La cathédrale de Lille, projetée au XIXème siècle, longtemps inachevée, est considérée jusqu´à une date récente comme peu digne d´intérêt. Le Guide bleu Hachette, en 1966, qualifie ainsi l´édifice de « monumental pastiche gothique sans intérêt architectural resté inachevé ». Il faut attendre la redécouverte de l´intérêt du néo-gothique par les historiens de l´art dans les années 1980 et la réhabilitation du quartier du Vieux Lille pour que les travaux d´achèvement de la façade soient mis en œuvre dans les années 1990 et que les Lillois se réapproprient le lieu depuis son inauguration en décembre 1999
[...] Quelles leçons tirer des résultats du concours et de ce qu'il en advient ? Par comparaison au faible engouement des Français, des architectes du monde entier s'enthousiasment pour le concours. Il s'agit là probablement de l'une des compétitions architecturales les plus importantes du XIXème siècle. En effet, bien que quelque peu oublié aujourd'hui, le concours rencontre à l'époque un large succès international et les milieux artistiques le suivent avec grande attention. Ainsi, de toute l'Europe c'est un total de 41 projets anonymisés qui se soumettent à l'appréciation du jury projets sont écartés car jugés insuffisants. [...]
[...] Les échafaudages sont en bois. Ainsi, on peut dire que c'est bien le souffle de l'esprit du Moyen Age qui anime le chantier, et pas seulement en matière de style. Les vicissitudes de l'Histoire et les difficultés de financement ralentissent considérablement le chantier (1875-1974) Si rien n'est véritablement construit lorsque Leroy est remplacé dans les années 1870, les architectes suivants restent cependant plutôt fidèles à son projet, à l'exception des parties hautes et de la façade. Fait particulier, chaque partie du chantier est achevée et décorée intégralement avant que ne commence la suivante. [...]
[...] Il ne s'agit donc plus de replacer les œuvres dans leur contexte ni de retrouver ce qu'elles ont pu signifier au regard de ce dernier, car ladite signification ne se déploie qu'au regard de son temps propre et seulement au regard de celui-ci. En ce sens, l'histoire mouvementée de la cathédrale de la Treille illustre bien comment plusieurs générations de bâtisseurs tentent avec plus ou moins d'enthousiasme et de réussite de s'approprier l'édifice et d'y projeter une signification propre. Après tout, n'est-ce pas vers l'intérieur, dit le poète romantique allemand Novalis (1772-1801), que va le chemin mystérieux ? Depuis son achèvement, quelle lecture du bâtiment aujourd'hui ? [...]
[...] La caractéristique essentielle du voile de marbre du Portugal de la façade est qu'il est hélio-sensible. Fait remarquable, cette façade dialogue avec l'extérieur : le jour, interpellé par son austérité, le visiteur entre dans l'édifice et découvre la luminosité qui irradie à l'intérieur là où, pour un croyant, le Christ est présent, où sa parole est célébrée tous les dimanches, tandis que le soir le diocèse a fait installer de grands projecteurs qui font que la façade est rétro-éclairée de l'intérieur, faisant de l'édifice religieux un phare qui illumine la cité. [...]
[...] De plus, l'évêque revoit le projet à la baisse. Inscrit dans un mouvement de catholicisme social, proche des Evangiles et donc des plus petits, l'évêque s'interroge : Dieu veut-il vraiment un édifice aussi grand, aussi majestueux et richement décoré ? De même, un élan vers le modernisme pousse à cesser d'idéaliser la foi du Moyen-Age, soi-disant plus pure et plus grande, et à assumer d'être une religion de l'incarnation, en accord avec ce qui se fait aujourd'hui. En cela, le concile de Vatican II dans les années 1960 joue un rôle majeur. [...]
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