Si le risque est inhérent à toute société, la vulnérabilité des établissements humains semble aujourd'hui s'accentuer face aux risques tant naturels, que technologiques ou industriels. C'est le résultat inéluctable d'une concentration croissante d'hommes et de leurs activités sur des espaces restreints et souvent densément urbanisés, et d'un foisonnement de mutations et d'innovations, touchant tous les domaines économiques.
Spécialiste du risque, François Ewald a qualifié le terme de « mot valise, qui sert à désigner tout type d'événement, individuel ou collectif, mineur ou catastrophique ».
Cependant, on entendra par risques « industriels », les activités le plus souvent liées à la fabrication, l'emploi, le stockage ou le transport de substances dangereuses, que ce soit sous forme de matières premières, de produits ou de déchets, aux propriétés telles que l'inflammabilité, la toxicité ou l'explosivité. Les établissements concernés englobent donc les usines chimiques, raffineries, sites pétrochimiques, sites de stockages d'hydrocarbures, dépôts explosifs ou installation frigorifiques utilisant de l'ammoniaque.
La directive n° 82/501/CEE du 24juin 1982 dite SEVESO I en donne la définition suivante : « événement tel qu'une émission, un incendie ou une explosion d'importance majeure, résultant de développements incontrôlés, survenus au cours de l'exploitation d'un établissement couvert par ladite directive, entraînant un danger grave, immédiat ou différé, pour l'homme à l'intérieur ou à l'extérieur de l'établissement et/ou pour l'environnement et faisant intervenir ou une plusieurs substances dangereuses »
Après des décennies de développement incontrôlé (1950 – 1970), nul ne songeait à la possibilité de ces risques, faisant confiance en la science et ses progrès. Cependant, plusieurs accidents graves liés à ces risques industriels ont changé la donne, provoquant à chaque fois plus de dégâts. Jacques Theys a ainsi mis montré que le nombre d'accidents industriels graves est proportionnel à la croissance économique. C'est ainsi que de 3 à 4 accidents industriels par an entre 1940 et 1970, puis à une dizaine entre 1970 et1975, nous sommes passés à une trentaine depuis cette date.
Les accidents industriels peuvent produire des conséquences désastreuses, bien au-delà des limites du site industriel, c'est pourquoi, la maîtrise de l'urbanisation alentour est strictement nécessaire. Or, force est de constater que les activités industrielles se concentrent principalement dans les zones les plus densément peuplées, le long des fleuves, et des principaux axes routiers sur lesquels circulent aussi les matières dangereuses.
L'objet de notre étude sera de montrer en quoi la maîtrise du risque industriel est elle indissociable de la gestion urbaine : il est indéniable que dans une société où la science est omniprésente, où les échelles de risques ont considérablement changé ; il est nécessaire de protéger les populations des possibles dommages résultant d'une exploitation à outrance de l'industrie.
Ainsi, nous étudierons dans un premier temps l'évolution des rapports entre les risques industriels et la ville (I), puis dans un second, nous nous arrêterons sur la catastrophe de l'usine AZF à Toulouse en 2001 (II), dont les conséquences ont dramatiquement marqué les esprits et permis enfin de renouveler les outils de coordination entre maîtrise des risques et gestion urbaine, notamment depuis la loi du 30 juillet 2003 (III).
[...] du Mirail au centre. L'explosion a formé un cratère d'une quarantaine de mètres de diamètre et de 7 m de profondeur par rapport au sol naturel. Vue du magasin DARTY, depuis un point situé à 320 m au nord du cratère La première limite est celle du PIG et la seconde celle du PPI. On remarque dans la première zone la présence d'une portion de la rocade et dans la seconde, surtout dans la partie nord, la présence d'un tissu urbain dense (habitations, établissements scolaires, EDF) A gauche sur la photo, (extraite de Images de France, Midi-Pyrénées) l'avenue de Muret, très touchée après l'explosion. [...]
[...] Le 24 juin 1982, la directive dite SEVESO demande aux Etats et aux entreprises d'identifier les risques associés à certaines activités industrielles et de prendre les mesures nécessaires pour y faire face. Ce furent ensuite des accidents comme ceux de Bhopal en 1985 et de Mexico en 1984, qui incitèrent les institutions communautaires à a proposer une nouvelle directive adoptée le 9 décembre 1996, abrogeant la précédente à compter du 3 février 1999. La directive SEVESO II renforce la notion de prévention des accidents, en imposant aux exploitants la mise en place d'une organisation proportionnée aux risques inhérents à leur installation ; et en organisant la maîtrise de l'urbanisation autour des sites. [...]
[...] Mesure peu applicable, dans la plupart des immeubles où les vitres avaient été brisées et où les populations craignaient l'éboulement. Les dégâts matériels : - logements endommagés très sérieusement) dont dans le parc HLM - entreprises - 3 lycées - une université et plusieurs instituts supérieurs - des dizaines d'écoles et de collèges - l'hôpital psychiatrique - de nombreux équipements publics (salles de spectacles, piscines ) La loi du 30 juillet 2003 : une approche globale des risques pour une meilleure cohabitation entre les industries et la ville A. [...]
[...] Risques industriels et ville : une difficile conciliation Le risque, naguère fléau et calamité que l'on ne pouvait que subir tend à devenir une donnée intégrée aux sociétés contemporaines, les sociétés du risque selon Ulrich Beck. Ainsi, les risques et les menaces actuelles se distinguent fondamentalement de ceux du Moyen-âge, qui extérieurement leur ressemble par leur caractère global et leurs causes modernes. Ce sont des risques liés à la modernisation. Ils sont le produit global de la machinerie industrielle du progrès, et ils sont systématiquement amplifiés par la poursuite de son développement. A. [...]
[...] La directive 82/501/CEE du 24juin 1982 dite SEVESO I en donne la définition suivante : événement tel qu'une émission, un incendie ou une explosion d'importance majeure, résultant de développements incontrôlés, survenus au cours de l'exploitation d'un établissement couvert par ladite directive, entraînant un danger grave, immédiat ou différé, pour l'homme à l'intérieur ou à l'extérieur de l'établissement et/ou pour l'environnement et faisant intervenir ou une plusieurs substances dangereuses Après des décennies de développement incontrôlé (1950 1970), nul ne songeait à la possibilité de ces risques, faisant confiance en la science et ses progrès. Cependant, plusieurs accidents graves liés à ces risques industriels ont changé la donne, provoquant à chaque fois plus de dégâts. [...]
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