Ce document est une dissertation qui porte sur le rire chez Molière et qui répond à la problématique suivante "Dans quelle mesure cette citation vous semble-t-elle rendre compte des comédies de Molière, L'École des Femmes et Georges Dandin ?
Pour cela, vous verrez que dans ses deux pièces, nous rions de l'altérité, de l'écart face à la norme. Puis, nous remarquerons, que le « rire avec » est également présent chez Molière, de même qu'une multiplicité d'autres formes de rire. Enfin, nous finirons par constater que ces pièces sortent parfois de la comédie à proprement parler, en frôlant des situations dramatiques, faisant osciller le spectateur entre le rire jaune et même l'absence totale de rire.
[...] Lubin : Oui. Si j'avais étudié, j'aurais été songer à des choses où on n'a jamais songé. Clitandre : Je le crois. Tu as la mine d'avoir l'esprit subtil et pénétrant. » De plus, les « grivoiseries » de L'Ecole des femmes, qui lui ont d'ailleurs été reprochées, sont des moments de rire où le spectateur ne rit pas contre un personnage en particulier, il rit simplement des mots et de leur double sens : « Agnès : Hors les puces, qui m'ont la nuit inquiétée. [...]
[...] Rions-nous vraiment face à la dernière réplique du pauvre homme ? : « Ah je le quitte maintenant, et je n'y vois plus de remède : lorsqu'on comme moi, épousé une méchante femme, le meilleur parti qu'on puisse prendre, c'est de s'aller jeter dans l'eau la tête la première. » Ce n'est d'ailleurs pas pour rien si certains metteur en scène ont choisi de faire de cette pièce un drame, où George se suicide à la fin. De fait, ces deux pièces sont des satires sociales, mais si la satire est humoristique, ici, la dénonciation porte sur des sujets si importants qu'il est difficile de ne pas les voir d'un œil sérieux. [...]
[...] Telle est son ambition. Le rire permet donc de pointer du doigt une transgression, une étrangeté, qu'il s'agit d'éradiquer. Dans les deux pièces, Molière moque des vices humains. Arnolphe est un personnage-type : le barbon possessif, jaloux et autoritaire. Souhaitant épouser sa pupille Agnès, il l'enferme chez lui et la maintient dans l'ignorance pour qu'elle ne soit pas tentée de fréquenter des hommes. Molière va donc, comme le dit Marie Claude Canova Green, supposer une norme, celle du mari bienveillant, et « condamne[r] ceux qui la transgressent ». [...]
[...] Dans ces deux pièces, il y a donc bien la présence d'un rire qui s'abat sur « ce qui est autre », sur ce qui transgresse les lois morales. Il s'agit bien pour Molière de fustiger les vices humains, et de rire contre eux. * Mais le rire chez Molière revêt d'autres formes. Il peut notamment être un « rire avec », c'est-à-dire que l'on ne se moque plus d'un personnage, mais qu'on rit en même temps que lui d'une situation cocasse. [...]
[...] Il peut être ce moment où la tension dramatique redescend. La « scène du le » est, à ce titre, exemplaire. Agnès, dans sa grande naïveté, avoue à son tuteur qu'Horace lui a pris « le », sans jamais parvenir à terminer sa phrase, ce qui plonge Arnolphe dans un profond désarroi. Elle finit par mettre fin à cette tension dramatique : « Il m'a pris le ruban que vous m'aviez donné », phrase qui provoque l'hilarité générale du public, puisque la tension redescend, et surtout, il y a eu plus de peur que de mal pour le barbon désorienté. [...]
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