Risque Incertitude Marchés Contagion Effets pervers Anticipations Convention
Là où le risque renvoie à des événements aléatoires dont la loi de distribution est invariante, l'idée d'incertitude désigne l'irruption d'éléments radicalement nouveaux et imprédictibles, donc irréductibles au calcul probabiliste.
La défiance revêt sur les marchés une force de contagion particulière car les agents se réfèrent tous aux memes indicateurs pour réduire l'incertitude. D'où une instabilité très néfaste, qui procède par effet boule de neige : plus les arbitrages s'intensifient, plus les cours boursiers baissent dans leur globalité, entraînant ainsi une "course à la liquidité" aux conséquences potentiellement désastreuses pour tous.
Le paradoxe réside en ce que ces comportements sont néfastes pour les agents : ils entraînent une forte variabilité des cours et des déperditions d'information. Le marché financier ne se suffit donc pas à lui-même car il porte les germes de sa propre destruction. D'où la nécessité d'une institution sociale d'une autre nature dont la fonction est d'assurer un degré minimal de coordination des anticipations. La convention est cette organisation sociale par laquelle la communauté se dote d'une référence commune, extérieure au seul jeu des anticipations mimétiques et fournissant une base solide aux anticipations.
[...] Son respect devrait diffuser une forme de temporisation et de prudence aux effets stabilisateurs. En somme, pour éviter que les marches connaissent des fluctuations excessives, les agents devraient toujours avoir à l'esprit la maxime suivante : le pire n'est pas toujours sûr. Concrètement, la prise en compte de ces observations pourrait déboucher sur trois types de mesures : la différenciation des créances (segmentation des marches, barrières à l'entrée, existence d'instances objectives de valorisation) pour limiter la liquidité et la substituabilité des marches ; l'existence d'agents partiellement libérés des contraintes de liquidité (les intermediaries) ; enfin, l'existence d'un prêteur de dernier resort ou de systèmes d'assurances. [...]
[...] Plus leurs opinions convergent, plus les marches sont instables. Mais ce phénomène de polarisation des anticipations a des racines plus profondes : c'est que les variables sur lesquelles les agents règlent leurs anticipations ne sont elles-mêmes que l'expression agrégée de leurs propres anticipations, de sorte que lorsqu'un investisseur anticipe un certain niveau de cotation, ce qu'il cherche à estimer est en réalité l'anticipation moyenne de ce niveau par le marché et même, si l'on tient compte de tous les niveaux d'anticipations, “l'idée que l'opinion moyenne se fera à l'avance de son propre jugement” (Keynes). [...]
[...] Commentaire de texte “Pour une approche cognitive des conventions économiques”, A. Orléan Risque et incertitude Là où le risque renvoie à des événements aléatoires dont la loi de distribution est invariante, l'idée d'incertitude désigne l'irruption d'éléments radicalement nouveaux et imprédictibles, donc irréductibles au calcul probabiliste. Cette distinction implique une révision de la théorie macroéconomique : le marché walrasien (information parfaite, équilibre spontané, etc.) est insuffisant pour rendre compte de la façon dont les agents composent avec l'incertitude. Il devient indispensable d'inclure dans le champ d'analyse les institutions sociales visant à accroître la prévisibilité et à contenir les effets les plus néfastes de l'incertitude – cette défiance généralisée qui détruit le marché. [...]
[...] Le risque change donc de nature : d'objectif et naturel dans la théorie walrasienne, il devient fonction de l'attitude des autres agents ; c'est le risque concurrentiel. La nécessité de la convention Le paradoxe réside en ce que ces comportements sont néfastes pour les agents : ils entraînent une forte variabilité des cours et des déperditions d'information. Le marché financier ne se suffit donc pas à lui-même car il porte les germes de sa propre destruction. D'où la nécessité d'une institution sociale d'une autre nature dont la fonction est d'assurer un degré minimal de coordination des anticipations. [...]
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