Longtemps en retard en matière d'environnement, le Languedoc-Roussillon connaît aujourd'hui un développement important des idées et des techniques écologiques, visibles à travers le secteur agricole et l'essor de la production labellisée « bio », puisqu'elle se situe parmi les régions comptant le plus d'entreprises de transformation de produits biologiques, d'après le site « Aria Languedoc-Roussillon ».
Il est clairement observable qu'à l'heure d'une certaine méfiance du consommateur sur le plan alimentaire, les produits issus d'une agriculture respectueuse de l'environnement deviennent des gages de qualité, et leurs ventes connaissent une augmentation. Si le choix de l'environnement semble donc rentable économiquement, la question semble moins évidente quand il s'agit de la culture « phare » de la région, la vigne et la production de vin.
Cultiver le raisin et vinifier en suivant des normes écologiques, est-ce suffisant pour produire un vin de qualité et assurer une réussite économique ? La difficulté de la réponse vient du processus de fabrication, lui-même complexe, où le savoir-faire humain et les caractéristiques naturelles sont liés fortement.
Le choix du vignoble languedocien n'est pas anodin dans cette optique, de par son histoire et sa constitution. S'étalant sur les quatre départements bordant le Golfe du Lion, cette viticulture s'oriente dès le XIXe siècle vers la production de masse. On a donc à faire à une véritable monoculture dans la région, fortement ancrée dans les paysages et les mentalités, ce qui explique l'intensité des crises qu'elle va connaître au XXe siècle. De 1907 à 1939, R. Pech parle d'une « crise de mévente chronique », liée à la surproduction et à un marché limité, où l'entreprise viticole décline lentement, les petits exploitants se regroupant.
Après la Deuxième Guerre mondiale, la crise persiste et la reconversion n'est pas massive, et il faut attendre les années 1980 et l'avènement des vins de cépage pour que les vins languedociens connaissent un regain de popularité auprès des consommateurs. Aujourd'hui, il faut donc faire la distinction entre une production classée en AOC, structurée en domaines indépendants et une seconde héritée d'une production de masse ancienne, organisée en coopérative et qui connaît plus de difficultés.
Le vignoble languedocien souffre donc en général d'un déficit d'image et doit faire face aux nouvelles habitudes du consommateur, qui boit moins fréquemment, donc qui achète moins, mais de meilleure qualité. Dans ce contexte difficile, la question des conséquences du choix de privilégier l'environnement dans la production viticole se pose.
L'étude du Domaine Les Aurelles s'inscrit dans cette question générale, mais fera surtout apparaître les spécificités liées au caractère local de l'opération environnementaliste. L'exploitation se situe dans le département de l'Hérault, un des plus marqués par la viticulture dans la région, dans le village de Nizas, à sept kilomètres au nord de Pézenas.
Le parcours des protagonistes aide à comprendre le caractère original de l'entreprise environnementaliste. Il s'agit d'une entreprise à caractère privée, où la démarche environnementale est fortement liée à la conception écologique propre à ces deux acteurs. L'originalité se traduit notamment par le refus de porter le label « bio », pénalisant en terme d'image et aux contraintes non adaptées aux particularités locales. Mais cette liberté recherchée dans le projet, soulève le problème de la logique du processus d'intégration écologique, non soumis à un règlement, dans un milieu viticole traditionnel.
En quoi la question de la cohérence dans la démarche environnementale influence-t-elle la réussite économique du Domaine Les Aurelles ? Il faudra donc analyser à quels niveaux se situe la réussite de l'intégration environnementale : quelles relations cette démarche entraîne-t-elle avec l'espace naturel, l'espace socio-culturel ? Finalement, les modalités de cette intégration doivent être mises en perspective avec le bilan économique du domaine.
[...] Ce déficit d'image que l'on trouve au niveau de l'indication de la cave se retrouve par une faible présence du Domaine Les Aurelles dans la presse régionale. Caroline Voisin regrette un manque de reconnaissance par la presse régionale. Elle remarque ainsi que le domaine n'a été cité qu'une seule fois dans la revue Terre de vin du groupe Midi Libre. Dans cet unique article, la photo met faiblement en valeur l'exploitation. Ce manque est d'autant plus regrettable qu'une plus grande présence locale pourrait répondre à certains problèmes économiques du Domaine actuellement. [...]
[...] La figure suivante montre les vignes du domaine au mois d'octobre. Les vignes apparaissent en bonne santé et la présence de végétation entre les vignes confirme l'usage de méthodes respectueuses de l'environnement dans la culture de la vigne Vignes du domaine Les Aurelles F.GUY novembre 2007 En parallèle à ce travail constant sur l'année, le travail à la vigne comporte des étapes précises qui ont lieu à différents moments de l'année. De janvier à mars a lieu la taille de la vigne. [...]
[...] Cette double prise en compte montre déjà la cohérence de l'ambition environnementale du Domaine Les Aurelles, véritable originalité de l'exploitation. b. Une cohérence remarquée et revendiquée Pour Basile Saint Germain, la conception de la cave permet l'élaboration d'un style de vin C'est sans doute ce style qui a été remarqué par plusieurs auteurs spécialisés dans les établissements liés à la viticulture. La cave du domaine des Aurelles est ainsi citée dans deux ouvrages de H. Hartje et J. Perrier : Wineries et Bodegas et Les plus beaux chais du monde et dans Caves : Architectures du vin 1990-2005 de Marco Casamonti et Vincenzo Pavan. [...]
[...] Mais Basile Saint Germain ne semble pas prêt à côtoyer les agriculteurs locaux. Il invoque une trop grande différence de méthode et de conception du vin entre lui et les viticulteurs locaux. Ce refus de participer à la vie locale par le biais des marchés montre un certain mépris du travail des viticulteurs traditionnels et traduit la faible intégration des vignerons à l'échelle locale. Les causes de ces difficultés d'intégration sont multiples. Elles impliquent à la fois la tradition viticole locale et la manière dont Basile Saint Germain a considéré cette tradition lors de son installation en Languedoc-Roussillon. [...]
[...] Ainsi, en quoi la question de la cohérence dans la démarche environnementale influence-t-elle la réussite économique du Domaine Les Aurelles ? Il faudra donc analyser à quels niveaux se situe la réussite de l'intégration environnementale : quelles relations cette démarche entraîne- t-elle avec l'espace naturel, l'espace socio-culturel ? Finalement, les modalités de cette intégration doivent être mises en perspective avec le bilan économique du domaine. Une grande cohérence autour du respect de l'environnement L'enjeu environnemental bénéficie d'une prise en compte globale au sein du Domaine Les Aurelles. [...]
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