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« Les débats sur le rythme et les formes de l'inévitable transition énergétique d'un monde dépendant d'une consommation croissante de ressources naturelles non renouvelables s'étaient concentrés sur le peak oïl » affirment les auteurs de l'article. Mais l'ampleur de l'accident (et ses conséquences à long terme) provoqué par l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon mandatée par la British Petroleum le 20 avril 2010 au large des côtes de la Louisiane, dans le golfe du Mexique pourrait changer la donne: cet accident semble être « la plus grande pollution de l'histoire pétrolière des États-Unis, voire du monde. ».
Cette catastrophe révèle le prix écologique, mais aussi économique et politique de l'off-shore profond.
[...] Le lieu et les acteurs concernés sont emblématiques, mais d'une façon inattendue, car ils ne semblaient pas les plus exposés à un tel risque de pollution majeure: Transocéan est le leader mondial du forage en off-shore profond et BP, apparaissait comme une major respectueuse des normes de sécurité et des exigences éthiques par rapport à Shell (insécurité et environnement dans les boucles du fleuve Niger au Nigéria), à Exxon Mobil (catastrophe de l‘Exxon Valdez), à Total (Erika en 1999) ou Elf (intrigues politiques associées à la Françafrique). De plus, la réglementation imposée au off-shore semble une des plus strictes au monde aux Etats-Unis. Une analyse du risque biaisée Progression des industries pétrolières et gazières au cours des dernières décennies. [...]
[...] Incertitudes quant à l'évaluation de l'ampleur de la fuite: BP affirme une perte de 1000 barils/jour , puis 5000 courant mai, et un groupe d'expert dépêché par le gouvernement fédéral estime un niveau nettement supérieur: 12 à 19000 barils/jour depuis l'explosion. Intensité max de la fuite du 20 avril au 5 juin. Colmatage du puits le 5 août. L'accident a mis en valeur l'absence totale de plan d'intervention opérationnel adapté. Échecs successifs des tentatives de réparation (cloche de 90 tonnes de béton inopérantes à cause de la formation de cristaux d'hydrates de méthane, injection de boues, «junk shot pose d'un entonnoir pour limiter la fuite). Difficulté à reprendre le contrôle technique de la situation. [...]
[...] Un désastre partiellement invisible Impacts de l'accident nbx, mais difficiles à connaître (grande profondeur, incertitudes sur la direction des courants marins)=> pollutions sur les côtes de la Louisiane, du Texas et de la Floride, mais aussi vers Cuba voire vers sur le versant atlantique de la Floride et même l'Europe via le Gulf Stream) Médiatisation de l'impact des nappes de pétroles sur les côtes et leurs écosystèmes, mais impacts plus importants et plus longs sur les écosystèmes marins profonds (absence de lumière et basse température peu favorable à la biodégradation du pétrole). Catastrophe pour des écosystèmes pélagiques fragiles qui abritent une chaîne alimentaire riche de la crevette aux gros mammifères comme le dauphin. Impact financier aussi. La responsabilité des entreprises est limitée à 75 millions de dollars par la loi américaine sauf si une négligence manifeste est prouvée=> batailles juridiques en perspective. [...]
[...] De plus, on ne connaît bien les impacts du pétrole sur l'environnement que lorsqu'il est en surface ou sur les rivages (ce qui n'est pas le cas pour Deepwater Horizon dont les nappes stagnantes affecteront les fonds pélagiques à long terme). Les auteurs concluent en s'interrogeant: La principale question que pose cette catastrophe est de nature semblable à celles associées aux crises d'autre nature, comme celle du système financier en 2008-2009 : l'émoi médiatique initial surmonté et des mesures ponctuelles énoncées, retournera-t-on au business as usual ? Ou bien le coût économique et politique fournira-t-il un choc suffisant pour susciter une bifurcation du système ? [...]
[...] III Lecture africaine et possibilités de bifurcation 1)Un écho outre-Atlantique : l'Afrique face au risque environnemental pétrolier Une catastrophe semblable ne serait pas étonnante le long des côtes africaines: une vingtaine de plates-formes opèrent en off shore profond dans le Golfe de Guinée et de nombreuses explorations sont en cours. De plus, législations moins strictes en Afrique dont les majors profitent. Des majors qui profitent aussi des faibles contrôles. La concurrence entre les différentes entreprises de l'extraction pétrolière (anciennes majors américaines et européennes, entreprises indépendantes, compagnies privées ou nationales de pays émergents ) peut faire craindre un dumping environnemental. Pas de lois sur la réparation des dommages écologiques en Afrique. [...]
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