Jean-Marie Chevalier est professeur d'économie à l'université Paris Dauphine où il dirige le Centre de géopolitique de l'énergie et des matières premières (CGEMP). Il est aussi directeur au Cambridge Energy Research Associates, une société américaine de conseil en énergie. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, articles, rapports sur l'énergie et l'industrie parmi lesquels Le nouvel enjeu pétrolier, L'économie industrielle en question, Économie de l'énergie, Économie industrielle des stratégies d'entreprises. Jean-Marie Chevalier a une longue expérience du secteur de l'énergie, ayant notamment travaillé pour Elf Aquitaine, EDF, le département énergie de la Banque mondiale.
En 2004 il publie les grandes batailles de l'énergie qui va au-delà d'un simple panorama sur la géopolitique du pétrole, l'écologie, le nucléaire, le réchauffement du climat et les gaz à effet de serre. Il a pour ambition de donner une dimension historique aux enjeux énergétiques, rappelant les principales étapes de constitution de notre modèle économique et des dépendances énergétiques, et présentant les futurs enjeux énergétiques auxquels nous devrons faire face.
Les enjeux énergétiques, et les « batailles » qu'ils soulèvent, sont donc au cœur de l'actualité mondiale. 2004 est l'année charnière entre la guerre en Irak (2003), considérée par certains comme une stratégie géopolitique visant prendre le contrôle des puits de pétrole du 2ème producteur mondial, et le lancement du marché de quotas de CO2 de l'Union européenne (1ere période 2005-2008). Aussi éloignés qu'ils semblent être, les deux événements précités sont liés par la question énergétique. Or c'est ce que l'auteur veut nous montrer tout au long de son ouvrage : les batailles de l'énergie impliquent un nombre d'acteurs très large et d'enjeux très différents qui évoluent dans une sorte d'interdépendance. Il tend à rappeler que les questions sociales et de développement économique ne sont pas étrangères aux conflits régionaux ou internationaux, ni aux problèmes environnementaux de plus en plus pressants. Cette interaction d'enjeux et d'acteurs est présentée dans sa dynamique historique. Jean-Marie Chevalier oppose les modèles des différentes époques, montre les impacts de leurs évolutions et pointe du doigt les dangers et questions qui émergent. La vision globale de l'auteur sur l'ensemble des enjeux énergétiques, confrontée à sa présentation détaillée des interactions entre les questions écologiques, technologiques, capitalistiques, politiques et écologiques fait la richesse de l'ouvrage.
Après un rappel historique sur l'émergence des différentes formes d'énergie, l'auteur décrit les évolutions impulsées par la Commission européenne au secteur de l'énergie. Ce rappel permet de bien comprendre les transformations en cours en Europe, et qui sont assez révélatrices de tendances mondiales. L'auteur sen penche alors sur chacun des trois grands marchés énergétiques : l'électricité, le gaz et le pétrole, pour en souligner les particularités. Enfin, il aborde les enjeux environnementaux qui doivent désormais contraindre les politiques énergétiques.
[...] Mettre en avant ce paradoxe, presque fataliste, est à mes yeux risqué. Certes, l'analyse de la dépendance aux énergies fossiles et de la solidité des systèmes en place est pertinente, mais il me semble qu'il faut au contraire revoir cette rigidité, analyser ses faiblesses, comprendre comment la contourner. Jean-Marie Chevalier nous démontre qu'en moins d'un siècle, parfois en 50 ans seulement, des changements importants se sont opérés dans l'ordre du pétrole, de l'électricité ou du gaz. C'est la prise de pouvoir de certains acteurs (OPEP) ou les décisions gouvernementales qui font évoluer la fourniture de l'énergie (dérégulation), les découvertes de nouveaux gisements et l'émergence de nouveaux acteurs autant de données variables et inattendues qui peuvent à tout moment transformer le panorama énergétique. [...]
[...] Enfin la Russie joue un rôle central détentrice d'un tiers des réserves mondiales dont la plupart sont encore inexploitées. La compagnie étatique Gazprom contrôle le gaz russe, mais ses moyens financiers sont limités et ne permettent pas l'entretien des infrastructures d'où une perte d'efficacité. L'industrie gazière est donc une industrie jeune en train d'instaurer une certaine concurrence. Ce marché pourrait devenir beaucoup plus politique et conflictuel, d'autant plus qu'il concerne des zones politiquement difficiles. Le pétrole s'est imposé en moins d'un siècle comme l'énergie prépondérante. [...]
[...] Enfin, JM Chevalier présente le grand enjeu énergétique du présent et du futur : le développement durable. Le sommet de la Terre à Johannesburg en 2002 a posé une nouvelle équation : comment concilier les besoins de la planète en énergie, la protection de l'environnement et le développement économique de près de 3 milliards d'individus vivant avec moins de 2 dollars par jour ? La mesure des coûts sociaux et environnementaux associés à chaque forme d'énergie, négligée jusqu'ici, s'impose. Il faut calculer les coûts externes des énergies (notamment fossiles) sur la santé, les récoltes agricoles, les écosystèmes Afin de privilégier les filières énergétiques qui ont le moins de coûts externes négatifs pour la société et l'environnement. [...]
[...] Jean-Marie Chevalier, Les grandes batailles de l'énergie Présentation de l'ouvrage Jean-Marie Chevalier est professeur d'économie à l'université Paris Dauphine où il dirige le Centre de géopolitique de l'énergie et des matières premières (CGEMP). Il est aussi directeur au Cambridge Energy Research Associates, une société américaine de conseil en énergie. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, articles, rapports sur l'énergie et l'industrie parmi lesquels Le nouvel enjeu pétrolier, L'économie industrielle en question, Économie de l'énergie, Économie industrielle des stratégies d'entreprises. Jean-Marie Chevalier a une longue expérience du secteur de l'énergie, ayant notamment travaillé pour Elf Aquitaine, EDF, le département énergie de la Banque mondiale. [...]
[...] Les gouvernements, et autres autorités de régulation, doivent s'imposer pour mettre en place un ordre énergétique soutenable. Cela ne relève pas seulement de la responsabilité des gouvernements, comme le rappelle lui-même l'auteur. Chevalier insiste sur la rente pétrolière, de l'ordre de 2000 milliards de dollars, soit le PIB de la France. Il me semble que la première barrière à l'évolution est de considérer cette rente comme une raison de la rigidité du système énergétique. Il me semble que si les acteurs se voulaient vraiment responsables, cette rente, et notamment la part qu'en retirent les pays riches, sous la forme de taxes ou de bénéfices des grandes compagnies, serait un outil politique et une force financière sans commune mesure pour contrer l'économie du tout pétrole. [...]
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