La nouvelle écologie politique économie et développement humain, Jean-Paul Fitoussi, Éloi Laurent, ressources naturelles, surconsommation, écosystèmes, économie finie, économie ouverte, développement humain, justice sociale, fiche de lecture
Aujourd'hui apparait une crainte que les auteurs qualifient de "paradoxale" : sommes-nous trop nombreux à avoir un niveau de vie trop élevé et à être trop bien portants ? Depuis quelque temps, les hommes semblent en effet s'affranchir de la misère. On montre ainsi qu'en l'espace de 10 ans (entre 1990 et 2000) le niveau de vie moyen a bien plus augmenté que durant la période courant de l'an 1 à 1820. Mais, en contrepartie, une nouvelle loi de Malthus semble être mise en évidence : si nous souhaitons préserver notre environnement et nos écosystèmes, en plus d'une diminution de la population, il faudrait diminuer la part de chaque individu dans cette consommation des ressources naturelles. "La terre ne peut accueillir toute la richesse du monde". L'urgence écologique est réelle et ne peut être reniée. Or, on reproche souvent à l'économie de nier cette réalité et de ne pas reconnaître la finitude de la nature.
[...] Pour les néoclassiques, le facteur limitatif devient la population et non plus la terre comme pour les classiques. Parmi les écueils qu'ils relèvent dans l'économie mécanique, retenons particulièrement la conception du temps (la mécanique ne dispose pas de marqueur du temps, on ne peut distinguer hier et demain). Ils évoquent ainsi les travaux de Georgescu ROEGEN où il est important de montrer que le processus économique n'est pas autonome et entraîne des conséquences irréversibles, dues à ses nombreuses interactions avec la nature. [...]
[...] Pour les sociologues, les économistes laissent une place bien trop grande aux choix et bien maigre aux contraintes. Mais la théorie économique est moins unifiée que ce que l'on croit. Les débats sur la rationalité recoupent ceux actuels sur l'écologie (dans ses fondements philosophiques) et les économistes sont omniprésents dans les débats écologiques actuels (pt de vue des sciences sociales). Toutefois les auteurs rappellent très justement que l'économie propose, et le politique dispose. Selon le rapport Brundtland : le développement durable est un développement qui répond à l'exigence de justice dans le présent tout en permettant d'y répondre dans l'avenir. [...]
[...] L'effort pédagogique qui préside derrière est très net, d'un côté nous avons une vulgarisation des savoirs enrichissants, et de l'autre, les bases d'une réflexion nouvelle, sortant des carcans habituels. C'est l'émergence d'une nouvelle thèse entre déclinisme et scientisme béat. Certains critiques reprochent à l'ouvrage un optimiste, certes argumenté, mais trop résolu. Pour eux, la notion d'irréversibilité du progrès technique et d'accumulation des savoirs peut parfois être frappée de contre exemples historiques. Ils évoquent ainsi parfois la régression lors de la transition de l'antiquité vers le Moyen Âge, ou lors de l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie. [...]
[...] Il faut donc diminuer la vitesse de détérioration des écosystèmes et augmenter celle de leur compréhension. Nature et connaissance sont des biens publics, d'où, pour les auteurs, une intervention de l'État pour être « produits en quantités suffisantes ». La conciliation écologie/progrès impose donc de prendre en compte la question de la justice sociale qui est sous-jacente à la problématique écologique. La question est largement traitée dans le dernier chapitre de l'ouvrage. L'hypothèse de rationalité des économistes leur permet de pénétrer de nombreux champs disciplinaires (politique, social, normatif mais rend plus coûteuse l'attitude inverse. [...]
[...] Il faut donc lutter contre ces inégalités socio écologiques (lutte contre les inégalités économiques et meilleure compréhension des exigences de développement humain). Ici est reprise la formulation de l'impératif de décroissance des inégalités de John Stuart MILL (1848). Les solutions aux problèmes écologiques passent par une décroissance des inégalités plutôt que par la fin de croissance des niveaux de vie. C'est un véritable effort de justice sociale qui doit être fait, en repensant le développement humain. Les auteurs préconisent quelques solutions, quelques pistes de recherche comme l'amélioration des mesures de développement des sociétés, la prise en compte des inégalités, l'établissement d'indicateurs de « qualité de vie » Deux annexes complètent également l'ouvrage, l'une sur les liens existants entre démocratie, développement et écologie ; l'autre sur une comparaison critique entre l'Inde et la Chine. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture