Ce document est un commentaire de texte complet et entièrement rédigé sur « Pourquoi la Guerre » de Freud. Ce texte sur la pulsion de mort nous confronte à un paradoxe car elle est décrite par Freud à la fois comme destructrice et comme constructrice. Comment une pulsion peut-elle être à la fois destructrice et constructrice ?
Dans un premier temps, nous commenterons le concept de pulsion de mort tel qu'il est avancé par Freud. Dans un deuxième temps, nous verrons comment il constitue un complément à la pulsion de vie dans la dynamique du psychisme. Enfin, nous essaierons d'éclairer son caractère ambivalent.
[...] En effet, Freud parle par ailleurs d'une « pulsion de mort originaire de la matière animale ». On comprend ainsi le caractère primaire de la pulsion qui est caractéristique des énergies des êtres vivants animés. Freud se place dans une perspective évolutionniste qui constitue un apport des sciences humaines et de la biologie du XIXème siècle à la constitution de la pensée moderne. Dans L'abrégé de psychanalyse, il place la pulsion de mort et, plus particulièrement l'instinct de mort dont elle est issue, dans le cadre d'une évolution des êtres vivants : « Si nous admettons que l'être vivant n'est apparu qu'après les objets inanimés dont il est issu, nous devons en conclure que l'instinct de mort se conforme à la formule donnée plus haut selon laquelle tout instinct tend à réinstaurer un état antérieur ». [...]
[...] Enfin, cet extrait de Pourquoi la guerre ? nous invite à considérer le caractère globalement paradoxal de la pulsion de mort dans la mesure ou, non seulement elle est à l'origine de phénomène « normaux » mais où elle est aussi fondatrice. Alors que Freud a montré la dimension positive pour l'individu mais négative pour la collectivité humaine de la pulsion de mort, dans la mesure où elle se concrétise dans l'agressivité, la violence et, sous sa forme extrême et organisée au niveau collectif, dans la guerre, Freud va aussi rappeler dans cet extrait que la pulsion de mort est constructive pour le psychisme humain, et pas seulement parce que la décharge extérieure libère le psychisme d'une pulsion qui tendrait à ramener la vie à l'inorganique. [...]
[...] Freud évoque dans l'extrait de Pourquoi la guerre ? les « pulsions érotiques représentant les efforts vers la vie » qui contrastent avec les pulsions de la mort : Ainsi, les pulsions sexuelles tendent vers la liaison alors que celles de la mort tendent à la déliaison et à la destruction. Attardons-nous, sur cette « pulsion érotique représentant les vers la vie », quels sont ses caractéristiques, que veut dire Freud exactement ? Dans l'Abrégé de psychanalyse qui sera publié de manière posthume et qui donne, en une certain sens, une vision ultime de l'état d'avancée de ses recherches, Freud stipule que « le but de l'Éros est d'établir de toujours plus grandes unités afin de les conserver; le but de l'autre instinct, au contraire, est de briser tous les rapports, donc de détruire toute chose ». [...]
[...] Freud a montré en 1929 dans l'ensemble de Malaise dans la civilisation (parfois aussi traduit plus littéralement Malaise dans la culture) que ce combat perpétuel entre la pulsion de vie et la pulsion de mort, entre Eros et Thénatos, chez l'homme, à l'échelle ontologique et sociale est constitutif du développement de la culture humaine et, à ce titre, a joué un rôle dans la constitution du Surmoi, qui instaure une instance de civilisation en l'homme. À l'échelle individuelle, les deux pulsions se combinent aussi dans la sexualité. Dans la conception du sexuel freudien et plus précisément dans l'acte, l'attraction et l'union se combinent à l'agression. [...]
[...] Comme nous l'avons vu, l'apparition de la notion de pulsion de mort dans la pensée de Freud coïncide avec celle du Surmoi dans la deuxième topique. Celui-ci est défini par Laplanche et Pontalis comme « une des instances de la personnalité telle que Freud l'a décrite dans le cadre de sa seconde théorie de l'appareil psychique : son rôle est assimilable à celui d'un juge ou d'un censeur à l'égard du moi ». Cette instance participe à la fois à une réorientation de la pulsion et à l'édification d'une censure pour le moi. [...]
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