Comment organiser une politique culturelle publique qui s'adapte à cette mobilité contemporaine des publics et des cultures, tout en garantissant l'unité et la constance d'une représentation commune de la culture ? Si chacun a son rapport propre à la culture, peut-il exister encore une politique culturelle publique cohérente ?
[...] Selon moi, s'adapter à la demande des publics, consiste pour une politique culturelle à considérer deux principes fondamentaux. Le premier consiste à conserver l'héritage de la culture d'un peuple. Le second consiste à développer et à aider à la création nouvelle, à s'adapter à la diversité constante de l'évolution des cultures. Dans une certaine mesure, ces deux principes semblent s'opposer, dans le sens où ils entraînent deux définitions disjointes de leur objet. La première définition supposera de considérer la culture comme un fond de représentation commun à un peuple ou une nation, lui servant de référence et de modalité d' « être au monde », au travers de son héritage matériel et spirituel. [...]
[...] Cette politique culturelle publique s'intègre aussi au développement de l'économie. Que serait la ville de Marciac ou de Cannes sans leurs festivals ? Si la pratique d'une politique culturelle attentive à la demande des publics suppose un certain nombre d'avantage, au plan politique, social et économique, la question se pose cependant de savoir quelles sont les limites d'une offre de culture publique qui se place sous la dépendance d'une demande et se voit instrumentalisée afin de répondre à cette attente d'un public. [...]
[...] Si chacun a son rapport propre à la culture, peut-il exister encore une politique culturelle publique cohérente ? Avec la création d'un ministère de la culture, la France a proposé au monde un modèle significatif d'une relation du politique au culturel, au travers d'une subvention de la culture par le domaine public, visant à sa préservation et à son développement. La culture devenait de la sorte l'un des points essentiel d'une spécificité française, patrie des poètes, des artistes, mais aussi des villages classés et des monuments historiques. [...]
[...] Ainsi, l'amateur éclairé mais aussi le béotien ou l'enfant peuvent retirer de ce cheminement à travers l'exposition une connaissance et une rencontre culturelle épanouissante. Chacun aura parcouru la même exposition mais chacun aura découvert ou fait l'expérience de cette exposition d'une manière différente : Cette attention très moderne au public dans sa spécificité culturelle marque l'évolution de la politique publique en matière de promotion de l'art, laquelle s'adapte aux différences des individus et à leur demande. Dans la société post- moderne, il existe une consommation de biens culturel au même titre qu'il existe une consommation de biens matériels, et cette demande de culture fait l'objet d'un marché dans lequel s'intègre la proposition de culture publique. [...]
[...] C'est bien des années plus tard que les artistes primitifs modernes furent considérés comme très importants aux yeux du marché de l'art et de la critique C'est parce que la politique culturelle publique s'est opposée au public que cette œuvre majeure a pu être préservée. La politique publique doit donc savoir répondre à la demande des publics, au sens où celle-ci doit participer d'une idée collective et commune de la culture mais elle doit aussi porter attention à certaine idée plus universaliste de la culture qui échappe aux désidératas des publics, La question, pour une politique publique culturelle, est alors de savoir, non pas à qui il faut plaire ou à quelle demande il faut répondre (bien que cette question possède sa valeur) mais plutôt en quoi ce type de musique, cette œuvre d'art ou cet objet renvoient à l'universel, au-delà de leurs spécificités et de leurs modalités culturelles transitoires et contemporaines. [...]
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