Le sport au format du petit écran

Résumé du document

La télévision et le sport professionnel sont, me semble-t-il, devenus inséparables ; et nul événement sportif – national et international – d'une certaine importance ne se conçoit désormais sans son prolongement audiovisuel ou « télévisuel ». La télévision a sans aucun doute permis au sport de se développer et inversement, l'activité sportive a « servi » le petit écran.
L'existence de relations à la fois étroites et passionnées, mais aussi ambiguës et parfois conflictuelles entre le spectacle sportif et la télévision, semble aujourd'hui une évidence. Les relations économiques entre le sport et la télévision sont basées sur une convergence d'intérêts. Le sport attire la télévision en ce qu'il est un gisement d'audience, ce que confirment les taux d'audience exceptionnels réalisés par la retransmission des événements sportifs internationaux. De ce fait le sport contribue aux recettes publicitaires des chaînes de télévision d'autant plus que les annonceurs sont attirés par les émissions à forte audience. En outre, les grandes manifestations sportives ont des retombées en termes d'image et de standing pour ces chaînes de télévision. Le sport est quant à lui intéressé par le petit écran à la fois parce qu'il offre un gisement financier de plus en plus important permettant au système sportif de se développer, mais également parce qu'il assure la promotion du sport.
Mais ce phénomène, également perceptible dans la plupart des pays du monde (sous des formes différentes), n'est-il pas en train, par son ampleur et sa complexité, de modifier la nature même de l'acte sportif ? L'éthique de la compétition semble subir les effets de l'ordre économique qui caractérise les relations entre spectacle sportif et télévision.
Devenant un des principaux financeurs des compétitions sportives, la télévision tend à imposer ses règles et ses exigences (et/ou celles des téléspectateurs) ; du moins, elle met ceux qui veulent accéder aux images dans la position de s'adapter ou d'anticiper des demandes en vue d'être médiatisés. Cette dépendance croissante entre sport – en tant que spectacle sportif – et télévision aboutit ainsi parfois à des effets « pervers » :
hiérarchisation et développement inégal des disciplines sportives, vision déformée du sport, tendance à la « starisation » des sportifs, pression exercée sur les sports pour qu'ils modifient leurs propres règles du jeu…
En outre, l'utilisation des nouvelles technologies dans la mise en scène du sport – utilisation du gros plan, du ralenti, trafic de l'émotion ; dans l'arbitrage – tentation de l'assistance vidéo ; et dans le virtuel – habillage du spectacle sportif télévisé, publicité virtuelle… semble contribuer à la fois à la construction d'un genre télévisuel – interactif – mais également à un sport virtuel, coupé du réel et de ses racines, le réduisant alors à un produit de consommation audiovisuelle.
Le sport d'élite et son contenu – formaté aux exigences et impératifs télévisuels –seraient désormais indissociables de la culture « sport-télé »…

Extraits

[...] Moreover, important sports events allow television to collect dividends in terms of image and legitimacy. As to television, it is an interesting field for sports business, not only because it represents a deep financial source but also it ensures the promotion of sports. But, isn't this widely perceptible phenomenon modifying the nature of sport practice, due to its magnitude and complexity ? The ethics of sport competition is strongly influenced by the economical aspect that is inherent to the relations between sports and television. [...]

[...] Annexe 4 L'influence de la télévision sur l'organisation du sport, ses règles du jeu et l'environnement sportif en général - "Quand la télé réinvente le sport". Article de Guillaume Dubois et Daniel Fortin, L'Expansion juillet 1995. - "Sport : quand la télé commande". Enquête de Rémy Geasse, Jalila Zaoug et Xavier Yvon, Terre Économica mai 2004. - "Modifier les règles pour passer à la télé Article de Pierre Michaud, L'Humanité, février 1997. - "Pour passer à la télévision, le volley fait sa révolution". Article de Pierre Michaud, L'Humanité, décembre 1998. - "Comment l'Ovalie se vend à la télé". [...]

[...] Tanant avec la collaboration de P. Caracciolo, Grasset, Paris [147] Entretien avec Patrick Mignon lors du Forum mondial du sport en 2003 (article : La télé a tort de ne pas prendre de risque L'Humanité, paru dans l'édition du 23 août 2003). [148] Allocution de Patrick Mignon lors du Forum mondial du sport [149] À titre d'exemple, la finale du Mondial féminin de handball en 2000 n'était pas programmée a priori. Il a fallu une montée en puissance des joueuses de l'équipe de France pour que la rencontre soit retransmise. [...]

[...] Le modèle américain, qui nous montre un sport de haut niveau sous la totale dépendance des networks privés, semble prendre du terrain en Europe L'éthique sportive semble ainsi subir cet ordre économique. C'est ce qui nous amène à la deuxième partie dans laquelle nous allons nous intéresser à la manière dont la télévision hiérarchise les disciplines par un traitement médiatique très inégal, source de promotion ou de déclin des pratiques ; et également comment la télévision, désireuse d'adapter le spectacle sportif à l'intérêt des téléspectateurs, modèle le sport en fonction de ses besoins et conduit voire oblige de nombreuses fédérations à modifier leur règlement, leur déroulement, leur organisation et leur dispositif afin de les faire entrer dans les formats télévisuels (d'un point de vue narratif, temporel, esthétique et commercial). [...]

[...] Entretien recueilli par Gilles Dhers, So Foot (supplément à Libération), juin 2006. Paru dans L'Express du 20/04/2006 Tennis La vidéo, juge de ligne par Paul Miquel Dans certains tournois, elle va départager arbitres et joueurs. Mais la méthode a son revers. es chicaneurs n'ont qu'à bien se tenir. Lors du tournoi de Miami, à la fin de mars, les joueurs de tennis ont eu recours, pour la première fois de l'histoire, à un système de vidéo - baptisé Hawk-eye c'est-à-dire œil de faucon - pour contester certaines décisions d'arbitrage. [...]