« La création d'un marché, sur lequel s'échangent les coûts marginaux de dépollution, est la solution la plus efficace pour atteindre l'objectif collectif de réduction des émissions carbone » préconisait Ronald H. Coase, prix Nobel de l'économie en 1991. Il faudra attendre le début des années 2000 pour que l'Union Européenne porte toute son énergie à la création d'un marché commun d'échange des quotas de CO2. Créé en 2005, ce marché est en effet au cœur de la stratégie européenne pour inciter et contraindre les industries les plus émettrices de gaz à effet de serre à réduire leurs émissions. Même s'il n'est pas comparable par sa taille aux marchés financiers déjà en place, le marché du carbone a vu sa taille doubler chaque année depuis sa création. Selon le journaliste James Kanter du New York Times, il est promis à connaître des volumes voisins à ceux des dérivés de crédits dans les 10 prochaines années à venir. D'autre part, le paquet « énergie-climat » adopté en décembre 2008 sous la présidence française de l'Union Européenne va accroître considérablement son importance et les enjeux qu'il représente.
Toutefois, ces deux dernières années furent marquées par des changements radicaux de stratégies et d'approches d'investissement. Les fonds d'investissement en actifs carbone initiés en 1999 par la Banque Mondiale avec le Prototype Carbone Fund se sont multipliés. Si à la création du marché, les seuls acteurs étaient les gouvernements et les industries soumis à des contingentements, le paysage des intervenants est aujourd'hui totalement remodelé. Depuis, banques d'investissement, compagnies d'assurance, fonds de pension et autres institutions privées sont devenus les nouveaux acteurs de ce marché en pleine mutation.
Ainsi, l'essor de capitaux privés sur le marché du carbone est-il une source de risque pour ce marché dont les perspectives restent encore incertaines ?
Nous verrons dans un premier temps que malgré sa relative jeunesse, le carbone a su s'imposer comme une classe d'actifs à part entière. Puis dans une seconde partie, nous analyserons l'évolution des stratégies d'investissement suite à la financiarisation de ce marché pour conclure sur les dérives et les enjeux pour les années à venir.
[...] Les principaux pays concernés par ces projets sont les pays de l'Europe de l'Est et la Russie. Les investissements réalisés dans des projets de réductions des émissions par le biais des mécanismes de flexibilité permettent de récupérer des crédits CER (Certified Emissions Reduction pour les projets MDP) ou des crédits ERU (Emission Reduction Uni pour les projets MOC). Ces crédits sont ensuite négociables sur le marché secondaire comme les quotas EUA. L'illustration 2.2 ci-dessous montre que les possibilités pour une installation industrielle présente dans un pays de l'Annexe B afin de se conformer aux objectifs fixés par le protocole de Kyoto sont multiples. [...]
[...] Pour la banque d'affaires américaine Merrill Lynch, le marché du carbone pourrait être l'un des marchés connaissant une croissance des plus rapides, avec des volumes comparables à celui des dérivés de crédits dans les dix prochaines années à venir. Les crédits Kyoto entraînent également une autre dérive et paradoxalement ils visent à encourager la production de gaz à effet de serre dans le seul but d'obtenir des crédits en contrepartie de leur destruction. C'est le cas du gaz chimique HFC-23, qui se forme lors du processus de fabrication du gaz réfrigérant utilisé pour les climatiseurs. Une tonne de ce gaz est fois plus nocive pour l'atmosphère que 1 tonne de CO2. Sa destruction est donc récompensée par crédits. [...]
[...] Même s'il n'est pas comparable par sa taille aux marchés financiers déjà en place, le marché du carbone a vu sa taille doubler chaque année depuis sa création. Selon le journaliste James Kanter du New York Times, il est promis à connaître des volumes voisins à ceux des dérivés de crédits dans les 10 prochaines années à venir. D'autre part, le paquet énergie- climat adopté en décembre 2008 sous la présidence française de l'Union européenne va accroître considérablement son importance et les enjeux qu'il représente. [...]
[...] Néanmoins, si l'on constate[30] depuis 2005 une croissance importante du nombre de fonds d'investissement sur le marché du carbone, tous n'ont pas la même finalité même si ces fonds possèdent des caractéristiques parfois difficiles à différencier. On peut classer ces fonds d'investissement en trois catégories en raison de leurs finalités d'investissement Les Fonds d'investissement dits crédits Un fonds d'investissement CO2 crédits est spécialisé dans le financement de projets de réduction d'émissions par le biais de participation au capital ou d'achat de contrats à terme. [...]
[...] Le constat est similairement le même sur le marché du carbone dans la mesure où la question essentielle est liée à la rareté des quotas révélée chaque année. Cette rareté des quotas est estimée par la différence entre le nombre de quotas alloués et les émissions relevées. En effet, la publication des émissions vérifiées des installations a un effet significatif sur le prix des quotas comme ce fut le cas en avril 2006 avec le décrochage soudain du prix du CO2 lors de la publication des émissions réelles de l'année 2005. [...]
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