Histoire de la pensée juridique : La rupture de l’unité de Foi, et la mise en place de l’État de droit divin

Résumé du document

Il s'agit d'un cours de grande qualité en Histoire de la pensée juridique ayant pour objet d'étude la rupture de l'unité de Foi, et la mise en place de l'État de droit divin.

Ce document clair, exhaustif et très bien structuré s'avèrera fort utile pour de nombreux(ses) étudiant(e)s en Droit, science politique, Histoire, IEP, GEA, AES, etc.

Voici le plan :

Introduction.

I) La rupture luthérienne
§ 1. La critique des « œuvres »
§ 2. La critique de la médiation ecclésiastique

II) Conséquences pour l'État et le droit
§ 1. Condamnation de la révolte contre les puissances
§ 2. Statut du pouvoir temporel
A L'exaltation du temporel
B. Vers l'État de droit divin
1°) Les thèses luthériennes
2°) La querelle du droit divin et ses enjeux

Extraits

[...] La critique luthérienne de cette institution privilégiée de médiation entre Dieu et les hommes que prétend être l'institution ecclésiastique, est donc radicale. Sa pensée va entraîner des conséquences tout aussi radicales dans le domaine de la pensée du droit et de l'Etat II) Conséquences pour l'État et le droit Par ses orientations doctrinales, et il se différencie sur ce point de l'autre grand réformateur qu'est le français Jean Calvin, Luther s'intéresse peu, voire pas du tout à la vie de la cité. [...]

[...] Les interventions de Luther s'inscrivent donc dans un cadre polémique, mais elles ne font qu'exprimer avec force les propositions qui sont la conséquence de ses options fondamentales. § 1. Condamnation de la révolte contre les puissances La prédication luthérienne déclenche en effet des mouvements de révolte sociale qui se réclament explicitement de ce qui apparaît à beaucoup comme un nouvel Évangile. Se fondant sur les principes développés par lui, certains prétendent rejeter par la violence toutes les institutions établies, pour les remplacer par de nouvelles règles, uniquement fondées sur la source évangélique : profondément, il s'agit de réaliser ce que les théologiens chrétiens rejettent depuis toujours - au moins dans leur grande majorité, car des « hérésies » fondées sur les mêmes thèmes se sont développées à de multiples reprises au Moyen Âge - il s'agit de fonder la cité et les lois directement sur la parole de Dieu. [...]

[...] Ses positions théologiques vont le conduire à nier l'institution ecclésiastique telle que l'a conçue et construite la tradition catholique, pour affirmer le sacerdoce universel de tout chrétien. § 1. La critique des « œuvres » Au point de départ, il y a la critique des « œuvres » : selon Luther ce ne pas les « bonnes œuvres » qui font l'homme bon, c'est la bonté de l'homme qui peut seule rendre bonnes les œuvres. Contrairement aux thèses défendues alors par une partie du courant humaniste, la foi seule selon lui fait le chrétien, la foi, c'est-à-dire l'aide divine, la grâce, laquelle est totalement gratuite et arbitraire. [...]

[...] A travers ces propos, le rôle que la pensée luthérienne, c'est-à-dire l'une des principales orientations de la réforme protestante, assigne au pouvoir civil et à son instrument la loi, commence à se dessiner. § 2. Statut du pouvoir temporel Sur ce point, les modifications apportées par la rupture protestante conduisent d'une part à exalter le pouvoir temporel, d'autre part à lui attribuer un rôle tout différent. A L'exaltation du temporel, qu'on peut aussi présenter comme une sorte de libération, est le résultat inévitable de la remise en cause des formes institutionnelles qui avaient été données à l'instance spirituelle. [...]

[...] Histoire de la pensée juridique La rupture de l'unité de Foi, et la mise en place de l'État de droit divin Introduction. Au regard de l'importance qu'ont les principes venus de la foi dans la pensée et la pratique juridique de la période médiévale, on comprend l'importance essentielle que va avoir la rupture religieuse qui met fin à l'unité de ce que beaucoup continuaient à appeler la « république chrétienne », et donne naissance à deux Europes, l'Europe protestante et l'Europe catholique, deux mondes qui certes demeurent fondamentalement chrétiens, mais à l'intérieur desquels le lien entre le droit et les fondements transcendants qu'on continue à lui assigner ne sont plus pensés de la même manière. [...]