Le prix Nobel de la paix de l'année 2007 a créé la surprise puisque pour la première fois dans l'histoire du prix, furent récompensés à la fois des savants, mais aussi, en la personne d'Al Gore, un militant. Pour la première fois, la lutte pour la sauvegarde de l'environnement a été reconnue “d'utilité publique”, nécessité contemporaine au maintien de la paix entre les peuples, puisque l'on peut dire sans aucun doute que les probables conflits de demain seront des conflits liés à l'environnement, et en premier lieu, au sujet de l'eau.
De plus, pour beaucoup, cette récompense, représente un véritable camouflet à l'administration Bush qui refuse de voir la réalité du problème en particulier en ne signant pas les accords de Kyoto. Aujourd'hui il est encore trop tôt pour dire quelle influence peut avoir cet évènement, cependant, il semble indubitable que les politiques environnementales à venir devront compter avec le poids du nouveau prix Nobel.
On peut cependant se demander pourquoi cet évènement a pu faire couler autant d'encre, on peut avoir en effet l'impression que ces problèmes sont logiques et qu'il n'est pas nécessaire d'être un scientifique ou un homme politique pour en prendre conscience.
[...] Ainsi, il n'est pas rare de rencontrer, dans un débat sur les problèmes environnementaux, des divergences profondes entre ces différents acteurs. En effet, il y a aujourd'hui une multiplicité de l'identité collective écologiste, certains mouvements tranchent énormément avec les mouvements vus précédemment, en effet, certains mouvements, ne trouvent pas leur légitimité dans le débat environnemental en s'appuyant sur les discours scientifiques “reconnus”. Ainsi des associations militantes comme en particulier Greenpeace, reconnues comme des associations de contestation du modèle de développement ont contribué à enrichir le débat sur les savoirs environnementaux puisqu'elles se sont “opposées” à la scientifique. [...]
[...] En effet, les politiques publiques sont les seules possibilités de peser sur la situation actuelle. Cependant, face à un monde politique peinant à mettre en place des politiques profondes, par exemple en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, l'action des sphères militantes et savantes paraît plus que nécessaire. En effet, ces deux sphères contribuent à soulever les problèmes et ainsi à mettre à l'agenda politique ces nouveaux savoirs qui nécessiteraient l'intervention de la puissance publique. [...]
[...] Cependant, il arrive aussi bien souvent que ces mécanismes ne fonctionnent pas, il peut en effet exister de nombreux conflits, une certaine concurrence entre les deux sphères. Enfin, il est important de finir en précisant que la construction des savoirs environnementaux n' est pas une fin en soi, en effet, le but des deux sphères, qu'elles soient d'accord ou non, est de faire réagir à la fois l'opinion publique mais aussi et surtout la classe politique, le but à terme étant en effet de produire des politiques publiques, politiques qui sont un peu le lieu d'affrontement par excellence. [...]
[...] La difficile tâche de la sphère politique est ici de concilier des intérêts divergents, tels que la protection de l'environnement mais aussi le développement industriel pour une croissance économique soutenue et durable. Cette situation de compromis à travers la négociation est la situation la plus souvent rencontrée actuellement, les associations disposant d'un fort capital de légitimité à la fois auprès des scientifiques et auprès des citoyens, deviennent de plus en plus des interlocuteurs privilégiés. Cependant, les interactions conflictuelles ne sont pas absentes des politiques publiques, en effet, les associations contestatrices telles que Greenpeace viennent troubler le jeu des experts et des associations plus traditionnelles et surtout des décisions politiques, l'exemple du nucléaire civil illustre particulièrement bien ce fait, loin de rejeter leurs traditionnels moyens d'action (action sur le réacteur nucléaire de la Hague par exemple qui participe à un transcodage politico-événementiel), les militants en développant une contre-expertise viennent troubler l'ensemble de la chaine de décisions, en effet, ils se focalisent sur les justificatifs techniques et scientifiques donnés par exemple par le CEA ou le CNRS mais aussi par les bureaux d'études, le ministère ou les départements de recherche et développement des entreprises comme EDF. [...]
[...] Offerlé, l'expertise fait partie de l'un des trois registres de la protestation. La construction de savoirs environnementaux par la sphère militante, qui est en plus extrêmement demandée par l'opinion publique, les ONG jouissent en effet d'une côte de popularité très élevée puisqu'elles passent pour des médiateurs incontournables, des défenseurs des valeurs morales, cette construction donc nécessite ainsi le recours à l'expertise savante reconnue comme par l'opinion, ainsi, les ONG seront plus aptes à agir puisqu'elles auront produit un discours acceptable, sans adversaires et surtout distancié et neutre. [...]
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