Les femmes sont de plus en plus présentes dans les espaces sportifs puisque 64% des femmes déclarent avoir une activité physique régulière (contre 72% chez les hommes).
Sur les terrains de sport, les femmes ne sont plus jugées comme inconvenantes ou incapables comme cela pouvait être le cas au début du 20ème siècle. En effet, Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux Olympiques modernes, n'hésita pas à déclarer en 1912 : «Les footballeuses, les boxeuses, qu'on a tenté d'exhiber ne présentent aucun intérêt. Ce seront toujours d'imparfaites doublures. […] L'Olympiade femelle est impensable, inintéressante, inesthétique et incorrecte ». Le haut niveau a donc été construit pour et par les hommes.
Mais les mentalités ont peu à peu évolué ce qui permis une émancipation sportive.
Néanmoins cette ouverture ne s'est pas fait sans heurts et difficultés, le sport restant un monde d'homme où il ne faut pas se plaindre ni montrer ses faiblesses.
Ainsi, elles sont seulement six femmes aux 2èmes Olympiades en 1904. Au fur à mesure, elles sont plus nombreuses, mais représentent toujours moins de 10 % de l'ensemble des athlètes en 1924 à Paris. La courbe s'élevant spectaculairement à partir de 1984. Aux J.O. d'Atlanta, il ne restait "que" 26 pays sur 197 à s'entêter dans la misogynie et aux derniers Jeux Olympiques à Pékin en 2008, il y avait 45% de femmes.
Mais si on va au delà des chiffres et qu'on prête attention à ce que les sportives font, à ce qu'on montre d'elles, à ce qui est dit d'elles, on voit se dessiner des normes d'apparences corporelles, chose que l'on ne retrouve pas chez les sportifs.
[...] Pour Mauresmo on a comparé ses performances à un tennisman en l'appelant la Borg au féminin. Comme si les sportives ne pouvaient pas s'approprier l'exploit qu'elles viennent de réaliser. Il y avait eu aussi quelques années plus tôt, en 1991, l'exploit de Florence Arthaud qui avait gagné la route du Rhum et où les journalistes n'avaient pas hésité à titrer : Flo t'es un vrai mec ! Mais parfois cela va encore plus loin que le simple fait que la sportive soit décrite comme virile, masculine. [...]
[...] Il faut savoir que les tests de féminité pour les athlètes sont interdits depuis 1999, sauf pour les personnes suspectes. Mais que signifie suspectes ? Suspectes de quoi ? D'avoir des épaules trop larges, de ne pas se maquiller, de ne pas porter de bijou ? Un médecin n'a pas hésité à dire sur Europe 1 les autres onze finalistes avaient un morphotype féminin de coureuse de 800 mètres. Elles avaient des épaules étroites, on voyait leurs clavicules, elles avaient un bassin un peu large. [...]
[...] Donc toutes les sportives, même les plus féminines se rapprochent du modèle masculin. Le sport produit des hommes, ou des femmes qui ne sont plus de femmes Ainsi quand Mauresmo reconnaît ouvertement son homosexualité, cela ne fait que renforcer l'idée selon laquelle elle frappe la balle comme un homme. Au final cela lui confère une certaine cohérence plutôt bien vue par les médias. La grille de lecture est très différente dans le sport masculin. Le sport transforme les corps en masculin. [...]
[...] Les sportives sont donc confrontées à une double contrainte : maîtriser une gestualité sportive masculine tout en démontrant leur appartenance à la catégorie femme pour échapper au processus de stigmatisation. Ce choix, beaucoup de sportives sont amenées à le faire au cours de leur carrière. Certaines ont clairement privilégié leur féminité, ne supportant pas leur côté masculin. Ce fut le cas de l'athlète australienne Jana Rawlinson championne du monde du 400 mètres haies en 2003 et 2007. Elle souffrait d'avoir un corps trop masculin à son goût et se fit poser des implants mammaires. [...]
[...] Ces deux aspects touchent directement le haut niveau mais cela aura un impact direct sur le sport amateur et notamment la pratique sportive des jeunes. [...]
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