Santaux Antão est une des îles rurales du Cap-Vert. De nature volcanique, elle fait 779 km2 pour 50 000 habitants. L'agriculture représente 60 % de la richesse produite par l'île, la pouzzolane (une roche naturelle) est extraite d'anciennes coulées de lave, le secteur touristique est encore embryonnaire, mais prometteur, enfin, la rente migratoire représente la source de revenus essentielle pour une majorité de familles.
La mémoire collective du Cap-Vert reste particulièrement influencée par l'esclavage, les famines, les migrations et l'accès à la terre ; ces facteurs agissent comme autant de constituants d'une identité fière et forte. Dans l'histoire du pays, on constate que ni l'abolition de l'esclavage, ni les réformes agraires n'empêchent la reconstitution de grands domaines fonciers, souvent aux mains de propriétaires non agriculteurs ou ne résidants pas dans les villages. L'instauration du « goutte-à-goutte » pour irriguer les champs à Ribeirão va modifier profondément les rapports fonciers puisque les grands propriétaires, confrontés à l'assèchement de leurs terres en raison de la réduction de la pluviométrie, doivent négocier l'eau auprès de leurs locataires et/ou petits propriétaires. Ceux-ci rechigneront à leur concéder l'eau du forage, préférant optimaliser son utilisation entre eux.
[...] Le forage permet de fournir de l'eau potable aux villageois, mais aussi de réalimenter le regadio (parcelle irriguée) asséché. On constate toutefois que les agriculteurs du village ne bénéficient pas directement du forage puisque le regadio appartient principalement à des propriétaires non résidants de Ribeirão depuis la “grande faim”. Le forage causera différents conflits, le principal étant entre les propriétaires du regadio et les villageois. Ces derniers développeront un système d'irrigation alternatif, ne dépendant pas de la gravité, permettant d'acheminer l'eau du forage dans leurs parcelles situées en amont (et appelées zone sèche : sequeiro). [...]
[...] La question de l'accès aux ressources naturelles : le cas du Cap-Vert Introduction Santaux Antão est une des îles rurales du Cap-Vert. De nature volcanique, elle fait 779 km2 pour habitants. L'agriculture représente de la richesse produite par l'île, la pouzzolane (une roche naturelle) est extraite d'anciennes coulées de lave, le secteur touristique est encore embryonnaire, mais prometteur, enfin, la rente migratoire représente la source de revenus essentielle pour une majorité de familles. La mémoire collective du Cap-Vert reste particulièrement influencée par l'esclavage, les famines, les migrations et l'accès à la terre ; ces facteurs agissent comme autant de constituants d'une identité fière et forte. [...]
[...] Il est important de rappeler que le Cap-Vert joue un rôle important dans la traite atlantique entre le XVI et le XVIIe siècle, de par sa position stratégique (et parce que les îles empêchent toute tentative d'évasion). Les missionnaires ont pour tâche de propager la religion catholique sans toutefois entraver les négoces ce processus est connu sous le nom de ladinizaçao. Ceci passe par l'apprentissage d'une langue commune : c'est ainsi que nait le créole (portugais) qui permet de faciliter les échanges entre maîtres et esclaves, mais aussi entre esclaves d'origines très diverses. Sur le marché, un esclave ladino a plus de valeur que l'esclave boçal (naturel). [...]
[...] A ce moment, la situation du village est préoccupante : la nappe phréatique a beaucoup diminué, il est impossible d'irriguer correctement les terres et la source pour l'eau de boisson se tarit progressivement alors que le village n'est pas accessible par la route. La migration est importante, seules 60 familles résident encore au village et la grande majorité des adultes vivent du FAIMO. Cette association élabore avec l'appui de partenaires un plan de développement : route, école, centre social, mais surtout lutte antiérosive et reboisement. La réalisation du forage en 95, qui permet de trouver de l'eau est sans doute l'activité la plus marquante. [...]
[...] Cette sorte de “caisse de chômage” a ainsi permis d'éviter les famines. Aujourd'hui, suite à un certain désengagement de l'Etat, une partie notoire de cette offre de travail est gérée par les associations via des programmes de développement. La situation foncière actuelle du village de Ribeirão (Santo Antão) est directement héritée de la grande famine de 1947. Si aujourd'hui 90% des paysans ne sont pas propriétaires de leurs terres, c'est parce que leurs aïeux, de petits propriétaires défricheurs (qui ne disposaient pas nécessairement de vrais titres de propriété) ont été contraints pour survivre à vendre, plus souvent, la totalité de leurs terres contre de la nourriture à des commerçants, des migrants ou à des grands propriétaires. [...]
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