Dauphin dodu d'un blanc crémeux et bavard invétéré aux répertoires tellement varié qu'il a été surnommé le canari des mers, le béluga est un animal doux et curieux. De nos jours, l'homme est la principale menace qui pèse sur son avenir. La chasse intensive lui a fait beaucoup de tort par le passé et constitue encore aujourd'hui une menace pour certaines populations. Mais le plus grand danger est avant tout la pollution.
Les mineurs emportaient autrefois avec eux un canari. Dans les profonds tunnels souterrains l'oiseau leur faisait alors office de système d'alarme face aux fuites de gaz si mortelles : il était le premier à mourir, avant que l'air ne devienne irrespirable pour l'homme. L'état de santé des bélugas du monde entier, mais plus particulièrement de l'Estuaire du St-Laurent, tire en ce moment même cette sonnette d'alarme. Pourquoi des cas de cancers qui sont si rares chez les autres cétacés, et même chez les autres espèces, sont-ils observés plus fréquemment chez les bélugas du St-Laurent, mammifère le plus contaminé au monde, ou d'autres espèces fréquentant des zones reconnues polluées. Combien de temps nous voilerons-nous encore la face sur notre rôle dans cette dramatique histoire ? Et quelles en seront les conséquences pour cette espèce et toutes les autres ?
[...] Au microscope, les cellules de la peau de cet animal sont enflées. (Leur cytoplasme est pâle, presque blanc, parce qu'il est rempli d'eau). Leur noyau contient une masse rouge entourée d'un halo clair qui est constituée de particules virales de type Herpès. C'était la première fois qu'une infection à virus Herpès était rapportée chez un cétacé. D'un point de vue évolutif, les cétacés sont des proches parents des bovins (ils sont encore plus près de l'hippopotame). Des virus semblables à ceux qui infectent les bovins pourraient donc les infecter. [...]
[...] L'habitat de la faune Arctique recula vers le nord, dans ses limites actuelles. (Programme sur les bélugas du St-Laurent, Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal) De 5000 individus estimés dans le début des années 30, la population du fleuve St-Laurent a fortement diminué suite à la pêche et à la chasse dont elle a fait les frais, mais aussi en raison du rétrécissement de son habitat. Aujourd'hui le nombre de bêtes stagne autour de 1000 depuis presque 20 ans. [...]
[...] Références Monographies BELAND, P Les bélugas ou l'adieu aux baleines, Ed. Libre Expression. Martineau, D., & al., Mars 2002, Cancer in Wildlife, a Case Study: Beluga from the St. Lawrence Estuary,Québec, Canada, Environmental Health Perspectives, Vol numéro p. 285-292. PRESCOTT, J., RICHARD, P Mammifères du Québec et de l'Est du Canada, Guide Nature Quintin, Ed. Michel Quintin. Sites Internet Baleines en direct, dernière mise à jour septembre 2008. COSEPAC Mise à jour de l'Evaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le Béluga, Delphinapterus leucas, consultable en ligne en format PDF. [...]
[...] Le Saguenay est victime d'une grave pollution aux hydrocarbures aromatiques polycycliques, HAP, issus entre autres de l'industrie de l'aluminium installée en amont de la rivière. Les sédiments du Saguenay ont été analysés et il est ressorti qu'ils contiennent de 500 à 4500 ppm de HAP totaux. Les invertébrés qui vivent dans les sédiments des fonds de cette rivière se retrouvent donc contaminés. Et les bélugas se nourrissent de ces invertébrés. Or les HAP sont connus pour causer des cancers du poumon et de la vessie chez l'homme et des cancers du petit intestin chez la souris. [...]
[...] Pour comparaison, le cancer est responsable de 23% de la mortalité humaine. Le béluga est le mammifère sauvage le plus touché par ce fléau. Depuis le lancement du programme, il a même été observé 7 cas de cancer de l'intestin, épithélioma de l'intestin grêle, cancer très rare chez toutes les espèces animales. Les animaux présentaient souvent aussi des ulcères gastriques perforants. De nombreuses malformations sont aussi rencontrées. Une jeune femelle a été repêchée il y a quelques années. Elle était morte d'épuisement en tentant de mettre bas, en vain. [...]
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