Grève, arrêt de la production, baisse de la productivité... de prime abord, les conflits du travail apparaissent comme une nuisance pour l'économie. Pourtant, au-delà de cette analyse simpliste, on s'aperçoit que les conflits du travail ont longtemps été, et continuent d'être des facteurs de croissance et des vecteurs de changement au sein de la société.
Ainsi, dans un communiqué du 12 février 2010, le Parti socialiste expliquait que la récente grève des salariés d'Ikea était symptomatique du blocage des salaires français. L'auteur de cet article, Alain Vidalies, expliquait qu'augmenter les salaires constituerait pourtant un moyen de relancer une croissance morose.
En ce sens, nous pouvons nous demander si les conflits du travail qui ont eu lieu tout au long du XXe siècle n'ont pas pu constituer un apport autant qu'une nuisance à l'économie.
En quoi les conflits du travail peuvent-ils nuire à l'économie ? À l'inverse, que peuvent-ils lui apporter ? Qu'il soit positif ou négatif, leur impact est-il seulement conséquent sur l'économie ?
[...] Enfin, il convient de relativiser la place des conflits du travail au sein de l'économie. Ils sont davantage de l'ordre de la microéconomie et leur influence sur l'économie restent limités par les mécanismes économiques et les enjeux de la compétitivité. Aujourd'hui, les conflits du travail tendent à disparaître et à laisser leur place aux nouveaux mouvements sociaux qui portent davantage sur l'ensemble de la société. La question est alors de savoir comment concilier l'absence de conflits sociaux avec l'amélioration des conditions de travail des travailleurs. [...]
[...] Les conflits du travail permettent de porter les récriminations en matière de santé sur le devant de la scène et d'inciter ainsi l'entreprise à trouver une solution pour les résoudre. En l'occurrence, en 1945 et après de nombreuses plaintes des mineurs, la silicose est finalement reconnue comme une maladie professionnelle. Et s'il restait des mineurs aujourd'hui, gageons qu'ils travailleraient bien plus efficacement que ceux du début de vingtième siècle. Enfin, les conflits du travail ont permis d'accroître l'intervention de l'état dans l'économie. Ils furent notamment un des facteurs de l'État providence. [...]
[...] Cependant, si leur impact sur l'économie est bien réel, il convient toutefois de le relativiser. Les conflits du travail sont généralement d'ordre microéconomique et les conséquences qu'ils peuvent avoir sur l'économie sont limitées. Nous verrons que les conflits du travail se traduisent bien plus souvent par des concessions plutôt que par des changements radicaux en terme de conditions du travail ou de salaires. Les conflits du travail, jusque dans les années 70, portaient souvent sur une même thématique : le pouvoir d'achat. [...]
[...] Le prix Nobel d'économie Gary Becker avait ainsi écrit qu'« augmenter le salaire minimum, c'est augmenter le chômage C'est là la principale critique qu'on peut adresser aux conflits du travail : ils ont pour objectif de favoriser les travailleurs, pas les chômeurs et apparentés. Et le chômage est un poison bien plus qu'un antidote aux maux de l'économie. Qui plus est, il ne faut pas oublier ce qui caractérise un conflit du travail : à savoir une crise de la production. Microéconomiquement, l'entreprise en proie à un conflit du travail voit la productivité de ses travailleurs diminuer voir s'effondrer en cas d'arrêt total de la production. Et il ne s'agit que de la première échelle du conflit. [...]
[...] Par ailleurs, l'impact économique des conflits du travail, quand il est conséquent, demeure limité par d'autres mécanismes économiques. Ce n'est pas pour rien que la France est revenue sur l'indexation totale des salaires sur l'inflation dans les années 70. Les tensions inflationnistes provoquées par de telles mesures engendraient une spirale inflationniste. Dans de tels cas, toute hausse des prix provoque celle des salaires (indexés) et toute hausse des coûts salariaux entraîne une hausse des prix des produits et services. C'est le principe de la boucle prix-salaire. [...]
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