« Penser globalement, agir localement », telle est l'idée bien résumée désormais célèbre qui rappelle que toute ambition de développement durable au niveau international doit être suivie d'actions concrètes au niveau local. Il découle d'une telle formule que les collectivités territoriales sont devenues de véritables vecteurs du développement durable, en ce sens qu'elles sont depuis leur fondement, des terrains d'innovation et d'expérimentation adéquats quant à la mise en œuvre du développement durable.
Et cette mise en œuvre du développement durable à l'échelle locale passe par l'outil essentiel que représente l'Agenda 21 local, dont la mise en place au sein des collectivités territoriales est préconisée au chapitre 28 du programme d'action pour le 21e siècle, dénommé « Action 21 », ou, en français « Agenda 21 », adopté lors du Sommet de la Terre, tenu du 3 au 14 juin 1992 à Rio de Janeiro au Brésil. Instruments privilégiés au service des territoires, et traduction territorialisée de la mise en œuvre du développement durable, les Agendas 21 locaux constituent des programmes d'actions qui définissent les objectifs et moyens de mise en œuvre du développement durable du territoire, et sont élaborés par la mise en cohérence des objectifs de la collectivité, en concertation avec l'ensemble des acteurs sociaux économiques.
Il en va ainsi que la mise en œuvre des Agendas 21 locaux s'inscrit pleinement dans démarche de « ville durable », dont les prémices sont apparues dès les années 90, avec le lancement, au niveau international, du programme dénommé « Cité durable » par le Centre des Nations Unies pour les Etablissements Humains, destiné à accroître les capacités de planification et de gestion environnementales des pouvoirs municipaux des pays en voie de développement, et par la publication du « Livre Vert sur l'environnement urbain», rapport commandé par Carlo Ripa Di Meana, Commissaire européen pour l'environnement, mettant l'accent sur l'existence d'une véritable culture urbaine européenne mais également sur le caractère commun des problèmes auxquels les villes sont confrontées.
Si la question urbaine s'est formalisée à la fin du XXe siècle, celle-ci a toutefois fait l'objet de préoccupations relativement lointaines puisque déjà au XIIIe siècle, les travaux de l'économiste Thomas Malthus ou de la géographie allemande portaient sur l'utilisation des ressources naturelles et sur la manière de faire la ville.
Cependant, la révolution industrielle du XIXe siècle en Occident marquée par le passage d'une société à dominance agraire, à une société industrielle, dont l'exode rural en est la principale caractéristique, s'est soldée par une explosion urbaine généralisée ensuite à l'ensemble de la planète. La société connaît alors un bouleversement sans précédent dans ses pratiques et modes de vie, et dans ce contexte apparaît le phénomène « d'étalement urbain » ou de « périurbanisation » qualifié aussi « d'urban sprawl » aux Etats-Unis, caractérisé par la progression de l'urbain vers des espaces toujours plus éloignés du centre. Cette urbanisation massive et le recours systématique et généralisé à l'automobile ont ainsi engendré nuisances et pollutions, aujourd'hui rendus responsables de l'effet de Serre et du changement climatique.
Face à un tel constat, la nécessité de repenser la ville s'est vue remise au goût du jour, et le concept de ville durable, bien qu'extrêmement flou, s'est alors imposé comme la solution à la maitrise de cet étalement, en prenant progressivement les contours d'« une ville ou une unité urbaine respectant les principes du développement durable et de l'urbanisme écologique, cherchant à la fois à apprécier les enjeux sociaux, économiques, environnementaux et culturels de l'urbanisme pour et par les habitants ».
Cette ville durable est une ville viable, compacte, dense et organisée, où règnent mixité sociale et intégration des planifications. A cet effet, est mise en œuvre une architecture HQE (architecture qui désigne l'art de concevoir et de réaliser des structures bâties, édifices, villes, parcs, jardin…respectueuses de l'environnement), ainsi que des modes de travail et de transports doux, pour parvenir à réduire la consommation d'énergies et de ressources naturelles peu ou pas renouvelables. Apparaissent ainsi dans le paysage urbanistique des « éco-villes » ou « éco-quartiers » ou encore « éco-villages », qui cherchent à réduire leur empreinte écologique, en compensant leurs impacts, et remboursant par la même leur dette écologique.
Ce sont les Agendas 21 locaux qui traduisent la gouvernance de ces nouvelles architectures, et leur mise en œuvre au sein des villes et agglomérations repose sur l'élaboration d'outils tels que le Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT) ou encore le Plan Local d'Urbanisme (PLU) issus de la loi de Solidarité et de Renouvellement Urbain (SRU) de décembre 2000, visant à favoriser la maîtrise de la périurbanisation et le renouvellement urbain.
En effet, les villes et les agglomérations, considérées comme « les miroirs du changement », ont un rôle majeur à jouer dans le cadre du développement durable. Elles sont situées au cœur de la problématique car leurs évolutions peuvent compromettre gravement les équilibres sociaux, écologiques et économiques, d'où la nécessité de mettre en œuvre des politiques d'aménagement efficaces, avec une participation de tous les acteurs du territoire.
Dans ce contexte, la problématique présente serait d'apprécier dans quelles mesures le territoire local est-il devenu le siège des préoccupations environnementales engendrées par le développement durable, conduisant à une prise de conscience des collectivités territoriales, et faisant ainsi émerger peu à peu le concept de ville durable, réponse manifeste au phénomène d'étalement urbain. Est-ce que dans un tel contexte, la ville durable répond réellement aux enjeux présents que sont la maitrise de l'étalement urbain et le ralentissement du processus de métropolisation, pour un aménagement pertinent des territoires, où n'est-elle finalement qu'une représentation de la ville idéale encore bien loin de la réalité ?
[...] En effet, la conception passée selon laquelle le développement doit se faire dans une logique top/down c'est-à-dire relevant directement de l'Etat fait place à l'idée d'un développement local et territorial, réponse à la désertification des territoires ruraux[33]. À ce titre, sera créé le 3 juillet 1979 le Fond Interministériel de Développement et d'Aménagement Rural (FIDAR). Un autre évènement majeur de cette période réside dans la création en 1975 du Fonds Européen de Développement Régional (FEDER) au regard notamment de l'influence accrue du marché commun qui conduit le territoire français à s'inscrire davantage dans une politique d'aménagement du territoire à l'échelle européenne. [...]
[...] Dans le domaine social, certaines collectivités ont inauguré des programmes fondés sur la cohésion sociale, et le Bien-être de l'habitant. Dans le Bas-Rhin notamment, une démarche de diagnostic et de concertation intitulée Des Hommes et des Territoires a été entreprise auprès de 33 territoires, afin d'adapter les politiques départementales aux attentes des habitants, tout en agissant pour l'équilibre des territoires. Toujours dans cette optique sociale, le Conseil de développement économique durable (CODEV) de Paris, a proposé au Maire, des actions visant à favoriser l'emploi, par l'association d'acteurs économiques et sociaux parisiens à l'action de la Ville. [...]
[...] Il s'agit d'un processus qui engage une collectivité mais aussi ses habitants à conduire un plan d'actions concrètes en faveur du développement durable du territoire sur le long terme. Cela nécessite que la collectivité anime et porte la démarche de développement local pour que puissent être engagés dans le débat public tous les acteurs économiques et sociaux, et en étant fortement soutenue sur le plan politique par des élus motivés et impliqués dans le processus. C'est une démarche qui repose sur l'observation des besoins des habitants en matière de services et d'équipements, afin de parvenir à améliorer leur bien-être et leur vie quotidienne, mais également sur la nécessité de suffisamment les sensibiliser de façon à pouvoir les associer dans le débat public, indispensable à la construction de cette culture commune que nous venons d'évoquer et qui permet de pouvoir travailler ensemble sur la thématique du développement durable. [...]
[...] La prise en compte du développement durable à l'échelle locale et l'émergence de la ville durable Remerciements Avant tout, je voudrais remercier toutes les personnes qui ont apporté leur contribution à la réalisation de ce mémoire. Je remercie tout particulièrement Madame . d'en avoir accepté la direction, mais également pour ses précieux conseils quant aux grandes orientations de ce travail. Je remercie aussi mes parents pour leurs inconditionnels écoute, réconfort et soutien et tout principalement mon père, pour ses nombreuses et attentives relectures. [...]
[...] Dans les villes d'Amérique latine, et en particulier à Mexico, la priorité est accordée à la gestion des déchets ménagers et des décharges, dont dépend la qualité de l'eau en raison du fait que certaines décharges se déversent dans les fleuves. La qualité de l'air figure également parmi les priorités, et des mesures de limitation des véhicules ont ainsi été pensées avec la mise en place d'autobus de grande capacité. Mexico s'est donc dotée d'une politique de développement urbain afin de limiter l'étalement et préserver les zones stratégiques nécessaires à l'alimentation des nappes phréatiques. Citons également le cas de Curitiba, au Brésil, où la création d'un réseau de transport en commun a permis de réduire de 25% le trafic automobile. [...]
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