Dotée d'une superficie représentant six fois la France, l'Inde possède un milieu naturel incroyablement riche et varié aujourd'hui menacé par de nombreux facteurs : l'urbanisation rapide et extrêmement destructrice, l'usage de plus en plus répandu de pesticides et herbicides toxiques, le pompage abusif des nappes phréatiques... Les zones boisées sont elles aussi mises en danger : de 22% du territoire recouvert de forêts en 1970, ce ne sont plus que 15% en 1996. Ces chiffres auraient remonté suite aux campagnes de reforestation, mais, les plantations sont faites en fonction de la demande sur le marché, et mettent en danger la diversité du milieu forestier. Les rivières sont elles aussi gravement polluées par les industries utilisant des procédés anciens et très salissants (tanneries, distilleries), ainsi que des produits chimiques dangereux.
Ainsi, la question de l'environnement en Inde est devenue cruciale. Au travers de cette étude, nous entendons mettre en avant quelques aspects du rapport à l'environnement en Inde contemporaine. Nous analyserons pour cela deux cas différents : le rapport à la forêt des femmes ādivāsī (et plus particulièrement santal), et un mouvement de libération du Gange, issu d'un petit temple hindou. Dans les deux cas, nous verrons comment la protection de l'environnement se trouve au croisement des sphères religieuses et politiques, et voit se cristalliser nombre d'enjeux contemporains.
[...] Il leur demande aussi de parler aux gens de leur entourage et aux commerçants de leur quartier. Ils ont enfin pour devoir d'être là durant les grands moments de mobilisation comme la journée de protestation et de prise de serment du 13 janvier 2006 (HEUZÉ : 7). La revendication organisée par le sant autour du Gange a été mise en avant pour la première fois le 7 novembre 2005, mais cela fait plusieurs années que le problème est soulevé à Allahabad, Haridvar et Kanpur. [...]
[...] La dégradation de la nature est un réel problème auquel doivent faire face les Indiens, mais les diverses revendications qui y sont associées donnent à voir la grande complexité des phénomènes politico-religieux en lien avec le rapport à la nature. Nous voyons tout d'abord au travers du texte de Marine Carrin les savoirs, et activités de subsistance menacés par la dégradation des forêts. Le cas des femmes santal est assez éclairant. C'est pourquoi finalement, la forêt est au coeur des revendications identitaires des tribus. [...]
[...] Les grands partis nationalistes hindous ne sont donc pas les seuls à politiser le religieux. Au-delà du nationalisme hindou, perspective sectaire, réformiste et militante, il y a la religion populaire. On voit combien il est facile de glisser des modes de relation de maître à guru vers des formes de mobilisation politique dans le cadre de la pratique particulière du Vieux Temple. La présence de cercles de fidèles gravitant autour du sanctuaire du maître facilite la diffusion de messages : Si le temple n'était pas ce foyer de religion ressenti comme authentique, personne n'y viendrait écouter le message sur le Gange Djallal Heuzé montre à travers cet exemple que, si les tendances politiques instrumentalisent régulièrement le religieux, le religieux à son tour, instrumentalise le politique. [...]
[...] Finalement, il semble difficile de séparer clairement le politique du religieux, qui sont imbriqués et se nourrissent mutuellement, ce qui explique la popularité du nationalisme hindou. C'est pourquoi le Mouvement de Libération du Gange qui semble à première vue engagé politiquement afin de libérer le fleuve, est, comme nous l'avons montré plus haut, enraciné dans les conceptions religieuses, et tient essentiellement au caractère sacré du Gange. Mais ce point précis pose également, et paradoxalement, le problème de sa dégradation, car affirmer le caractère sacré du Gange, c'est, pour un grand nombre d'hindous, affirmer sa capacité à se défendre, et sa nature imputrescible. [...]
[...] Comme le montre cette présentation par Djallal Heuzé, le Gange a une place très importante dans l'imaginaire en Inde, et en particulier pour les hindous : Le Gange, c'est le pays. Il en est la représentation, le symbole supérieur, mais aussi la structure. (Heuzé : 12). À Allahabad (Prayag pour les hindous) notamment, a lieu un kumbh mela, ou fête de la jarre. Au cours de ces rassemblements festifs, les fidèles écoutent des prêches, se promènent en bateau sur le fleuve, et prennent des bains votifs inaugurés par les sadhu (ou samnyasin) et les sant. [...]
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