Léon Walras, économiste français de la deuxième moitié du XIXe siècle, est considéré comme un des auteurs les plus importants de l'histoire économique voire « le plus grand de tous les économistes » . Son nom reste associé à la théorie de l'équilibre général qui est la représentation simplifiée des mécanismes en œuvre et des principes généraux d'une économie de marché saisie dans son ensemble. Prenant en compte l'interdépendance des marchés, il démontre qu'il existe un équilibre simultané sur tous ces marchés et que cette égalisation de l'offre et de la demande permet d'obtenir un prix unique d'équilibre. Même si l'idée d'équilibre général était déjà présente chez certains de ces précurseurs (cf. Smith ou Turgot) et que la démonstration mathématique de celui ci sera faite par Arrow et Debreu, on peut affirmer que Walras est le penseur central de l'équilibre général des marchés. Mais en se focalisant sur cet apport il est courant de laisser de coté la deuxième grande construction de Walras: son analyse de la justice. Pour bien comprendre la place de cette notion dans son œuvre il semble nécessaire d'étudier sommairement sa démarche scientifique. Partisan d'une unité de la science, il établit une classification au sein des différentes sciences (abstraite vs concrète, pure vs appliquée et naturelle vs humanitaire). Au sein des sciences humanitaires il fait une distinction entre une science pure (la «cénonique» générale) étudiant à la fois la richesse sociale (ensemble des choses rares) au travers des lois de l'économie pure et l'homme et la société via la construction d'idéaux types, et une science appliquée à la fois économique (production de la richesse sociale) et sociale (répartition de celle-ci) guidée respectivement par un idéal d'Intérêt et de Justice. Partant du constat que la société réelle est imparfaite (notamment la paupérisation grandissante de la société française), Walras souhaite établir une nouvelle société fondée sur le principe de justice idéale et qui serait élaborée sous un angle positif. Il va donc rechercher les fondements et les moyens d'arriver à l'Idéal social. Il se base pour cela sur l'analyse de types idéaux (tirés de types réels mises en avant par la science concrète) qui vont alors lui permettre de définir la Vérité du point de vue de l'intérêt et de la justice. Une même démarche lui permet d'arriver à une Vérité pure du point de vue de l'économie qui reposera alors sur la libre concurrence, la satisfaction maximale des individus et l'équilibre général. L'économie pure étant ce qui est et non ce qui doit être il est crucial de voir si l'Idéal social est compatible avec celle-ci et s'il peut être réalisé uniquement au travers d'elle.
L'objectif de ce texte est de monter que le marché walrassien ne peut pas être un opérateur de justice autosuffisant.
Pour cela nous étudierons dans une première partie l'articulation entre la notion particulière de justice telle qu'elle est développée par Walras et la libre concurrence caractéristique fondamentale du marché. Puis dans une deuxième partie nous verrons que le marché en lui-même ne peut suffire à assurer la justice et notamment que l'Etat a un rôle primordial à jouer. Cette démarche nous permet d'identifier clairement les liens entre justice et marché chez Walras mais également de ne pas oublier que le marché en lui-même ne peut suffire.
[...] Ainsi le modèle d'économie pure (positif) et le modèle d'économie sociale (normatif) coïncident. Ce qui est est ce qui doit être. Mais si le marché semble être un opérateur neutre de justice il n'en reste pas moins insuffisant pour assurer la justice dans toutes les situations. Nous allons maintenant analyser ces situations et essayer de voir la solution proposée par Walras (ou son absence). . sous certaines conditions et dans une certaine limite L'objectif de Walras et de faire coïncider sa vision de l'économie pure avec les conceptions de justice et d'intérêt. [...]
[...] D'autre part on doit avoir une multiplicité d'offreurs et de demandeurs. Ceci ne doit pas être confondu avec la notion d'atomicité car il existe différents syndicats permettant des regroupements. Il est uniquement nécessaire que les agents soient price taker empêchant alors une déformation du prix d'équilibre (critère d'intérêt) et la création de groupes de pression discriminant les individus (critère de justice). Enfin les individus doivent être rationnels c'est-à-dire chercher à maximiser leur utilité pour les consommateurs et leur profit pour les entrepreneurs ceci conformément à la formule générale. [...]
[...] Ce schéma n'est pas applicable au cas du travail car il s'agit d'une ressource naturelle et donc hétérogène car personne ne fournit le même travail. Cependant lorsque l'offre est abondante et la division du travail avancée, on assiste à une certaine homogénéisation du travail qui va alors nous permettre d'établir un salaire unique. Mais dès que l'offre est rare on se retrouve dans une situation où il y a autant de prix que d'offres (l'exemple canonique étant le cas du ténor). [...]
[...] En effet, une fois les récompenses attribuées en fonction du mérite, il se met en place un mécanisme d'échange entre les individus. Il est alors nécessaire de respecter l'équivalence dans l'échange en vertu de la justice commutative. Intéressons-nous dans un premier temps à la justice dans le troc avant de l'étendre à l'échange. Walras identifie deux types de trocs distincts: le troc jevonien (qu'il va théoriser) et le troc gossenien. Le premier est un troc individualiste effectué librement par deux individus et permettant d'atteindre la satisfaction maximale acceptée par ces deux agents. [...]
[...] Le tâtonnement walrassien est remis en cause (entre autres) par le théorème de Sonnenchein- Mantel-Debreu (1974) qui montrent que les fonctions de demande nette sont indéterminées (i.e la substituabilité brute n'est pas assurée) Joseph Schumpeter, op. cit. [...]
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