« Celui qui croit qu'une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est un fou, ou un économiste. » Kenneth Boulding (1910-1993), économiste.
Après trente années de croissance élevée et ininterrompue, le modèle de croissance des pays industrialisés du Nord est remis en cause par des prédictions d'effondrement écologique et social. Penser l'existence d'un éventuel lien de causalité négatif entre croissance économique et qualité de l'environnement ne va pas seulement servir les thèses des premiers théoriciens de la décroissance, mais va aussi permettre un renouvellement des théories traditionnelles de la croissance.
Il convient, tout d'abord, de donner une définition succincte des termes du sujet :
« La décroissance est un concept politique, économique et social, se plaçant à l'opposé du consensus politique actuel, selon lequel la croissance économique est un bienfait. Les adeptes de la décroissance proposent de lui substituer une diminution de la consommation et de la production, basée notamment sur la simplicité volontaire, permettant de respecter le climat, l'écosystème et les êtres humains » ( définition wikipédia ).
Selon le rapport Brundtland (1987), le développement durable est « un développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins ».
Dans une optique de lutte contre la crise environnementale et des maux qui lui sont associés faut-il concilier ou opposer l'écologie et l'économie ? Qui du développement durable ou de la décroissance est le plus capable de parvenir à contenir les problèmes d'environnement tout en garantissant une certaine justice sociale ?
Le concept de décroissance, bien que souffrant d'un déficit de réalisme, semble être le plus à même d'endiguer les causes néfastes de l'économie capitaliste du siècle précédent ( I ). Le développement durable plus populaire aux yeux des agents économique traditionnels est, quant à lui, un modèle tout à fait réalisable mais la question de son efficacité reste en suspens ( II ).
[...] Il convient de se concentrer sur les points de conflits entre les théories de la décroissance et du développement durable pour bien cerner la singularité du modèle de la décroissance. Plus qu'une opposition systématique au développement durable, la décroissance permet de souligner les faiblesses du modèle de développement durable. Un des plus beaux exemples de mise en accusation est l' effet de rebond qui remet, une fois encore, en cause la croissance économique L'effet de rebond : Supposons une situation où la consommation ne peut augmenter par manque d'argent. [...]
[...] Des mesures globales Le développement durable, pour être optimal, doit recueillir l'assentiment mondial. Comment recueillir cet assentiment mondial ? En effet, des études ont montré que la demande d'un environnement de qualité se caractérise par une élasticité-revenu supérieure à c'est donc un bien supérieur. Il est vrai que l'intérêt vis-à-vis de l'environnement vient quand les problèmes de nourritures et de conditions de vie basiques sont assurés. C'est pour cette raison que le développement durable, qui a souvent affirmé sa volonté de stabiliser la population mondiale, doit allouer des ressources au financement des programmes d'alphabétisation, pour amorcer la transition démographique. [...]
[...] En effet, il est dur d'imaginer un pays comme la France qui renonce unilatéralement à son rôle compétitif économique dans le monde, à moins d'imaginer une sorte de despote éclairé qui imposerait des mesures environnementales autoritaires (cf H. Jonas La décroissance face au développement durable. La décroissance ne tient pas compte du fait que les consommateurs ont les moyens de remédier à la crise environnementale tout en assurant une croissance économique. Par exemple, imaginons que les emplois de gardiens de réserves naturelles se multiplient et que leurs salaires sont assurés si une demande consent à débourser le prix d'entrée aux réserves naturelles ainsi créées. [...]
[...] Flipo de la tendance consumériste de nos sociétés occidentales. Les théoriciens et les adeptes de la décroissance refusent le dogme de la croissance économique, qui s'érige à la fois comme un objectif mais aussi comme la garante d'un bien-être accrue pour les citoyens. De plus, la croissance exprime l'évolution de la valeur finale ne tenant compte que des coûts de production explicites ; les effets négatifs, externalités en tout genre ne sont pas pris en compte. Le PIB, en tant que différence entre valeur marchande de la production et consommations intermédiaires, est considéré par de nombreuses personnes comme un indicateur inadapté, témoin du gâchis consumériste, ne prenant pas en compte le bien-être des populations ou la santé de l'environnement. [...]
[...] Les limites objectives de la décroissance La décroissance : un terme polysémique. Ce paragraphe se situe dans la lignée du précédent. En effet, le manque de cohésion au sein des tenants de la décroissance tend à marginaliser ce mouvement. Une fois de plus, on peut dire que la décroissance nous invite plus à songer à la radicalité des ruptures qu'il faudra consentir plutôt qu'à adhérer à la globalité des thèses de la décroissance. Décroissance soutenable, décroissance sélective sont des variantes de la décroissance au sens originel de Georgescu-Roegen. [...]
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