Que ce soit dans le milieu montagnard ou le milieu urbain, l'animal est classé selon des caractéristiques qui vont le définir comme « sauvage » , « domestique », « naturel », ou encore « nuisible » ou « libre ». On voit bien que les classements possibles sont nombreux, et varient selon le point de vue des acteurs qui partagent le même milieu que l'animal ; ils intègrent toutefois toujours un critère d'éloignement et un critère d'ordre comportemental pour les définir (...)
[...] Lectures complémentaires BAUDU Mathilde Commentaire du texte d'Isabelle MAUZ, La conception de la juste place des animaux dans les Alpes françaises et des chapitres 7 et 10 de Nathalie Blanc, extraits des Animaux et la ville. Le commentaire ci-dessous a pour but d'analyser et de faire dialoguer le texte intitulé la conception de la juste place des animaux dans les Alpes françaises d'Isabelle MAUZ, tiré du corpus de textes de lectures complémentaires en anthropologie de la nature, et les chapitres 7 et 10 du livre Les animaux et la ville publié en 2000 par la sociologue et géographe Nathalie Blanc. [...]
[...] L'espace est donc, par le biais des animaux, orienté et configuré par l'homme. Ernst Cassirer parle de conception mythique de l'espace, au sens où les lieux ne sont pas seulement, ni même d'abord, définis par leur position absolue, mais par les objets qui s'y trouvent et les évènements qui s'y sont déroulés, réellement ou fictivement Ainsi, dans le cas des Alpes, le lieu est d'abord défini comme sauvage ou naturel (remarquons au passage que l'espace est soumis aux mêmes classements que l'animal) en fonction de l'espèce qui y vit ou y a vécu : le loup par exemple (p.141). [...]
[...] Pour les locaux, dans les Alpes (regroupant les chasseurs, éleveurs et premiers agents des parcs nationaux [voir p.130 du texte Isabelle MAUZ relève ainsi que pour être sauvage, l'animal doit être lointain (c'est-à-dire distant), mais farouche également, tandis que pour être domestique l'animal doit être proche de l'homme et docile : ainsi le chamois apparaît-il comme sauvage tandis que la vache se définit comme l'animal domestique par excellence (puisque jusque récemment, les vaches partageaient la demeure de leur propriétaire et vivaient au sein même de la famille) ; dans le même milieu montagnard, les nouveaux acteurs (nouveaux gardes-moniteurs diplômés, naturalistes, protecteurs de la nature (résumons les sous le terme d'universitaires puisqu'ils ont pour la plupart un niveau d'études relativement élevé) ne partagent pourtant pas les mêmes classements : pour eux, pas d'animal sauvage mais un animal dit naturel dont les caractéristiques pour être qualifié comme tel sont l'autochtonie ou encore l'exigence d'indigénat (cf. p.131) (c'est-à-dire être originaire du lieu) et l'autonomie vis-à-vis de l'être humain. [...]
[...] Toutefois, de nombreux conflits sont visibles tant autour de la question de l'espace que de celle des animaux –l'une allant bien souvent de paire avec l'autre ; mais il semble que là encore, ils ne soient que l'illustration des oppositions plus profondes qui divisent les hommes. Ces différences de perception du monde animal sont ainsi exposées dans un autre texte du corpus, celui de A. Luxereau traitant des animaux ni sauvages ni domestiques que sont les girafes des Blancs au Niger Comme dans notre texte, on y retrouve une confrontation de point de vue entre les locaux nigériens, et les savants (pour reprendre les mots de notre texte) blancs qui ont décidé de protéger l'espèce contre l'avis de la plupart des habitants. [...]
[...] Citons cette phrase de l'auteure pour résumer le propos : On ne peut trouver beau qu'un animal qui occupe la place qu'on lui attribue. Réciproquement, on trouve moins belle une montagne privée des animaux dont on pense qu'ils devraient la peupler Beauté du lieu et beauté de l'animal sont indissociables, et leurs qualités se transmettent par un jeu d'assimilation subtile perceptible dans les discours. Il en va toutefois de même pour les défauts et les reproches que l'on formule aux animaux : ainsi, on retrouve dans le texte d'Isabelle MAUZ tout le champ lexical de la maladie et de la contagion, afin d'illustrer le rapprochement fait entre une transgression de l'espace assigné à l'animal et les maladies que contractent les animaux vivant sur l'espace transgressé. [...]
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