Importé des Etats-Unis, l'acronyme NIMBY signifie en anglais Not In My Back Yard, soit Pas de cela dans mon jardin, sous-entendant implicitement « faites-le ailleurs, je m'en fiche ». Il s'agit donc d'un terme employé de manière péjorative pour qualifier les oppositions des riverains à l'édification de projets d'aménagement locaux qui affectent leur environnement et leur apportent des nuisances, réelles ou imaginées. Le terme NIMBY désigne donc par extension les associations qui s'élèvent contre les projets d'infrastructure, sans en contester forcément l'utilité, en soulignent les dégradations apportées au voisinage, ce qui les enclot dans une logique riveraine égoïste.
Que ce soit la construction d'autoroute, de lignes de TGV, d'aéroport, d'usine, d'incinérateur de déchets, de lignes électriques, et même la transformation de magasin dans le quartier chic de St-Germain à Paris, l'aménagement du territoire -à la fois spatial et social- suscite bien souvent des conflits locaux entre riverains, administrateurs et administrateurs ; conflits d'intérêts et de légitimités différents, entre leurs projets et les acteurs en présence sur le territoire.
Le phénomène NIMBY sert souvent à réduire les conflits locaux à de simples intérêts égoïstes. Les critiques soulignent plutôt que ces conflits d'aménagement pointent davantage une certaine réappropriation de l'intervention politique par les citoyens, qui aspirent par leur légitimité de proximité à démocratiser l'élaboration de l'intérêt général.
[...] À vrai dire, c'est la construction de l'intérêt général qui est à revoir. La légitimité technico- économique dont étaient investis les aménageurs publics qui a dominé depuis l'après-guerre est à présent contestée. Sa domination et légitimation étaient tellement évidentes qu'elles l'instituaient naturellement en intérêt général De nos jours, la légitimité des aménagements est de plus en plus questionnée par les riverains, et cela est maintenant intégré dans la pratique des aménageurs de prévoir des conflits avec leurs projets. Le référentiel global d'efficacité économique et technique est ainsi remis en cause au nom d'intérêts divergents, qui tiennent davantage compte du bien- être et du cadre de vie. [...]
[...] Cela ne signifie pas qu'il n'existe pas de lobbying en France. En revanche, si la pratique est avérée, elle n'est jamais avouée. Le lobbying Qualifier une contestation de NIMBY revient à la comparer au lobbying, puisque les associations riveraines font valoir des intérêts divergents à l'intérêt des administrateurs et des aménageurs, et concurrencent ainsi la détermination de l'intérêt général. Ces associations exercent alors leur influence auprès de la sphère publique afin de faire valoir leurs intérêts comme légitimes et donc généraux. [...]
[...] Puisque les individus sont interdépendants, chacun est utile à l'autre et ainsi, et donc l'intérêt général est retrouvé par le biais de l'intérêt particulier. Il s'en trouve dès lors qu'aux États-Unis, on trouve normale l'existence de lobbies pour défendre leurs intérêts. Au contraire, la conception française de l'intérêt général le fait opposer aux intérêts particuliers. L'intérêt général transcende les particularismes et traduit en quelque sorte la volonté générale exprimée par la communauté, tel que le soutient Jean-Jacques Rousseau dans Le contrat social. [...]
[...] Les critiques soulignent plutôt que ces conflits d'aménagement pointent davantage une certaine réappropriation de l'intervention politique par les citoyens, qui aspirent par leur légitimité de proximité à démocratiser l'élaboration de l'intérêt général. Les conceptions anglo-saxonne et française de l'intérêt général[1] La logique des conflits d'aménagement, tel que le suggère l'emploi du terme NIMBY, renvoie ainsi à une opposition intérêts particuliers/intérêts généraux, stigmatisant ainsi les égoïsmes locaux face aux projets globaux. Le syndrome NIMBY n'est donc jamais revendiqué en tant que tel. [...]
[...] Face à des projets perturbateurs, les territoires prennent une identité sociale et politique et deviennent contestateurs. De la territorialité des enjeux et du retrait relatif de la centralité de l'État en résulte une perte d'efficacité de l'intérêt général, dont l'État était porteur. Les aménageurs doivent maintenant compter avec les locaux et leur complexité géopolitique locale, sans le plein soutien de l'État. Comme l'observe un responsable d'EDF : Aujourd'hui, le pouvoir est en région, aucun ministre ne peut prendre un avis contraire à celui des élus locaux Ces élus locaux bien souvent abandonnent les entreprises publiques (EDF, SNCF) au profit des populations locales, qui les tiennent responsables des politiques d'aménagement. [...]
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