En France, et dans la majorité des pays industrialisés, l'espace rural n'a eu de cesse de diminuer au profit d'une urbanisation parfois peu réfléchie. Aujourd'hui l'urbanisation prend de nouvelles formes et semble moins menaçante pour une campagne qui a acquis une nouvelle valeur, celle de cadre naturel de loisirs, effaçant peu à peu celle d'espace productif. En effet le nombre d'exploitations agricoles n'a cessé de diminuer depuis près d'un siècle. Le secteur de l'agriculture a subi diverses mutations au profit d'une très grande spécialisation des productions et d'un usage grandissant d'intrants chimiques. En outre, l'arrivée de la grande distribution dans les années 60 et le développement du secteur agro-alimentaire ont favorisé l'accroissement de la distance entre producteurs et consommateurs.
Dans un contexte de prise de conscience généralisée de l'importance des préoccupations environnementales, les initiatives écologiques sont de plus en plus nombreuses. Elles touchent de nombreux domaines et se développent à différentes échelles. Le domaine de l'alimentaire n'échappe pas à cette tendance : les labels écologiques tels qu'Agriculture Biologique aujourd'hui sont de plus en plus prisés par des consommateurs désireux de savoir ce qu'ils mangent.
A partir de ces deux constats, la déprise agricole et le désir de manger plus sain, plusieurs initiatives ont été lancées dans le monde depuis prés d'un demi-siècle. Le concept de food guilds fut repris au milieu des années 80 aux Etats-Unis sous le nom de Community Supported Agriculture (CSA), l'agriculteur s'engageait cette fois à une production biologique. En 2000, on recensait un grand nombre de CSA dans différents pays: plus de 1000 en Amérique du Nord, 100 en Angleterre, mais également en Australie, Danemark, Pays-Bas, Allemagne, Hongrie, Ghana, Nouvelle Zélande....
Ce concept est arrivé en France en 2001 par le biais de militants d'ATTAC lors d'une réunion sur la «malbouffe». Il est mis en œuvre sous le nom de «réseau de proximité». Là encore il s'agit d'un engagement mutuel entre producteur et consommateur, l'un s'engageant à livrer des produits frais, variés et biologiques, l'autre à acheter par avance quelque soit le résultat de la récolte (et donc assurant un revenu au producteur). Ces réseaux de proximité ont vite rencontré un grand succès, sous l'impulsion à la fois des producteurs et des consommateurs séduits. Ils se sont par la suite développés dans plusieurs villes sous le nom d'AMAP, Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne, avec l'aide de l'association Alliance Paysans Ecologistes Consommateurs (une des rares associations françaises comprenant différentes composantes de la société civile sur cette thématique). Il existe aujourd'hui plus d'une centaine d'AMAP en France, dont 14 dans le département du Rhône.
[...] Une initiative de particuliers qui rassemble les populations locales Les origines et la mise en place du projet Madame Andrieu et sa famille sont arrivées à Saint-Priest dans l'année 2006. Ils habitaient auparavant le quartier lyonnais de Montchat et appréciaient sa convivialité, notamment lors des petits marchés hebdomadaires. Lorsqu'ils ont emménagé à Saint-Priest, dans le nouveau quartier des Hauts de Feuilly, ils n'ont pas trouvé leurs marques dans une ville qui n'offrait selon eux pas de lieu convivial pour faire leurs courses. Le grand marché hebdomadaire de Saint-Priest est d'après Céline Andrieu trop impersonnel. Il y a beaucoup trop de monde et on ne «voit pratiquement plus les producteurs». [...]
[...] En septembre, une visite de l'exploitation Gontel a ainsi été organisée à Ampuis. Il y avait une cinquantaine de membres des Bios de Feuilly. Les producteurs n'avaient encore jamais vu autant de monde autour de leurs champs pour une visite d'"amapiens", ce qui montre bien la réussite du projet de Céline Andrieu et Philippe Garry. L'AMAP Bios de Feuilly a en plus réussi à rassembler tout type d'adhérents, il y a beaucoup de familles avec des enfants, mais également des personnes plus âgées. [...]
[...] Ceci peut s'expliquer par le fait que Saint-Priest est une ville jeune mais que les jeunes qui y vivent habitent en général chez leurs parents. Les jeunes (19-25 ans) sont en effet très peu nombreux à emménager seuls à Saint- Priest, préférant habiter à Lyon même. De plus, les prix pratiqués par l'agriculture biologique sont plus élevés et des étudiants ne peuvent pas toujours se permettre d'acheter tel type de produit. Tous les adhérents de l'association que nous avons rencontrés se sont déclarés très contents du concept des AMAP. [...]
[...] Il existe aujourd'hui plus d'une centaine d'AMAP en France, dont 14 dans le département du Rhône. Pour ce dossier, nous nous sommes intéressées à l'AMAP des Bios de Feuilly née en juin 2007 à Saint-Priest. Elle met en liens des consommateurs de Saint-Priest et de quelques communes environnantes, et des producteurs biologiques d'Ampuis, l'EARL[1] Gontel de 8 hectares. Saint- Priest est une ville de plus de habitants, elle appartient à la première couronne de banlieues lyonnaises (cf carte de localisation ci- après). [...]
[...] On peut le voir comme un acte de solidarité à double sens: de la part du consommateur et de l'agriculteur. Chacun parie sur l'avenir en assurant à l'autre une position confortable en cas de problème. Cette assurance pour l'avenir est également réelle dans d'autres domaines. En effet, il existe encore divers avantages que l'on pourrait prendre en compte ici. Ils concernent plutôt une dimension sociale, ou plus exactement d'entraide. Le fait que les membres de l'association s'engagent à l'avance est une garantie pour l'agriculteur. [...]
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