Le développement durable est un mode de développement « qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » selon le rapport Brundtland, Notre avenir à tous, 1987. Le développement durable correspond à la volonté de se doter d'un nouveau projet de société pour tenter de remédier aux excès d'un mode de développement économique dont les limites sont devenues perceptibles.
Suite à une prise de conscience tardive, la référence au développement durable s'est imposée dans le discours des responsables politiques, des institutions internationales, des dirigeants d'entreprises et des médias. Cette notion a ainsi fait naître un large débat, à l'échelle mondiale, sur les responsabilités nouvelles des différents acteurs, ainsi que sur les outils politiques, économiques, juridiques et culturels nécessaires à des pratiques renouvelées. Face aux enjeux majeurs environnementaux (épuisement des ressources naturelles, dégradation de l'état global de la planète…), le développement durable vise à ce que les différentes et nombreuses questions liées aux politiques publiques (environnement, santé, pauvreté, migrations, accès à l'eau et à l'énergie) soient abordées dans leur ensemble de manière transversale.
Aujourd'hui, le terme de développement durable a pénétré de nombreuses sphères de la société : les chercheurs s'en emparent comme objet, le domaine associatif le revendique, le monde de l'entreprise l'affiche et les pouvoirs publics incitent les collectivités territoriales à le mettre en œuvre. Aussi, si des acteurs aux intérêts a priori antagonistes s'approprient le même concept, cela laisse à penser qu'il s'agit d'une doctrine de compromis.
Ainsi, la montée en puissance d'un tel concept : novateur, consensuel, transversal, nourrit un véritable débat sur le contenu de la notion et sur son appropriation récente par des acteurs aux intérêts divergents. Pour comprendre les clés de ce débat, il conviendra tout d'abord de revenir sur l'histoire de la construction du concept de développement durable, pour ensuite essayer d'en donner une définition la plus complète possible, tant au niveau théorique qu'au plan opérationnel puis enfin, apporter un regard critique sur le concept qui semble aujourd'hui se diluer.
[...] Vers de nouvelles évolutions de sens du Développement Durable ? Ainsi, certains universitaires ou chercheurs, réfléchissant à la notion de développement durable, cherchent à instituer la culture comme quatrième pilier du développement durable et de lui donner une reconnaissance institutionnelle et pratique. Dans cette vision, la culture en tant que marqueur d'un groupe est vue comme source de richesses pour l'humanité, et le respect de la diversité des cultures comme un élément à part entière de l'éthique du DD. C'est notamment ce que cite Jacques Chirac dans son discours de Johannesburg en 2002, car cette dimension de multiculturalisme se situe dans la lignée des courants altermondialistes ou développementalistes, porteurs historiques de la notion de DD. [...]
[...] Cette question relève de la même logique que celle qui considère à faire du ministère de l'Environnement celui du DD : ainsi, on peut arguer que le DD est pris en charge par une instance administrative, que le pouvoir s'en occupe, alors qu'il est cantonné à une action avant tout environnementale, déconnectée des autres activités. Ce type de discours ou d'action contribue très largement à la dépréciation de la valeur du DD, et à la confusion qui entoure le sens de ce terme. [...]
[...] 95-108 LASCOUMES Pierre, Les ambiguïtés des politiques de développement durable Conférence n°293 de l'Université de tous les savoirs du 18 octobre 2000, retranscrite in Qu'est-ce que les technologies ? Université de tous les savoirs, vol Paris, Odile Jacob pp. 561-570 Questions à propos du développement durable, PUCA (sous la direction de G. Garin Ferraz et F. Goudet), METLTM SMOUTS Marie-Claude, le développement durable : un concept édulcoré in SMOUTS Marie Claude le développement durable : les termes du débat, Paris, Armand Colin pp. [...]
[...] Le principe de responsabilité se heurte aux mêmes obstacles dans la sphère politique et économique que le principe de précaution : alors que sa déclinaison paraît relativement aisée, notamment avec le mécanisme pollueur- payeur, sa mise en œuvre est rendue difficile, car c'est, selon de nombreux acteurs économiques et politiques, un frein à l'activité productive. Par conséquent, ce principe de responsabilité peine à se faire une place, et reste souvent un leurre quand il est utilisé. C'est notamment la question de sa mise en place a priori des actions potentiellement dangereuses qui pose problème. [...]
[...] Bibliographie BOUTAUD Aurélien, Le développement durable, un objet de négociation ? De la conception coopérative d'un concept à son appropriation compétitive in Le développement durable : penser le changement ou changer le pansement ? (pp 29-102), thèse de doctorat de sciences de la terre et génie de l'environnement de l'Ecole Nationale des Mines de Saint Etienne CLERC Denis, Du club de Rome à Johannesburg, la longue marche in Le développement durable (pp 20-23), Alternatives Economiques, HS 63, 1er trimestre 2005. [...]
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