Les indicateurs de la biodiversité : l'analyse quantitative est-elle pertinente dans la lutte pour la préservation de l'environnement ?

Thèmes abordés

Indicateurs de la biodiversité, analyse quantitative, préservation de l'environnement, extinction de masse, Convention de Rio, politique écologique, Vincent Devictor, modèle économique, Millenium Ecosystem Assessment

Résumé du document

Aujourd'hui, nous parlons d'une sixième extinction de masse. Le Millenium Ecosystem Assessment estime qu'environ 60% des services écosystémiques sont menacés. La dégradation constante de l'environnement menace aujourd'hui 20,000 espèces animales et végétales d'après l'UCIN. Le flot continu de chiffres sur le déclin de la biodiversité est alarmant. Cette catastrophe écologique en cours s'est inscrite dans notre inconscient collectif. Pourtant, nous restons sur cette pente descendante et peu d'actions sont entreprises pour résorber ce déclin. Pour appréhender notre environnement et cette "biodiversité", l'analyse quantitative et la mise en place d'indicateurs sont une des approches les plus utilisées, notamment en économie.

Extraits

[...] La quantification est une manière d'appréhender la réalité Nous verrons dans cette partie que la quantification de la biodiversité, malgré son évidente approximation, est nécessaire si l'on veut appréhender la situation du « vivant ». C'est de plus un préalable à l'éventuelle prise de décisions en faveur de la préservation de l'environnement. Dans son article, Vincent Devictor estime que la quantification ne permet pas de rendre compte d'une situation, d'une réalité. Au contraire, pour lui, cette quantification tend à brouiller la compréhension du monde : « À ce compte-là, il y aura toujours quelque chose de pourri au royaume de l'Anthropocène : son chiffrage contribue à nous faire rater son déchiffrage ». [...]

[...] En effet, les indicateurs de la biodiversité sous-tendent une valorisation de ce qui « compte ». Ce sont des constructions normatives, et en tant que tel ils ont donc un sens politique. Nous venons de saisir l'importance de la quantification de la biodiversité pour sa compréhension et comme outil d'aide à la décision. Mais nous allons voir que la plupart des travaux sur l'évaluation économique de la biodiversité proviennent du courant dominant, celui de la croissance, et que cette approche n'entrevoit pas de changement radical pour limiter la dégradation des milieux naturels. [...]

[...] Une fois que la quantification et la mise en place d'indicateurs du « vivant » à permis la réalisation d'un certain état de l'environnement, il est possible d'agir. Il faut préciser que ces solutions sont toujours dans la droite lignée des politiques actuelles de la croissance. Ces solutions passent donc principalement par le progrès technique et la régulation par le marché, dans une approche anthropocentrée. Parmi les solutions de cette deuxième « antichambre », la majorité de celles-ci est relative, comme le proclame Vincent Devictor avec la mise en place d'une « société de contrôle de la nature à grand renfort de technologies ». [...]

[...] Cette valeur instrumentale est symbolisée par la notion de « services rendus ». Le Millenium Ecosystem Assessment a catégorisé trois types de bénéfices rendus par le bon fonctionnement des écosystèmes. Il y a les services d'approvisionnement, qui correspondent aux ressources naturelles fournissant l'alimentation aux Hommes et aux ressources dont les sociétés humaines ne peuvent se passer, telles que l'eau potable et le bois. On a ensuite les services de régulation qui sont relatifs aux grands processus écologiques contribuant par exemple au cycle de l'eau et à la régulation des maladies et des pollutions. [...]

[...] C'est de par la quantification des écosystèmes que ces solutions ont pu être apportées. Comme le dit Vincent Devictor : « Dès lors que je peux quantifier l'état du « système terre », je me donne la possibilité de le traiter en système clos, contrôlable ». Le « baromètre du vivant », en faisant état de la biodiversité, du nombre d'êtres vivants, et en faisant part des espèces animales et végétales en danger, permet donc de guider, d'aiguiller, de donner une marche à suivre aux décideurs politiques. [...]