La désindustrialisation des années 1970 associée à l'expansion urbaine et économique des Trente Glorieuses a bouleversé la tendance historique du recyclage spontané et engendré une mutation profonde des sociétés urbaines. Le renouvellement des modes de production, les stratégies de localisation ainsi que la mondialisation des activités ont remis en question les équilibres entre les secteurs socio-économiques et leurs territoires d'accueil. Il s'agit d'un déphasage accentué entre le cadre bâti, le contenant avec les différents utilisateurs qui en justifient l'existence, autrement dit le contenu (Chaline, 1999). L'évolution des besoins des utilisateurs se calquant sur celle du marché, des innovations, des modes de vie, et sur des nouvelles formes de travail. Or, ces deux composantes de contenant et de contenu répondent à des logiques relativement différentes. Alors que les données sociales et économiques évoluent dans le court et le moyen terme, les réponses en constructions, équipements et réseaux s'inscrivent dans des logiques à beaucoup plus long terme. C'est dans ce décalage que réside la cause essentielle de l'apparition de friches urbaines.
[...] La décision en 1996 de passer à une professionnalisation de l'Armée, aux effectifs considérablement réduits, a amplifié d'autant, à court et à moyen termes, ce processus de démilitarisation (Dubois-Maury, 1998). Parallèlement, l'industrie de l'armement a donc connu une baisse de son activité (SNPE , GIAT notamment) En vingt ans, le Ministère de la Défense a rationalisé la dimension de son patrimoine militaire en cédant les sites qui n'avaient plus de réelle utilité fonctionnelle ou stratégique. Et la tendance s'est accélérée avec la réforme de la défense présentée en octobre 2008 par le gouvernement qui vise un redéploiement des bases militaires sur l'ensemble du territoire national avec des fermetures de bases militaires, des déménagements afin de renforcer opérationnellement d'autres sites. [...]
[...] C'est dans ce décalage que réside la cause essentielle de l'apparition de friches urbaines. Ainsi, si l'évolution des activités urbaines demeure étalée dans le temps, des adaptations peuvent permettre un passage progressif d'un état d'équilibre à un autre. Ce type de processus régulateur a semble-t-il perduré jusque dans les années 1970. A l'inverse, si l'utilisation de l'espace urbain est profondément remise en cause dans des temps relativement courts et que la conjoncture économique tend à la stagnation, le processus de régulation se révèle incapable de résorber les terrains disponibles. [...]
[...] Une autre manière de pratiquer l'espace qui se concrétise par un Pour F. Ascher, la majorité de la population ne vit plus dans des agglomérations denses et continues, mais dans des métapoles, des territoires urbains distendus, discontinus, hétérogènes et multipolarisés (Ascher, 2000) accroissement de la mobilité, en conséquence, un étalement de l'urbanisation mettant en concurrence des espaces de plus en plus éloignés au détriment des espaces centraux. Ce phénomène a engendré la dévitalisation de quartiers urbains et donc favorisé l'émergence de friches La démilitarisation progressive de la France Comme plusieurs pays d'Europe, la France connaît, depuis quelques décennies, une réorganisation de l'ensemble des éléments bâtis ou non bâtis, relevant du Ministère de la Défense. [...]
[...] Ces dernières, dont l'objectif était l'augmentation de la productivité, tendaient généralement à se réorganiser et à sous-traiter de plus en plus de services et donc à diminuer les surfaces nécessaires à leur fonctionnement (Fontagné ; Lorenzi, 2005). La formation de friches urbaines concerne en priorité des agglomérations ayant possédé une activité, une entreprise ou une institution dominante qui occupaient une part assez importante de l'espace urbain. Une mutation significative du domaine concerné avait pour effet de libérer de façon soudaine des surfaces nettement supérieures aux besoins d'autres activités potentielles. [...]
[...] Les préoccupations liées à une utilisation rationnelle du sol n'ont alors pas joué de rôle réellement significatif dans l'occupation du territoire. L'urbanisation accélérée s'est ainsi construite dans une logique générale d'étalement urbain, qui a conduit à focaliser l'attention des décideurs sur la création de nouvelles zones à bâtir plutôt que sur la gestion des zones déjà urbanisées. L'habitat périurbain s'est donc développé, bien favorisé par l'évolution rapide des modes de transports (multiplication des infrastructures, généralisation de l'usage de l'automobile). Cette corrélation n'a fait que conforter une vision extensive de l'espace et le mitage des territoires naturels et agricoles. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture