Quoi de commun a priori entre la pratique individuelle, synonyme de réussite personnelle qu'est par excellence le sport et le politique, gestion du collectif et peu préoccupé des triomphes personnels ? Pas grand chose si ce n'est l'extraordinaire capacité du politique à pouvoir tout englober, tout contrôler, tout passer à son propre prisme. Le sport ne fait pas exception tant au niveau national, comme instrument de socialisation et de discipline, qu'au niveau des compétitions internationales. Mais le sport a progressivement acquis une dimension économique et culturelle importante qui vient s'ajouter à la dimension politique et diplomatique majeure qu'il continue de véhiculer.
En quoi consistent donc les rapports entre sport et politique ?
[...] Choisir de ne pas participer, en d'autres termes boycotter est aussi un atout politique et diplomatique. L'absence d'une nation d'envergure a un tel événement est aussi un affront une insulte diplomatique à l'encontre de l'Etat organisateur, d'où les débats sur la présence des chefs d'Etat européen et américain à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Pékin en 2008. Un rôle encore majeur Le rôle de l'Etat est en diminution, mais le sport reste encore un trait majeur du cursus scolaire ou des activités extérieures, puisqu'il conserve cette capacité de socialisation et d'intégration de la discipline à laquelle doivent se plier les futurs citoyens. [...]
[...] Un enjeu politique et diplomatique encore majeur L'arme du boycott Participer a une compétition de grande envergure, c'est à nouveau fait preuve d'existence, d'autant plus si les athlètes triomphent. En dépit du coût d'envoyer une délégation et de l'entrainer malgré le peu de chances de la voir triompher, nombre d'Etats persistent à envoyer ne serait-ce que de faibles délégations. Cet acharnement coûteux n'est compréhensible que dans la mesure où la participation à un événement mondial, réunissant tous les Etats permet à un Etat d'exister, d'apparaître au travers de la moindre délégation, et ce, à égalité avec les plus grandes puissances. [...]
[...] Pour l'Etat organisateur, elle est aussi un atout diplomatique. Elle lui permet de recevoir ses alliés, ses adversaires et éventuellement de compter parmi les manquants ses ennemis affichés. Le boycott d'un Etat puissant est un signal très fort, une provocation majeure envoyée à l'organisateur. Le boycott des Jeux Olympiques de Moscou (1980) par les Américains, puis de ceux de Los Angeles (1984) par les Soviétiques était le signe d'une tension forte entre les deux superpuissances sur fond de guerre en Afghanistan. [...]
[...] Le triomphe des Aryens sert la propagande nazie et justifie son idéologie raciste. Elle peut aussi permettre à un Etat d'accéder par sa réussite particulièrement brillante à un statut plus important dans le cadre d'une compétition qu'il n'en dispose dans la sphère réalpoliticienne. La RDA, par son nombre considérable de médailles en 1988 à Séoul, notamment en gymnastique ou en football, allant jusqu'à dépasser celles du grand frère soviétiques, a su obtenir une reconnaissance internationale plus forte dans le cadre des compétitions sportives qu'elle n'en disposait dans la sphère géopolitique, même après son entrée à l'ONU en 1972. [...]
[...] Accueillir une compétition mondiale et a fortiori les Jeux Olympiques est tant pour une ville que pour un Etat un symbole fort d'existence, de puissance. Cela démontre sa capacité à organiser un tel événement, acquérant cette compétence, il prouve sa puissance et entre dans de pleins droits dans le camp des puissances qui comptent. Il s'agit d'une consécration, comme ce le fut pour la Chine en 2008. À l'inverse, des difficultés ou des incertitudes dans l'accueil des compétitions est perçu comme un échec, comme une puissance chancelante, incertaine, prématurée. [...]
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