Fleuve Sénégal, développement, aménagements hydrauliques, sécheresse, Vallée du Sénégal
La Vallée du fleuve Sénégal, vaste étendue inondable au potentiel agricole extraordinaire en milieu sahélien, a toujours constitué un enjeu important pour les populations et les différentes puissances détentrices du pouvoir de la région. Durant la période coloniale, l'aménagement du fleuve a très tôt intéressé les autorités, comme en témoigne dès 1802 le Plan de colonisation agricole du Sénégal, ancêtre de l'OMVS actuelle. Un début de mise en valeur avec essais de cultures irriguées voit le jour en 1822 dans le cadre du « jardin expérimental » de Richard Toll dans le delta, tandis qu'en 1892 commencent une série d'études hydrographiques. La première véritable ébauche de système intégré de mise en valeur du fleuve Sénégal nait en 1934 avec la Mission d'Etudes et d'Aménagement du Fleuve Sénégal (MEAF) qui regroupe le Soudan (actuel Mali), le Sénégal et la Mauritanie, et réalise des études hydrologiques et des travaux d'aménagement hydro-agricoles. La Mission d'Aménagement du fleuve Sénégal (MAS) prend sa succession en 1938 et mène des recherches concernant l'irrigation ; après la création de périmètres irrigués, elle conçoit dans les années 50 un projet de deux barrages-digues à Dagana et Kaédi afin de régulariser la submersion. En 1959, elle passe sous le contrôle des trois États autonomes du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal, avant d'être dissolue en 1965 au profit de la Société d'Aménagement et d'Exploitation des terres du Delta et des vallées du Sénégal (SAED) qui prend à son compte le développement de la riziculture dans la Vallée par le biais de la création de grands casiers rizicoles irrigués.
[...] Avant de constater les réussites et les progrès de tout changement, il faut du temps. Ainsi, si l'on peut dire aujourd'hui que les retombées économiques générées par la canne à sucre à Richard Toll sont incontestables, il ne faut pas oublier que les aménagements de cette région sont beaucoup plus anciens et que les premiers essais de riziculture irriguée sont longtemps demeurés infructueux. Pour les autres cas, ne soyons pas trop pressés de pointer les échecs et les nombreux effets pervers, car certains points sont très positifs. [...]
[...] Ceci entraîne d'ailleurs certains conflits entre pasteurs et agriculteurs dans la mesure où le risque de saccage des cultures par les animaux reste élevé. La restriction de l'inondation des cuvettes de pâturage depuis la régularisation contribue, de plus, à la sous-alimentation des troupeaux. En effet, conséquences de la retenue des eaux, les mares et marigots temporaires en arrière des bourrelets de berges ne sont plus assez remplis, privant les animaux à la fois d'eau et de fourrage. Ce qui, ajouté aux perturbations des chemins de transhumances et à la restriction de l'accès au fleuve induit par l'aménagement des périmètres irrigués ainsi qu'à la Crise de l'élevage au Sahel, rend difficile la situation des pasteurs Mais des échecs à relativiser L'aménagement de la vallée semble donc soulever de nombreux problèmes, d'ailleurs dans son article Fleuve Sénégal : gestion de la crue et avenir de la Vallée Adrian Adams présente une vision très négative des aménagements hydroagricoles réalisés sur le fleuve Sénégal. [...]
[...] D'autre part, l'électricité produite, loin de soutenir le développement industriel et minier du Mali, sert avant tout à alimenter les villes de Dakar, Nouakchott et Bamako alors que les villages alentour [les plus principalement touchés par les retombées négatives] n'ont même pas accès à l'électricité. Concernant l'agriculture, au départ, les projets semblent bien fonctionner, mais au regard des études menées 20 à 30 ans plus tard, on se rend compte que si les objectifs annoncés n'ont pas été tenus, la situation semble même parfois pire que lors de sa prise en main. [...]
[...] L'agriculture irriguée apparaît en effet comme étant plus compliquée et nécessitant un travail supplémentaire dont la rentabilisation n'est pas assurée. Si ce système traditionnel perdure pendant la période coloniale et après l'indépendance, il va être fortement perturbé par les aménagements progressifs, notamment la mise en place des barrages et la modification du régime du fleuve en aval. Ainsi, les surfaces cultivées sur le walo vont se trouver fortement réduites tandis que la durée de remplissage des cuvettes est restreinte, ce qui ne garantit plus les conditions optimales pour obtenir de bons rendements. [...]
[...] Genèse, objectifs et résultats des aménagements hydroagricoles dans la vallée du Sénégal 1. Les sécheresses des années 60-70 et la création de l'OMVS La volonté d'aménager les rives du Sénégal pour l'agriculture est très ancienne comme en témoignent les essais de périmètres irrigués de Richard Toll et la genèse des programmes de recherches et de mise en valeur de l'agriculture dans la vallée du Sénégal. Mais après les sécheresses de 1968- 1973, la nécessité d'entreprendre un programme de mise en valeur agricole et de gestion des eaux s'est encore davantage fait ressentir, afin de garantir une bonne irrigation des terres chaque année (en 1972, la crue avait en effet seulement inondé 1800 ha contre habituellement) et faire que les hommes puissent enfin vivre ici . [...]
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