C'est la Commission mondiale sur l'environnement et le développement qui, dans le rapport Brundtland (1987), introduit pour la première fois la notion de développement durable. Il s'agit d'atteindre « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. » Cette conception du développement est intergénérationnelle. En effet, on envisage les possibilités d'action à l'échelle d'une génération ou plus. Si l'on considère qu'une génération représente approximativement vingt-cinq ans, l'unité de temps n'est plus l'année mais le quart de siècle. Cette conception du développement à long terme se double d'un élargissement de la notion de capital. Le rapport Brundtland identifie donc trois dimensions qui doivent être intégrées dans toute démarche de développement durable : l'économique, le social et l'environnemental. Pour être soutenable dans le temps, le développement d'une société implique la reproduction et l'élargissement des trois dimensions du stock de capital : le capital économique classique, le capital écologique, c'est-à-dire l'ensemble des ressources naturelles dont hérite une génération, et le capital d'équité sociale, qui correspond à la capacité intégratrice de la société. Cette dernière dépend notamment de l'accès aux richesses et leur mode de répartition. Par ailleurs, le développement durable met en place deux autres types de solidarité : une solidarité internationale, qui implique une redéfinition des rapports Nord- Sud, et une solidarité au regard des inégalités sociales. En effet, ce sont souvent les populations les plus défavorisées qui sont les premières victimes de la pollution. Le développement durable intègre donc aussi des objectifs de lutte contre la pauvreté.
Cette conception d'un développement adapté aux exigences environnementales est née d'un consensus entre plusieurs pays au sein d'une organisation internationale telle que l'ONU. Cela explique en partie qu'elle se trouve au cœur des débats et des politiques publiques en matière d'environnement. A l'inverse, le concept de décroissance soutenable apparaît comme marginal et peu présent dans les bouches des politiques spécialisés dans ce domaine.
Le concept de « décroissance » naît dans les années 1980 - en partie au travers de la thèse de Nicholas Georgescu-Roegen - de la prise de conscience des conséquences du productivisme de la société industrielle sur l'environnement. On peut également citer, parmi ses influences décisives, le rapport précurseur publié par le Club de Rome en 1972 et intitulé « Halte à la croissance ? », qui même s'il n'en pas un texte fondateur à proprement parler, a posé le premier la question des rapports entre croissance économique et dégradation de l'environnement, et dont l'idéologie de la « croissance zéro » a eu de nombreux héritiers, parmi lesquels les tenants de la décroissance soutenable. Basé sur la conviction que l'expression « développement durable », modèle auquel il s'oppose explicitement, est un oxymore auquel il reproche de faire miroiter la compatibilité d'une croissance économique et d'une gestion durable de l'environnement, le concept de décroissance soutenable reste cependant très marginal au sein de l'opinion publique. Se revendiquant comme un révolutionnaire projet de civilisation basé sur des valeurs et non comme un modèle économique, il est de fait considéré comme irréaliste, voire utopiste par une grande majorité de la classe politique.
Il sera tenté, dans le présent document, de déterminer les grands points sur lesquels nos deux concepts s'opposent, ceci afin d'émettre, à travers l'examen de leurs modalités d'application respectives, des propositions quant à leur application concrète à l'échelle mondiale.
[...] Ainsi, on peut se demander si cette notion n'est pas caractérisée par un certain ethnocentrisme, si elle ne conduit pas à imposer le point de vue des pays du Nord par rapport à celui des pays du Sud. En effet, le développement durable semble être une affaire de riches Par exemple, les grandes entreprises occidentales se sont approprié le concept, au moins sur le plan de la communication. Mais ce n'est pas le cas de celles du Sud, qui ne sont pratiquement pas représentées dans le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD). [...]
[...] Petite encyclopédie, Larousse, Paris o DELCHET Karen, Qu'est-ce que le développement durable AFNOR, Paris o RIDOUX Nicolas, La décroissance pour tous, Parangon/Vs, Lyon o SMOUTS Marie-Claude (dir.), Le développement durable, Les termes du débat, A. Colin/Dalloz, Paris - Pages Web o Articles Wikipedia : Développement durable (http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9veloppement_durable) Décroissance soutenable (http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9croissance_soutenable) o Autres pages Web : Institut d'études économiques et sociales pour la décroissance soutenable (http://www.decroissance.org/) http://www.alternatives-economiques.fr/site/221_004.html http://www.politis.fr/article1804.html Centre de recherche et d'information des organisations de consommateurs, La dématérialisation (http://www.oivo- crioc.org/files/fr/1952Concept.pdf) http://metasearch.franceevasion.com/search.php?keywords=phot o%20developpement&username=&ranking=1&action=msn_images&page http://chicheweb.org/article.php3?id_article=391 GEORGESCU ROEGEN Nicolas, La décroissance, Entropie-Ecologie-Economie Le développement durable [ . [...]
[...] Le modèle du développement durable paraît dans cette optique beaucoup plus pertinent. Le modèle de la décroissance soutenable a été conçu pour les pays d'ores et déjà industrialisés et développés, imprégnés de la culture et des modes de consommation occidentaux, mais ne propose, contrairement au développement durable, quasiment aucun modèle de développement alternatif pour les pays pauvres, ceci au nom d'un relativisme culturel selon lequel vouloir imposer aux pays pauvres une vision occidentale du développement serait ethnocentrique. Toute définition d'un développement est cependant subjective et comporte en cela une certaine part d'ethnocentrisme ; les partisans de la décroissance soutenable, qui par idéologie, ainsi qu'on l'a vu précédemment, prônent la pauvreté - et non la misère - se voient de plus taxés de paupérisme du fait du consensus quasi-général sur les liens entre réduction de la misère (pour reprendre le terme utilisé par les décroissants) et de la croissance économique. [...]
[...] Le seul fait de régir l'économie de marché par des règles équitables ne suffirait donc pas à rendre la croissance soutenable Mais l'utilisation des mécanismes économiques pour obliger les agents économiques à respecter les normes environnementales pourrait porter ses fruits. C'est ce que démontre le protocole de Kyoto. Malgré toutes ces perspectives prometteuses et la relative effectivité des mesures d'ores et déjà mises en place, la viabilité du modèle global de développement durable dépend en grande partie de la possibilité ou non de disjoindre la croissance des flux financiers, et le dynamisme socio-économique qu'elle conditionne, de la croissance des flux de matière et d'énergie qui l'accompagne traditionnellement. [...]
[...] La finance internationale constitue donc un enjeu majeur pour les institutions multilatérales comme le FMI ou la Banque mondiale. Ainsi, le financement du développement durable s'appuie sur cinq grandes innovations financières : - L'Investissement socialement responsable (ISR) consiste à introduire des critères environnementaux et sociaux pour sélectionner des placements financiers. - Depuis 2002, plusieurs grandes banques internationales ont adopté les principes de l'équateur dans leur activité de financement de projets. Ces principes conduisent à utiliser pour la sélection des projets les critères environnementaux et sociaux mis au point par la Société financière internationale filiale de la Banque mondiale. [...]
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