Les préoccupations pour la défense des milieux naturels n'ont cessé de prendre de l'ampleur depuis les années soixante particulièrement, jusqu'à devenir inévitables aujourd'hui. Qu'il s'agisse de particuliers, d'associations, d'administrations ou même en politique, partout l'écologie s'est constituée comme une référence dans les modalités de critique et de justification.
C'est pourquoi on peut se demander si la justification écologique dans le conflit peut s'incarner dans les ordres de justification déjà éprouvés, ou s'il existe un « monde vert », construit selon les mêmes modalités que les autres mais créant une septième logique d'action propre à elle-même? Ou plus encore, y a-t-il quelque part remise en cause de tous ces ordres au travers de leur matrice commune? (les auteurs vont reprendre le cadre d'analyse développé avec L.Boltanski et L.Thévenot dans « De la justification. Les Économies de la grandeur»(198). Il s'agit d'une étude sur les six mondes, ou six logiques d'action, caractérisés par des variables communes : la commune humanité, l'ordre de grandeur, et le bien commun entres autres.)
[...] Mais, en ce qui concerne un mode d'évaluation spécifique, il apparaît que la cité verte n'est pas totalement pertinente puisqu'il n'y a pas encore d'outils propres donnant la possibilité de mesurer dans un continuum les êtres de cette cité. Or, tous les autres modes d'évaluation ont cette capacité, possèdent une variable spécifique, des indicateurs permettant d'asseoir une légitimité d'une nouvelle cité. Néanmoins, certains éléments de la dernière partie vont pourtant démontrer qu'il y a une certaine remise en cause de la communauté de référence par exemple, et que les conflits sur l'environnement, s'ils ne créent pas un monde à part entière à défaut d'outils assez solides, ils permettent de rendre compte d'un autre cadre, qui se distingue de la grammaire commune. [...]
[...] Mais, si l'écologie trouve sa justification dans tous ces répertoires existants, voire s'y ancre ou s'y moule, C.Lafaye et L.Thévenot ne manquent pas de nous rappeler que de nombreux aspects ne sont pas étudiés ici et laissent supposer que cette argumentation écologique compose un nouvel ordre de justification spécifique et propre à elle-même, une cité verte La justification écologique matérialise-t-elle un nouvel ordre, une cité verte ? Pour vérifier une telle hypothèse, il est nécessaire de démontrer que la justification écologique se manifeste en partie par le biais du différend, c'est-à-dire qu'il y contestation des autres ordres de grandeur, et donc de la légitimité des autres mondes. [...]
[...] Intervient alors la notion de système plus à même de qualifier les relations entre des êtres de la nature, humains ou non humains. En effet, cet autre langage de «l'écosystème permet de mettre en interdépendances cet être, avec de nouvelles exigences. On raisonne en termes de flux, d'équilibre/déséquilibre, de bilan, d'impact global. Mais vient s'ajouter la dimension évolutionniste : les références aux sciences de la vie, et à la biosphère dans son ensemble pointent l'importance de la diversité et spécificités des formes de vie. [...]
[...] Thévenot 1993, justification écologique ? Conflits dans l'aménagement de la nature” Les préoccupations pour la défense des milieux naturels n'ont cessé de prendre de l'ampleur depuis les années soixante particulièrement, jusqu'à devenir inévitables aujourd'hui. Qu'il s'agisse de particuliers, d'associations, d'administrations ou même en politique, partout l'écologie s'est constituée comme une référence dans les modalités de critique et de justification. C'est pourquoi on peut se demander si la justification écologique dans le conflit peut s'incarner dans les ordres de justification déjà éprouvés, ou s'il existe un monde vert construit selon les mêmes modalités que les autres mais créant une septième logique d'action propre à elle-même? [...]
[...] Mais force est de constater que ce sont ces conflits mêmes qui offrent la possibilité de voir s'établir de tels projets. Les associations révèlent plusieurs formes : remise en cause des valeurs industrielles au nom des valeurs civiques, défense des règlements et écologie gestionnaire ou au contraire, inscription dans une logique industrielle de reconnaissance du progrès, de la technologie et de l'expertise. Les administrations adoptent également différents langages : réglementaire ; technique ; économique, selon la spécificité des acteurs en présence. [...]
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