Il s'agit d'un cours de grande qualité en histoire des idées politiques ayant pour objet d'étude Jean-Jacques Rousseau et l'absolutisme démocratique.
Ce document clair, exhaustif et très bien structuré s'avèrera fort utile pour de nombreux(ses) étudiant(e)s en Droit, science politique, philosophie, IEP, etc.
À bien des égards la pensée de Rousseau est complexe et paradoxale. Nous verrons qu'il fait l'apologie de la démocratie et conclue, parallèlement, qu'il s'agit d'un régime inapplicable aux hommes. Pourtant, toute sa pensée repose sur un paradigme unique, très simple à appréhender, et promis à une postérité extraordinaire : l'égalité. À ce titre, il se positionne à l'exact opposé de Montesquieu au sein de la philosophie des Lumières. Les deux « monstres sacrés » de l'illumination de la Politique par la Raison sont aussi divergents qu'ils sont complémentaires. Quand Montesquieu revendiquait la liberté, la « séparation » des pouvoirs et une certaine forme de pluralisme social, Rousseau, lui, prône l'égalité absolue, l'unité des institutions, l'uniformité du peuple et l'indivisibilité de la souveraineté. Chacun d'eux appuie sa réflexion politique sur une lecture subjective de l'Histoire, et particulièrement chez Rousseau, de l'Histoire Antique.
Nous allons reprendre tous ces éléments dans quatre parties successives : une rapide présentation de la vie de Rousseau et son contexte social et politique (I), sa conception personnelle de l'Etat de Nature, à travers l'étude de ses premières œuvres (II), l'analyse, aussi pointue que possible, de son chef-d'œuvre, Le Contrat Social, en présentant les concepts et les modèles sur lesquels elle se fonde, tels que la volonté générale ou les institutions de la République romaine (III), et enfin, l'étude de la postérité de sa pensée qui relève autant du rationalisme que de l'utopie (IV).
Voici le plan :
Introduction.
I) L'enfant terrible devenu trublion philosophique
II) L'État de Nature chez Rousseau : un âge d'or perdu ?
III) Le Contrat Social et l'infaillibilité de la volonté générale
A. Le contrat social : le fondateur de l'unité
B. La volonté générale : l'expression de la souveraineté
C. La société civile : les garanties de l'égalité
D. Les institutions : une impossible démocratie ?
IV) Les enfants de Rousseau : entre cité démocratique et égalitarisme
[...] Il se réfugie dans les livres et découvre, fasciné, les grands auteurs de l'Antiquité tels que Tite-Live, Caton et surtout Plutarque dont Les vies parallèles, narrant le vécu des législateurs mythiques et des hommes illustres, de Lycurgue jusqu'à Jules César, le marquera durablement. Il écrira dans L'Emile : « je me croyais grec ou romain ; je devenais le personnage dont je lisais la vie ». Même s'il fait son éducation auprès de Mme de Warrens, en Savoie, chez laquelle il restera plus de dix ans, Rousseau est avant tout un rebelle et un autodidacte. [...]
[...] Plus tard, dans Le Contrat Social, il le formulera ainsi : « L'homme est né libre et partout il est dans les fers ». Détaillons le contenu de ces deux discours . Par rapport à la science et à l'art, Rousseau affirme que les deux sont contraires à la vertu et qu'ils ne peuvent entraîner que la corruption de la nature de l'Homme. Il prend comme exemple l'histoire de l'Egypte pharaonique qui, dès qu'elle a cultivé « la philosophie et les beaux-arts » est tombée sous le joug des Perses, des Grecs, des Romains, et des Arabes. [...]
[...] A bien des égards, il est vrai, le proscrit est un provocateur politique qui, selon Madame de Staël « a tout enflammé » en livrant la plus absolutiste de toutes les doctrines du XVIII[e] siècle. La postérité de cette œuvre à mi-chemin entre la démocratie et le totalitarisme ne pouvait qu'hériter de son paradoxe intrinsèque. IV) Les enfants de Rousseau : entre cité démocratique et égalitarisme. Dans la phase révolutionnaire, disons, entre 1789 et 1799, la pensée de Rousseau eut une influence considérable. [...]
[...] Son œuvre restera inachevée, fragmentaire, par manque de stabilité ou peut-être par manque de travail. Le Contrat social qui paraît en 1762 n'est en fait que la première partie d'un grand traité qui aurait dû s'intituler Institutions politiques et qui aurait dû constituer la réponse de Rousseau à l'Esprit des lois de Montesquieu. La même année paraît L'Emile, son traité sur l'éducation, immédiatement condamné par le Parlement de Paris et la Sorbonne comme anticatholique. Jean-Jacques Rousseau, alors âgé de 50 ans, doit reprendre sa pénible errance, se réfugiant successivement en Suisse (à cette époque, la Confédération Helvétique n'intègre pas encore Genève), en Angleterre (sur l'invitation de Hume). [...]
[...] Et Rousseau le justifie. D'abord par une argumentation positive : « chacun se donnant tout entier, la condition est égale pour tous, et la condition étant égale pour tous, nul n'a intérêt de la rendre onéreuse pour les autres. De plus, l'aliénation se faisant sans réserves, l'union est aussi parfaite qu'elle peut l'être et nul associé n'a plus rien à réclamer ». Puis, par une argumentation négative : « car s'il restait quelques droits aux particuliers, comme il n'y aurait aucun supérieur commun qui pût prononcer entre eux et le public, chacun étant en quelque point son propre juge prétendrait bientôt l'être pour tous, l'état de nature subsisterait et l'association deviendrait nécessairement tyrannique ou vaine ». [...]
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