Nous aimerions commencer notre enquête en tâchant de prendre en vue la situation et le contexte historiques dans lesquels Heidegger a développé sa conception de l'herméneutique. Lorsqu'il commence à aborder la question de l'herméneutique, dans ses premières années d'enseignement, Heidegger philosophe de l'intérieur de l'institution universitaire : ce n'est pas un Schopenhauer ni un Nietzsche, qui ont, quant à eux, quitté le monde académique pour se consacrer au philosopher ; c'est un homme qui est engagé dans la carrière universitaire et qui tâche d'inscrire sa vocation de philosophe à l'intérieur de cette institution.
[...] Il ne faut pas croire, parce que la posture de la phénoménologie consiste d'abord à laisser apparaitre les choses, que le phénoménologue n'a rien à faire, qu'il se contente de cueillir au petit bonheur les phénomènes qui se présentent à lui. C'est fort mal si connaitre en regard que de penser cela. Voir nécessite de regarder, et l'homme peut passer une vie à apprendre à regarder les choses. Combien de mois de sa vie, comment de jours de travail, Cézanne a-t-il consacré à simplement regarder la montagne Sainte-Victoire, dans l'espoir toujours renouvelé, toujours tendu de la voir telle qu'elle est, et de nous offrir, comme il le dit « la vérité en peinture » ? [...]
[...] L'herméneutique chez Heidegger Propos liminaires Le contexte historique Nous aimerions commencer notre enquête en tâchant de prendre en vue la situation et le contexte historiques dans lesquels Heidegger a développé sa conception de l'herméneutique. Lorsqu'il commence à aborder la question de l'herméneutique, dans ses premières années d'enseignement, Heidegger philosophe de l'intérieur de l'institution universitaire : ce n'est pas un Schopenhauer ni un Nietzsche, qui ont, quant à eux, quitté le monde académique pour se consacrer au philosopher ; c'est un homme qui est engagé dans la carrière universitaire et qui tâche d'inscrire sa vocation de philosophe à l'intérieur de cette institution. [...]
[...] Le thème de l'ouvertude, de cette capacité dont l'homme hérite de pouvoir s'y entendre auprès des choses, résonne chez Heidegger très fortement avec l'étonnement, tel qu'il avait été compris et thématisé par les Anciens, Platon et Aristote. Nous n'entendons plus l'étonnement avec une oreille grecque : notre étonnement moderne se confond avec la simple surprise. Pourtant, dans « étonnement » il y a « tonner » : l'étonnement est comme un tonnerre qui nous frappe de stupeur et nous interloque. [...]
[...] Comment comprendre que le chemin herméneutique chez Heidegger, c'est-à-dire le chemin pour saisir et interpréter l'essence des phénomènes, en passe ainsi systématiquement par l'histoire du sens des mots que nous utilisons pour les désigner ? C'est que là précisément se joue le travail de déconstruction. L'homme est de telle manière qu'il met entre lui et les choses des mots. Il est l'être parlant. Mais ces mots que j'intercale entre moi et les choses, ce ne sont pas mes mots. Ce sont les mots courant de ma langue, donc de mon peuple, pour désigner la chose en question. [...]
[...] Il retrouve chez Aristote également cet énoncé : « l'élocution est l'explicitation de quelque chose par les mots » : ici c'est notre mot « expliciter » qui traduit le grec « herméneia ». Nous traduisons également par « De l'interprétation » l'œuvre de Aristote qui nous a été transmis sous le titre « Peri Hermèneia ». Ce qui est à chaque fois désigné originellement par le mot grec « herménéia », c'est la capacité du discours, de la parole, à rendre manifeste ce qui est simplement là, tout en n'étant pas parfaitement visible. L'herméneutique consiste, par la parole, à faire voir, à rendre manifeste à autrui, simplement l'étant là-devant tel qu'il est. [...]
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