Depuis les réformes amorcées en 1978 qui marquèrent la fin de l'ère maoïste, la Chine a progressivement fait sa place sur le marché économique mondial, devenant peu à peu un acteur incontournable. Ce pays que l'on surnomme souvent « l'usine du monde » a ainsi connu ces dernières décennies une croissance économique fulgurante, notamment grâce à des exportations massives facilitées par son adhésion à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 2001.
L'industrialisation débridée, l'intensification agricole et l'expansion urbaine qui vont de pair avec ces performances ont des impacts multiples et souvent dramatiques sur l'environnement naturel du pays, alors que celui-ci cicatrisait déjà difficilement des blessures infligées par les politiques des gouvernements précédents.
En dépit d'un accroissement des fonds disponibles pour les investissements nécessaires à la restauration environnementale et de progrès technologiques indéniables (en matière d'efficacité énergétique et de contrôle de la pollution notamment) , la Chine fait péniblement face à une crise écologique majeure.
Paradoxalement, les dommages engendrés par cette croissance économique accélérée nuisent en retour au développement présent et peuvent potentiellement miner l'avenir du pays : non seulement ils affectent directement la qualité de vie de la population, mais menacent également à moyen terme le renouvellement de l'inestimable capital naturel national –incluant la production de ressources diverses et d'innombrables services écologiques.
[...] 144- Wang Junying, Temporal variations of surface water quality in urban, suburban and rural areas during rapid urbanization in Shanghai, China, In : Environmental Pollution no pp. 387- Webber Michael et al., Pricing China's irrigation water, In : Global Environmental Change no pp. 617- Xu Hai et al., Anthropogenic Impact on Surface Water Quality in Taihu Lake Region, China, In : Pedosphere Vol pp. 765- Yeh Emily T., Greening western China : a critical view, In : Geoforum no pp. [...]
[...] Le problème viendrait plutôt selon les chercheurs d'un manque crucial d'institutions et d'infrastructures adaptées. Ils considèrent en effet que l'absence de droits sécurisés sur l'eau et de réservoirs permettant de stocker des volumes importants (pouvant être ainsi utilisés postérieurement) empêchent les producteurs d'économiser la ressource.[74] De plus, le gros des pertes se situerait non pas à leur niveau mais à celui des districts d'irrigation en charge des canaux, avec plus de 50% de l'eau déviée des fleuves qui disparaît par des phénomènes d'évaporation et d'infiltration avant même d'atteindre les champs des cultivateurs.[75] À cela il faut encore ajouter la compétition existante entre les districts d'irrigation qui ont tendance à utiliser un maximum d'eau pour pouvoir bénéficier de la même quantité l'année suivante, l'allocation des ressources étant faite en fonction de la consommation.[76] Webber et son équipe réfutent également un des arguments fondamentaux des défenseurs d'une régulation par le marché, qui avancent que les cultivateurs ne sont pas encouragés à économiser l'eau car son prix est fixé en fonction de la surface irriguée et non du volume consommé.[77] Selon eux, les coûts nécessaires pour pomper l'eau du canal ou des nappes souterraines jusqu'au champ s'avèrent extrêmement chers et impliquent en fait un prix volumétrique.[78] Les chercheurs contestent ainsi les chiffres qui estiment que le prix payé par les paysans n'est pas suffisant pour les inciter à économiser l'eau, affirmant qu'au contraire les producteurs chinois payent déjà un prix réel au volume plus élevé que les citadins de Melbourne par exemple.[79] Il est malgré tout estimé que le prix de l'eau actuellement fixé par le gouvernement chinois ne suffit pas à couvrir les coûts d'approvisionnement et de traitement.[80] Le manque de moyens dont disposent les services publics les empêchent ainsi de pourvoir le pays avec des infrastructures modernes et fiables. [...]
[...] Ibid. Ibid. Chen (2009), pp. 53-60. Ibid., pp. 27-28. La pollution industrielle de l'eau a subi une baisse de 19% et celle de l'air 33%. [...]
[...] Wang (2008), p Chen (2009), p Chen (2009), p. 66-75. Selon Chen (2009, p. l'amende maximale à laquelle s'expose une industrie est de 100'000 RMB (à peine plus de 14'000 USD), ce qui est largement insuffisant pour installer une station de traitement de l'eau usée. [...]
[...] Développement & Gestion des ressources hydrologiquesen République Populaire de Chine Juillet 2008 Ouvrier nettoyant les poissons morts dans le Lac Guangqiao de la province du Hubei. Le climat caniculaire de cette année a empiré la pollution des eaux engendrée par les résidus industriels non traités et les égouts. (Source : http://www.guardian.co.uk) Sommaire 1. Introduction p Les conséquences sur l'eau des différentes vagues de développement 1. Les grands aménagements hydrauliques, une tradition chinoise p Le double héritage de l'ère Mao p Des réformes de 1978 à nos jours p L'industrialisation p L'agriculture p Les zones urbaines p Quelles mesures pour enrayer la crise de l'eau ? [...]
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