L'importance de la restitution des biens culturels africains comme devoir de mémoire

Thèmes abordés

afrique, patrimoine africain, culture africaine, travail de mémoire, colonisation de l'Afrique, spoliation d'oeuvres d'art, géographie culturelle

Résumé du document

Le rapport de 240 pages produit par Felwine Sarr et Bénédicte Savoy et intitulé « Rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain. Vers une nouvelle éthique relationnelle » qui fait l'objet de notre analyse se trouve être une oeuvre qui a déjà fait l'onde de choc en France et en Europe. Les opposants et les adjuvants s'affrontent sur la politique, le juridique, le savoir-faire et autres. La première partie de ce rapport revient sur le concept de « restituer » pour le travail de mémoire et de réparation, la deuxième partie s'attarde sur la restitution et l'inventaire des collections, et la troisième partie repose sur « accompagner les retours ».

Extraits

[...] Ils représentent des statues de cérémonies, de rituelles de développement qui régissaient la vie de ces africains. Les chefferies dans l'Ouest du Cameroun, communautés religieuses au Bénin, au Mali, au Sénégal, ou encore au Nigeria sont des centres de pérennisation de ces cultures qui ont vu leurs valeurs culturelles se rétrécir. Les œuvres d'art africaines ont inspiré tellement de génération d'artiste européen et il est temps que les africains eux-mêmes en faire de même. La restitution contribuera à la mise en place du développement mais aussi de création d'un climat de confiance dans les affaires. [...]

[...] Les opposants à la restitution estiment que cette perche tendue ouvre ainsi une boite de pandore. Les autres pays non pris en compte dans ce rapport se tourneront vers leurs anciennes métropoles coloniales pour réclamer à leur tour des restitutions et des réparations massives. Cette question de réparation est centrale puisqu'elle soulève un épineux problème (une bonne action souvent de multitudes autres problèmes) de la qualité des réparations et de leurs natures. En effet, rendre les objets volés ne remplacera pas les sources d'inspiration, réserves d'énergie, des ressources créatives, des gisements de potentiel, des forces d'engendrement de figures et de formes alternatives du réel, des puissances de germination. [...]

[...] Les collectionneurs et le marché de l'art a paniqué en premier, dans la mesure où cette restitution soulève le problème des responsabilités. Les clients privés et les collectionneurs ont terrorisé et paralysé par le rapport Sarr-Savoy dans la mesure où il faisait peser sur eux une présomption de culpabilité peut être légitime. Pourtant pour beaucoup, les amateurs, qui ont rassemblé ces pièces rares africaines l'on fait dans un esprit interculturel, mais ils sont aujourd'hui montrés du doigt et considérés comme des pilleurs. [...]

[...] Bibliographie Hugo Grotius, « Le Droit de la guerre et de la paix » (De jure belli ac pacis), Paris, Buon livre III, Souleymane Bachir Diagne et Jean-Loup Amselle, « En quête d'Afrique(s) », Paris, Albin Michel Henry Ling Roth, Great Benin. Its Customs, Art and Horrors, Halifax 1903. Laurick Zerbini, « La construction du discours patrimonial : les musées missionnaires à Lyon » (1860-1960) », Outremers. Revue d'histoire 356-357, p Claude Lévi-Strauss, « Anthropologie structurale II », Paris, Plon p Pierre-Étienne Flandin, Gaston Doumergue, Mario Roustan, « Mission ethnographique et linguistique Dakar-Djibouti ». Alain Godonou, « À propos de l'universalité et du retour des biens culturels : Réinventer les musées. Dossier coordonné par Malick Ndiaye. [...]

[...] Cette relance, par la restitution pose autant des problèmes mais aussi d'opportunités. Problème lié à la mise en œuvre de la restitution, à son applicabilité et à toute l'armada juridique, technique et politique à mettre en place cette problématique noble. Ce travail se mêle dans une cartographie des œuvres et à la programmation des restitutions. Penser restitution, c'est aussi penser, selon le rapport Sarr-savoy, une réconciliation franco-africaine et « bâtir des ponts vers des relations futures plus équitables ». Mais aussi il en va aussi de même pour l'accès de la jeunesse africaine à la culture ancestrale envers laquelle elle a été détournée depuis des dizaines d'année. [...]