Dans son article L'individualisme méthodologique est-il applicable à la science économique Hubert Brochier discute de la pertinence de l'individualisme méthodologique dans la recherche économique. Dès lors que l'on touche à la méthodologie en économie, on a traditionnellement tendance à opposer holisme méthodologique et individualisme méthodologique. Le premier privilégie le jeu des structures pour expliquer le comportement des agents dans la société tandis que le second analyse les phénomènes économiques et sociaux à partir des comportements individuels. [...]
[...] Brochier considère que la contradiction principale de l'individualisme méthodologique réside dans l'existence d'institutions et de concepts collectifs Selon cette méthode, chercher à comprendre un phénomène social, c'est d'abord en construire une représentation simplifiée et abstraite ; on appellera modèle ou concept collectif le produit de cette élaboration. Les modèles macroéconomiques tels que le PNB ou l'inflation correspondent à ces représentations abstraites. Le problème est plus délicat dès lors qu'on aborde des institutions qui n'ont plus seulement une valeur théorique et abstraite mais également une réalité pratique. [...]
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